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Fenêtres sur le passé

1895

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Les grands travaux de la rade de Brest

Source : La Dépêche de Brest 21 janvier 1895

 

Les grands travaux de la rade

 

Nous racontions ces jours derniers l'explosion d'une grosse mine tirée à Plougastel sur le rivage de la mer

par MM. Beynel et Tessier, et nous disions que cette mine avait été tirée dans le but de se procurer des gros blocs pour la protection des digues en cours de construction dans notre rade.

 

Nous pensons aujourd'hui être agréable à nos lecteurs en leur donnant quelques renseignements

sur l'état d'avancement de ses travaux qui, malheureusement, ont dû être ralenti l'an dernier,

par suite de l'insuffisance des crédits mis à la disposition de l'administration du port, et par suite aussi

du règlement tardif de certaines questions relatives à la construction du musoir ouest de la jetée du large.

On sait que les digues dont il s'agit sont constituées par un soubassement en pierres de toutes grosseurs,

noyées à l'emplacement qu'elles doivent occuper par de gros porteurs à soupape et à vapeur

qui en immergent cinq cents tonnes d'un seul coup.

 

Ce soubassement, qui dans les grandes marées émerge, à mer basse, d'un mètre environ, atteint,

dans certains endroits, jusqu'à dix-huit mètres de hauteur et mesure à sa base près de quatre-vingt mètres de largeur.

 

C'est pour protéger le talus extérieur de ce soubassement que l'on ira à Plougastel chercher les gros blocs

que l'on trouvera dans la grosse mine tirée lundi.

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Sur ce soubassement, on dépose les énormes blocs de maçonnerie que l'on construit, à terre, à Lanninon,

et qui ne pèsent pas moins de 80,000 kilos.

 

Le transport et la mise en place de ces énormes masses se font

au moyen de deux chalands en tôle accouplés

et munis de puissants engins hydrauliques.

 

Brest-Les-Quatre-Pompes.jpg

Ces blocs sont pris sur leur chantier de construction à Lanninon par un « titan » hydraulique d'une puissance

de cent tonnes, amenés au-dessus d'un solide charriot en fer qui, par un plan incliné les descend à la mer. 

Un treuil énergique, du système Mégy, en modère la descente.

Ces blocs constituent la base de la jetée maçonnée, qui mesure neuf mètres de largeur à la base

et six mètres en tête, sur une hauteur totale de huit mètres.

 

Les percements extérieurs sont en granit de Laber ;

l'intérieur, en maçonnerie de moellon de l'arsenal et de ciment de Portland de Boulogne

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La petite digue des Quatre-Pompes est terminée,

sauf le dallage supérieur et son parapet, qui se fera cette année.

 

Sa longueur totale est de 210 mètres.

La grande digue du large qui, dans le projet primitif devait mesurer 2,100 mètres et avoir un retour de 500 mètres,

le port de commerce séparé par une passe de 400 mètres,

la grande digue du large ne se construit actuellement

que sur 1,500 mètres de longueur.

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Carrière Aber Ildut Laber.jpg

Carrière Aber Ildut Kerglonou

Son soubassement d'enrochement sera complètement achevé sous peu ;

il le serait depuis quelques mois déjà, si, comme nous l'avons dit plus haut, il n'avait pas fallu ralentir les travaux

par suite de l'insuffisance des crédits et désarmer l'un des porteurs de l'entreprise.

 

Les blocs maçonnés sont en place sur près de treize cents mètres de longueur et la maçonnerie jusqu'à hauteur

sur près de mille mètres.

Les fondations du musoir, qui en dessous du niveau des basses mers moyennes comportent plus de cent blocs maçonnés dont les poids individuels atteignent parfois cent mille kilogrammes,

ces fondations sont terminées depuis quelques jours.

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Qu'il nous soit permis d'espérer qu'il en sera ainsi, qu'il nous soit permis d'espérer surtout que le programme primitif sera complètement réalisé sous peu et qu'on ne laissera pas inachevée une œuvre qui, dans l'état actuel,

ne répond pas au but que l'on s'était proposé et qui, cependant, représenta bien des millions inutilement dépensés,

si l'on s'arrête à moitié chemin.

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Il nous reste encore à dire que les dragages avancent, que les terre-pleins de Lanninon se constituent rapidement, qu'ils représentent une surface dont on ne se faisait pas idée, mais dont on comprend l'utilité lorsqu'on a visité

notre port de guerre, où la place est si mesurée.

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L'entreprise y a travaillé jour et nuit.

 

On se dispose à poser au-dessus les blocs maçonnés formant

la base de cet important ouvrage appelé à recevoir un fort muni

de grosses pièces de canon battant le goulet.

Si rien ne vient arrêter les travaux pendant la nouvelle campagne,

il est probable qu'à la fin de cette année tout le gros œuvre sera terminé et qu'il ne restera plus pour 1896 que les parachèvements.
 

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