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Fenêtres sur le passé

1893

La situation sanitaire à Brest

 

Source : La Dépêche de Brest 14 septembre 1893

 

M. Martin-Durr, interne des hôpitaux du Paris, envoyé dans le Finistère par le ministère du l'intérieur pour faire une enquête sur la situation sanitaire, est arrivé avant-hier matin à Brest.

 

Dans la journée d'avant-hier, accompagné de MM. Sanquer et Anner, adjoints au maire, et de M. Guibaud, commissaire de police, M. Martin-Durr a visité différents quartiers de la ville.

Hier, il a visité Kérinou, Lambézellec, Guipavas, Saint-Marc et Saint-Pierre Quilbignon.

 

M. Martin-Durr quittera Brest ce matin par le train de 8 h. 30, se rendant à Quimper, d'où il se rendra à Douarnenez, puis à Camaret.

 

Il est bon de faire remarquer que cette visite a surtout un caractère administratif.

Elle n'implique pas une aggravation de la situation sanitaire qui, au contraire, s'est sensiblement améliorée.

Ce n'est plus maintenant qu'une affaire de bonne hygiène.

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Nous croyons donc être utile à nos lecteurs en leur indiquant, d'après le comité consultatif d'hygiène, les mesures à prendre pour éloigner définitivement tout danger.

Ces mesures sont les suivantes :

 

Suivre une hygiène sévère.

 

Éviter toutes les causes de fatigue ; les refroidissements, surtout lorsque le corps est en sueur ; les excès de toute nature, de vin, de liqueurs alcooliques ; l'usage exagéré du l'eau glacée.

S'abstenir de fruits verts, de crudités.

L’eau potable doit être l'objet d'une attention toute particulière ; elle devra être bouillie si son origine inspire des doutes.

Les eaux minérales naturelles, dites eaux de table, sont recommandées.

 

Voilà pour la prophylaxie personnelle.

Passons maintenant aux soins à donner aux malades :

Le malade doit être isolé et tenu dans un état constant de propreté.

Les personnes appelées à lui donner des soins pénètrent seules près du lui.

Elles s'astreignent aux règles suivantes :

Ne prendre aucune boisson ni aucune nourriture dans la chambre du malade ; ne jamais manger sans s'être lavé les mains avec du savon et une solution désinfectante ; se laver fréquemment la figure avec une solution désinfectante ; se rincer la bouche de temps en temps et avant de manger avec une solution désinfectante.

 

Les désinfectants principalement recommandés sont le sulfate de cuivre, le lait de chaux, fraîchement préparé,

et le sublimé. (*)

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La chambre du malade ne doit pas être l'objet du moins de soins.

Les rideaux, tentures, tapis et tous les meubles qui ne sont pas indispensables, doivent être enlevés.

Le lit doit être placé au milieu de la pièce, que l'on devra aérer plusieurs fois par jour.

 

Les déjections (matières fécales et vomissements) doivent être immédiatement désinfectées et jetées dans les cabinets, qui doivent être également désinfectés deux fois par jour, ainsi que les éviers et les ordures ménagères.

 

Les mêmes précautions doivent être prises pour les linges souillés ou non souillés, les habits, les tapis, les meubles, etc., etc.

 

Enfin, en cas de décès, la déclaration doit en être faite immédiatement à la mairie et la chambre où est mort le malade ne doit être habitée qu'après désinfection complète et une ventilation d'au moins vingt-quatre heures.

 

Telles sont, en résumé, les instructions adoptées par le comité consultatif d'hygiène publique de France.

D'une pratique fort simple, elles suffisent, la plupart du temps, à enrayer la maladie.

 

(*) - Le sublimé corrosif, aussi appelé chlorure de mercure, était une substance principalement utilisé de façon topique comme antiseptique.

En effet, son utilisation avait pour objectif de prévenir la putréfaction grâce à ses propriétés caustiques.

Par contre, il s’agit d’une substance très toxique.

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