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Fenêtres sur le passé
1893
Tentative de vol la nuit
entre Bourg-Blanc et Lannilis

Source : La Dépêche de Brest 4 mai 1893
L'accusé Le Dars (Yves-Marie), âgé de 31 ans, journalier au Bourg-Blanc, a trois défauts :
il est ivrogne, paresseux et brutal, surtout quand il a bu ;
c'est l'information qui le dit.
Il n'a encore été condamné qu'une fois, à six jours de prison, pour bris de clôture, mais l'acte qu'il a commis
et qui l'amène sur le banc des assises suffit pour le classer dans un bon rang parmi les voleurs de grand chemin.
D'ailleurs, voici les faits :
Le 20 février 1893, vers cinq heures du soir, la nommée Anne Derrien, femme Miossec, commissionnaire à Lannilis, revenant de Brest, passait, avec sa voiture chargée de marchandises, au bourg de Gouesnou, lorsqu'elle fut accostée par un individu qui fit route avec elle et, pour la rassurer, lui dit qu'il n'était « ni méchant, ni voleur ».
Il la suivit jusqu'au Bourg-Blanc, où il l'aida à décharger son baril et resta en compagnie d'un sieur Le Gall.
Trois quarts d'heure après, le même individu la rejoignit au lieu-dit
« Kerdallé », sur la route du Bourg-Blanc à Lannilis,
et saisit brusquement les guides de son cheval, lui demandant
« la bourse ou la vie ! », puis, sur l'observation qu'elle lui fit
qu'il n'était pas possible qu’il cherchât à l'arrêter,
il se jeta sur les brancards et tenta de monter dans la voiture.
Cependant, la femme Miossec, ne perdant ni son sang-froid,
ni son temps, le frappa à coups de fouet, cria au secours
et fit tomber son béret.

Tandis qu'il le ramassait, elle fouetta son cheval, qui prit le trot, et son agresseur disparut.
Sur le signalement qu'elle donna de lui, les soupçons se portèrent sur Le Dars,
qui fut recherché et arrêté le 23 du même mois.
Interrogé aussitôt par la gendarmerie, il reconnut avoir fait route, avec la femme Miossec, de Gouesnou au Bourg Blanc, mais prétendit qu'il était demeuré complètement étranger à l'attaque
dont elle avait été l'objet et s'efforça d'invoquer un alibi.
Mis en demeure de le justifier, il fut pris tout à coup
d'un tremblement et renonça à son système de dénégations.

Dès lors il ne contesta plus le fait dénoncé et les circonstances qui l'avaient accompagné, se bornant à en atténuer
la gravité, en disant
« qu'il voulait seulement obtenir quelques sous de la veuve Miossec et qu'il ne voulait pas la voler tout à fait »,
ajoutant qu'il était depuis quelque temps sans travail et dans le besoin.
Ministère public, M. Labordette ;
défenseur, Me Méheust.
Le Dars renouvelle ses aveux à l'audience.
M. le substitut Labordette réclame une condamnation, sans s'opposer aux circonstances atténuantes.
Me Méheust prononce une plaidoirie très concise et demande l'acquittement de son client.
Le jury rend un verdict affirmatif de culpabilité, avec admission de circonstances atténuantes.
En conséquence, Dars est condamné à trois ans de prison.