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Fenêtres sur le passé

1892

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Condamnation du corps des vétérans torpilleurs

Tous ceux qui ont mis la main à la pâte, qui ont étudié sur place la défense des ports,

au lieu de la régler de leur fauteuil à Paris, ont regretté cette mesure.

 

Le corps des vétérans-torpilleurs constituait un personnel d'élite qu'on ne remplacera jamais complètement.

 

Pour être vétéran-torpilleur, il fallait être :

 

1° Torpilleur, c'est-à-dire familier avec l'usage des matières explosives et la manœuvre des torpilles ;

 

2° Marin — très marin, — la manœuvre des embarcations étant fort délicate et dangereuse

pour le mouillage des engins ;

 

3° Électricien. Les vétérans torpilleurs étaient des praticiens en électricité hors ligne ;

 

4° Être des marins pratiques du pays.

Il fallait connaître son Goulet de Brest dans ses plus minces détails avec tous les caprices des courants.

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Source : La Dépêche de Brest 20 août 1892

 

Auteur : Contre-amiral Réveillère,

Ancien directeur des défenses sous-marines à Brest.

 

L'arrêté provisoire du 25 février 92 portant réorganisation du personnel

des défenses fixes a condamné le corps des vétérans-torpilleurs

et mécaniciens-torpilleurs à disparaître par extinction,

les vacances étant au fur et à mesure comblées par le personnel de la flotte.

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Contre Amiral Réveillère

Les vétérans-mécaniciens-torpilleurs devaient être :

1° Mécaniciens ;

2° Torpilleurs ;

3° Électriciens.

 

Quiconque a eu affaire aux vétérans-mécaniciens-torpilleurs

a toujours été profondément frappé par l'étendue

de leurs connaissances pratiques et a reconnu en eux

des hommes d'une incontestable valeur.

 

Algesiras école torpilleurs 1.jpg

Le personnel des vétérans, torpilleurs ou mécaniciens, constituait donc un personnel absolument d'élite.

 

On l'a supprimé en principe, je crois pouvoir dire ;

malgré les ports et remplacé par le personnel des équipages de la flotte.

 

Ce dernier personnel figure sur un rôle à la mer et reçoit des vivres et le traitement de table ;

c'est, tant au point de vue de la solde d'activité que de la pension de retraite, un avantage considérable

— avantage d'ailleurs pleinement justifié par l'exercice de fonctions délicates et la responsabilité

d'un matériel soit dangereux à manier, soit coûteux.

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Or, si nous consultons les tarifs de solde, nous constatons

qu'un premier-maître vétéran torpilleur touche par mois 147 fr. 32 et un premier-maître de la flotte 168 fr.

auxquels il faut ajouter les vivres et les frais de table.

 

La différence est encore plus marquée pour les mécaniciens :

tandis qu'un premier-maître mécanicien-torpilleur-vétéran

touche 187 fr. 45,

un premier-maître mécanicien de la flotte touche, dans les mêmes conditions de temps de service, 312 fr.,

et en plus la ration et les frais de table.

 

Algesiras école torpilleurs 3.jpg

Nous appelons l'attention sur ce fait :

Qu'un premier maître vétéran disparaisse, le lendemain il sera remplacé par un premier-maître du service actif

auquel il faudra bien payer la solde qui lui revient ?

 

Il est indéniable que, comme services rendus et comme valeur technique,

les vétérans sont les égaux des officiers-mariniers des équipages ;

ils ont de plus sur eux l'avantage de la pratique et de la routine du terrain.

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Pourquoi ne jouissent-ils pas des mêmes avantages,

puisqu'ils remplissent les mêmes fonctions ?

 

Peut-on logiquement admettre que le premier-maître

mécanicien-vétéran-torpilleur, chef de l'atelier de la défense fixe, soit moins payé que les seconds-maîtres mécaniciens

de la flotte placés sous ses ordres ?

 

Et, dans ce cas, il s'agit précisément à Brest d'un serviteur

hors ligne dont j'ai pu constater moi-même les qualités solides

et la grande valeur pratique.

 

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Soit comme marins, soit comme mécaniciens, le personnel des vétérans-torpilleurs mérite toute estime.

 

Il paraît donc de toute équité que la réintégration dans le personnel des équipages de la flotte soit un droit

pour les vétérans, pour ceux du moins qui en seront reconnus dignes par les conseils d'avancement,

sans limitation du nombre.

 

Espérons que la commission du budget voudra bien le comprendre.

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