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Fenêtres sur le passé

1892

Incendie à l'épicerie Mercier rue de Siam à Brest

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Source : La Dépêche de Brest 27 novembre 1892

 

Hier soir, vers huit heures, alors que la rue de Siam était sillonnée par les nombreuses voitures conduisant les invités au bal de l'Orphéon brestois, qui avait lieu à la salle de Venise, un incendie, qui aurait pu avoir de très graves conséquences, éclatait dans les caves de l'épicerie Mercier, rue de Siam, n° 89.

 

Ces caves, qui contiennent, dit-on, plus de 6,000 litres d'alcool et de nombreuses liqueurs,

donnent sur le n° 8 de la rue Kléber.

 

À huit heures moins quelques minutes, un garçon de cave de la maison Mercier, occupé à transporter des bouteilles de cognac d'une cave dans une autre, laissa tomber une de ces bouteilles, qu'il tenait entre ses bras.

La bouteille se brisa, et le liquide se répandit sur le sol.

 

Il y avait malheureusement sur le plancher un bout de bougie allumée.

Le feu se communiqua aussitôt au liquide, gagna en peu de temps toutes les caves, et les flammes, activées par les courants d'air, ne tardèrent pas à jaillir des soupiraux, causant une vive panique.

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Dès la première alarme, l'adjudant des pompiers de la ville, M. Merle, qui habite au n° 87 de la rue de Siam,

accourut et, après s'être rendu compte de la gravité de l'incendie,

envoya immédiatement chercher la pompe de la halle aux blés.

 

M. Le Jeune, lieutenant des pompiers, arrivait en même temps.

Il faisait aussitôt fermer la devanture de l'épicerie pour empêcher les courants d'air et, en attendant l'arrivée du capitaine Le Gras, prenait la direction des secours, qui ne tardaient pas à arriver.

 

Le préfet maritime, prévenu, envoyait les canotiers de la préfecture et les hommes du poste avec une pompe et une très longue échelle qu'on appliquait contre la maison Mercier.

 

Les fontainiers, les pompiers du poste de la mairie, la gendarmerie et des détachements du 19e, du 2e et du 15e bataillon d'artillerie de forteresse, ainsi que les pompes des autres postes de la ville, arrivent ensuite, successivement, et l'on combat activement le feu.

 

Le brigadier de police Michas, arrivé un des premiers, avec une dizaine d'agents, invite M. Mercier à emporter sa caisse et ses livres de commerce, qui sont transportés de suite au débit de tabac de Mme Mével.

 

Entre temps, les habitants de la maison incendiée, qui a quatre étages, quittaient leur domicile et se réfugiaient dans les maisons voisines.

 

Il fallait tout d'abord empêcher que le feu ne prît de l'extension en embrasant le plancher de l'épicerie.

Grâce aux efforts des pompiers dirigés par le capitaine Le Gras et vaillamment secondés par les troupes et un grand nombre de personnes faisant la chaîne, le danger a pu être conjuré.

 

Une heureuse circonstance a également concouru à empêcher la propagation de l'incendie.

Sous la chaleur intense se dé gageant des caves en feu, le plafond s'est écroulé par places et les plâtras ont fortement contribué à éteindre le feu.

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Pendant que l'on inondait les caves, le capitaine des pompiers du port et MM. Lejeune, Passerat et Merle, essaient de pénétrer au 1er étage de la rue Kléber pour voir s'il n'existe aucun danger ;

mais, de ce côté-là, la fumée était tellement intense, qu'ils ont failli être asphyxiés.

 

L'adjudant Merle, en enfonçant à coups de hache une des fenêtres de l'arrière-magasin, a été assez grièvement blessé à la main droite par un éclat de verre.

 

Enfin, après une heure et demie de travail, on est à peu près maître du feu.

Les clairons sonnent le ralliement, mais de nombreux cris :

«  La chaîne ! La chaîne ! » Se font entendre.

On pompe de plus belle et, quelques instants après, tout danger était définitivement écarté.

 

Remarqué sur les lieux : MM. Delobeau, maire de Brest ;

Cothereau, sous-préfet ;

Sanquer, Berger, Anner et Pivert, adjoints au maire ;

un aide de camp envoyé par l'amiral de la Jaille, retenu à la préfecture par le dîner offert aux Russes ; le directeur des mouvements du port, qui avait fait préparer les pompes à vapeur de l'arsenal ; le colonel Frayssineau, les colonels Lacroix, du 6e et Thomasset, du 2e ; un grand nombre d'officiers de la marine et de la guerre, MM. Guibaud et Gudin, commissaires de police, etc., etc.

 

Nous avons dit qu'une foule de personnes dévouées avaient participé à l'organisation des secours.

Citer des noms serait s'exposer à des omissions regrettables.

Bornons-nous donc à constater en bloc le dévouement de tous, pompiers, fontainiers, marins, militaires et civils,

 

À dix heures, tout était à peu près terminé.

Cependant, par mesure de précaution, une pompe et plusieurs pompiers sont restés en permanence

dans la rue Kléber.

Une autre pompe a été également laissée dans la rue de Siam.

 

Les dégâts causés par cet incendie, qui avait attiré une foule compacte dans la rue de Siam et dans les rues avoisinantes, sont, paraît-il, assez considérables.

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Source : La Dépêche de Brest 28 novembre 1892

 

Une foule de curieux, croyant voir les caves de la maison Mercier,

s'est rendue toute la journée d'hier dans la rue Kléber.

Mais leur curiosité n'a pas été satisfaite, car les portes des caves étaient fermées à l'aide de deux fortes planches fixées sur toute la longueur de la devanture.

 

Les poutres et la porte vitrée donnant sur la rue Kléber sont fort endommagées par le feu.

 

La cave la plus rapprochée de la rue Kléber est dans un triste état.

Çà et là gisent pêle-mêle des quantités de bouteilles brisées. 

Une grande quantité de marchandises a été abîmée par les torrents d'eau qu'il a fallu jeter sur le brasier.

 

Pendant toute la journée d'hier, des employés ont été occupés à réparer les dégâts causés par l'incendie dans les magasins. 

M. Mercier, qui est, dit-on, assuré à la compagnie d'assurances l'Aigle pour 60,000 francs, ne peut encore estimer la perte qu'il éprouve.

On parle cependant de plusieurs milliers de francs.

 

Nous avons cité hier M. Merle, adjudant des pompiers de la ville, qui a été blessé à la main.

Un caporal clairon du 2e de marine, M. Cassus-Soulaned, a été également blessé à la main droite par un morceau de verre, alors qu'il enfonçait les portes des magasins de décharge de la rue Kléber.

Sa blessure est heureusement sans gravité.

 

Notons également le dévouement de M. Lorentz, tailleur, qui a pénétré au 1er étage,

malgré l'intense fumée qui s'en dégageait.

 

Ajoutons enfin que la première pompe mise en batterie, rue Kléber, l'a été par les soins de M. Coquel,

sergent-fourrier de la compagnie des pompiers de la ville, et que M. Renault, commissaire central, est arrivé un des premiers sur les lieux.

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