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Fenêtres sur le passé

1897

Bousic et Bozec, vendeurs de viande avariée

Bousic et Bozec Tribunal.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 3 juillet 1897

 

Aimez-vous la viande fraîche ?

Oui, n'est-ce pas.

Alors, ne donnez pas votre clientèle à Jean Bousic.

 

Le 20 juin dernier, Jean Bousic, ancien garçon boucher — auquel l'entrée des abattoirs a été interdite — mettait en vente, à l'Annexion, de la viande à ce point corrompue, noire et puante, que des femmes auxquelles il l'avait offerte, s'écriaient que « quand bien même on les paierait pour prendre cette viande, elles n'en voudraient pas ».

 

Arrêté et conduit au commissariat de M. Toutain.

Jean Bousic avoua avoir acheté, au prix d'un franc, ce lot de viande pesant 5 kilos 500 ;

le vendeur avait pour nom François Bozec.

Sur le rapport de M. Pennors, inspecteur sanitaire, qui déclara cette viande absolument impropre à la consommation, Bousic et Bozec ont été traduits en police correctionnelle.

 

Le système de défense de Bousic ne manque pas d'originalité.

« De la viande gâtée, celle que je mettais en vente !

Ah ! bien, s'il fallait confisquer toute la viande tournée que l'on trouve à Brest, on aurait fort à faire.

Et puis, j'en ai mangé souvent, moi, de la viande gâtée, et jamais je n'ai été malade.

Après tout, de la viande que j'avais achetée à ce prix-là, et pour gagner quelques sous,

ce n'était pas de la viande pour les richards.

Alors, qu'est-ce qu'on peut me dire ? »

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Garçon boucher anonyme _06.jpg

 

M. le président a vertement tancé Bousic et lui a fait remarquer que s'il avait le droit de se nourrir d'aliments corrompus, il n'avait point celui d'empoisonner ses clients d’une part, et, d'autre part, a essayé de lui faire comprendre ce qu'il y avait d'odieux à vendre de la viande pourrie à des gens qui, justement parce qu'ils sont pauvres et obligés de travailler, ont besoin plus que tous autres d'une alimentation saine et substantielle.

 

Quant à François Bozec, il a prétendu n'avoir point su que son co-inculpé voulait mettre en vente la marchandise avariée qu'il lui avait cédée, et avait cru qu'elle était destinée à l'engrais des porcs ;

système qui n'a point prévalu auprès du tribunal, puisque Bozec a été condamné à cinquante francs d'amende, et Bouzic à dix jours de prison.

 

Le texte du jugement rendu contre ces deux bouchers peu scrupuleux sera affiché à leurs frais

aux halles Saint-Martin et Saint-Louis.

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© 2018 Patrick Milan. Créé avec Wix.com
 

Dernière mise à jour - Mars 2022
 

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