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Fenêtres sur le passé

1893

La baleine d'Ouessant

La baleine d'ouessant.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 21 mars 1893

 

On se rappelle qu'une baleine énorme échouée, il y a quelque temps, sur la côte d'Ouessant,

a été vendue 2,700 et quelques francs à trois industriels de notre ville.

 

Nous croyons devoir donner à ce sujet quelques renseignements susceptibles d'intéresser nos lecteurs.

 

Cette baleine avait été aperçue quelques jours avant au large d'Ouessant, où il en existe encore d'autres,

lorsque l'on apprit tout à coup qu'elle était échouée dans une crique située à l'Ouest de la partie de l'île,

un peu plus loin que le phare.

 

La côte dans cette partie est presque à pic, et le sol est à une grande hauteur de la mer ;

les abords sont hérissés d’écueils presque infranchissables.

D’ailleurs, le vent d’ouest, qui sévit presque constamment, rend la mer toujours démontée de ce côté ;

c'est, sans doute, sous l'impulsion de ces éléments que la baleine est venue à la côte, la tête la première.

 

Diverses ont personnes ont pu supposer qu'elle était morte avant ce moment, mais elle ne devait être que blessée

à en juger par les dégâts qu'elle a occasionnés autour d'elle ;

en se sentant atterrir, sans doute prise d'un regain de vitalité, elle aura énergiquement fouetté de sa queue

les rochers d’alentour qui, tous à sa portée ont été broyés dans leur partie supérieure

et dans d'assez fortes proportions ;

l’agonie du monstre a dû être terrible.

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Baleine échouée.jpg

 

Ajoutons que la blessure de la baleine consistait en une plaie béante, assez profonde,

de la largeur d'une futaille environ ;

on croit qu'elle a dû être occasionnée par le heurt, dans la mer, d'une torpille perdue entre deux eaux ;

aucune trace de harpon ni d'engin destructeur bien caractérisée n'a été reconnue.

 

La baleine, un mâle de la plus grande taille, mesurait 33 mètres de long sur 6 de hauteur.

Si les vents d'ouest avaient continué de sévir, les acheteurs eussent tout perdu,

car les éléments seraient vite venus à bout de tout déchiqueter et disperser.

Mais les vents d'est ont amené le calme et l'on a mis vite ce temps à profit.

Douze hommes ont été débarqués sur la baleine à l'aide de palans et de cordes et ils ont commencé à dépecer

le poisson à l'aide d'instruments tranchants.

Des mannes remplies de morceaux enlevaient consécutivement tout ce qui était fait.

On a ainsi emporté environ 133,000 kil. de chair, qui ont été vendus 15 à 16,000 fr. à un industriel nantais,

qui en a fait l'acquisition pour la fonte et en extraire l'huile.

Ces chairs sont venues au port de commerce dans des navires et l'odeur en était encore bonne.

 

La carcasse doit être cédée au muséum ou à des industriels qui doivent l'utiliser comme pièce anatomique, etc.

Les fanons pesaient plus de 200 kil. et l'une des épaules atteignait plus de 700 kil , ainsi qu'on a pu le voir

au port de commerce où ils ont été débarqués, pour être dirigés sur les magasins de M. Lebeurier, à Kérinou,

où il va être procédé au nettoyage des pièces.

 

Les industriels qui ont entrepris cette affaire ont retiré 5 à 6,000 fr. de bénéfice total de cette affaire,

qui a été favorisée par un heureux concours de circonstances.

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