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Fenêtres sur le passé
1896
Tuée à coups de sabot à Rumengol

Source : La Dépêche de Brest 18 janvier 1896
Mocaër (Marie Anne), femme Saliou, 47 ans, cultivatrice à Rumengol, et son mari, Saliou (Jean), 46 ans, cultivateur, sont inculpés de coups et blessures volontaires.
On se rappelle cette affaire, qui eut en son temps un certain retentissement.
Le 12 septembre dernier, vers 4 h. 1/2 du soir, la femme Le Bot, du village de Kermoal, en Rumengol, conduisait
trois veaux à l'étable, quand l'un d'eux s'échappa et s'enfuit dans une dépendance de la ferme des époux Saliou.
Les femmes Le Bot et Saliou, dont les familles vivent depuis quelque vingt ans dans la plus complète mésintelligence, se prirent de querelle et en vinrent bientôt aux mains.
Saliou, qui se trouvait sur le seuil de sa porte, accourut à l'aide de sa femme et,
saisissant la femme Le Bot par les épaules, la jeta à terre.
La femme Saliou, se mettant alors à genoux sur la poitrine de cette dernière et la prenant par les cheveux,
lui cogna plusieurs fois la tête sur le sol, tandis que son mari lui portait de nombreux coups de pied.
La veuve Marhic, âgée de 73 ans, et la veuve Poulmarc'h,
mère et sœur de la femme Le Bot, survenant,
furent également malmenées par Saliou.
Bien qu'une enquête eût été ouverte, l'affaire semblait
ne pas comporter de suites judiciaires quand, le 14 octobre,
Le Bot informait la gendarmerie de Daoulas que l'état de sa femme, alitée depuis les coups qu'elle avait reçus des époux Saliou,
s'était subitement aggravé et qu'il craignait que ses jours
ne fussent menacés.
Le 18 novembre, la femme Le Bot mourait et le parquet, avisé,
se transporta sur les lieux, où le docteur Anner, médecin-légiste, procéda à l'autopsie du cadavre.
Dans son examen des diverses parties du corps, il constata
que des violences avaient bien été exercées sur la femme Le Bot, mais qu'elles n'avaient porté que sur la peau, aucune trace
de lésions organiques ne pouvant être relevée.
Étant donné l'état maladif de la femme Le Bot,
il conclut que les violences exercées sur la personne de la femme
Le Bot avaient peut-être pu hâter sa mort, mais non la provoquer.

Après l'audition de six témoins, le président interroge les inculpés, qui ment avoir frappé la femme Le Bot,
puis M. Chardon, substitut, ramène l'affaire à ses véritables proportions.
Pour lui, dit-il, ce ne sont point les coups portés par les époux Saliou qui ont entraîné directement
la mort de la femme Le Bot.
Aussi se borne-t-il à réclamer contre les deux inculpés l'article 311 du code pénal.
Les époux Saliou sont condamnés chacun à une amende de cinquante francs.