1896

Fenêtres sur le passé

Source : La Dépêche de Brest 28 décembre 1896

La question de savoir si, avec les modes actuelles, les dames peuvent continuer à conserver au théâtre leur chapeau,

a été souventes fois agitée.

Quelques habitués du théâtre de Brest viennent â ce sujet d'adresser à M. le maire la pétition suivante,

que nous reproduisons textuellement :

Brest, le 27 décembre. Monsieur le maire,

M. le maire de Marseille vient, à la demande d'un certain nombre d'abonnés du grand théâtre de cette ville,

de faire apposer dans les couloirs de cette salle une affiche invitant les dames à laisser leurs chapeaux au vestiaire.

Il s'est, d'autre part, engagé en séance du conseil municipal, à prendre un arrêté dans le même sens si les dames

ne se rendaient pas à son invitation.

Vous savez, monsieur le maire, les sérieux inconvénients que présente la tolérance jusqu'ici accordée

aux dames de conserver leurs chapeaux au théâtre et, à l'instar de votre collègue de Marseille,

nous venons vous prier de vouloir bien compléter votre règlement sur la police du théâtre en y ajoutant

un article additionnel faisant défense aux dames de conserver leurs chapeaux pendant les représentations.

D'autre part, monsieur le maire, un incident qui a déjà souvent eu lieu

s'est produit jeudi soir au parquet (côté droit),

pendant la représentation de la Périchole, entre deux spectateurs dont l'un,

situé devant l'autre, s'était assis sur un coussin, lui interceptant ainsi complètement

la vue de la scène.

Ne pourriez-vous pas non plus par la même occasion, monsieur le maire,

interdire aux dames, et à plus forte raison aux hommes, de s'asseoir sur les coussins

que leur louent les ouvreuses, lesquels sont exclusivement destinés

à être placés sous les pieds?

Confiants dans votre décision, nous vous prions d'agréer, monsieur le maire, l'assurance de nos sentiments respectueux et dévoués.

Des habitués du théâtre.