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Fenêtres sur le passé
1892
La colombophilie maritime
Source : La Dépêche de Brest 25 avril 1892
L'organisation des pigeonniers maritimes dans les ports et dans certains postes sémaphoriques de la côte
date de trois ans à peine et l’on peut déjà apprécier les services que leurs petits pensionnaires
peuvent rendre en temps de guerre.
Pour la marine, plus encore que pour les troupes de terre, le pigeon voyageur est une nécessité ;
on peut supposer que quelque difficiles que soient les communications d'une armée bloquée avec le reste du pays, quelque homme courageux pourra forcer les lignes d'investissement, en mer il n'en est pas de même ;
dès que le navire s'est éloigné de la côte, à une distance telle qu'il ne peut plus apercevoir les signaux faits à terre, toute communication est interrompue ;
il est livré à lui-même.
Cependant, on comprend tout l'intérêt que peut avoir la transmission de la nouvelle de la marche d'une force navale ennemie que peut découvrir un bâtiment autonome éloigné des côtes.
Ce bâtiment, pour signaler sa découverte, devra revenir vers la terre et par suite perdre de vue l'ennemi, sans pouvoir continuer ses recherches et sa reconnaissance sur la route suivie, sur sa force et sa composition.
Avec le pigeon voyageur, la terre peut être avertie dans un temps certainement plus rapide que ne pourrait le faire le bâtiment en question.
De nombreuses expériences ont été faites le 6 septembre 1890,
19 pigeons du colombier installé à l'école des mécaniciens de Brest étaient embarqués sur le Magon et lâchés à 150 kilomètres en mer, en vue d'Ouessant ; en moins de sept heures, 17 de ces pigeons étaient rentrés au colombier ;
ils avaient accompli leur parcours avec une vitesse moyenne d'un kilomètre environ par minute.
À Toulon, c’est à bord du Saint-Louis que fut organisé en premier lieu un colombier, et l’on a pu constater ce fait,
fort intéressant à savoir, que les pensionnaires du Saint-Louis n'étaient pas déroutés par suite des évolutions
de ce bâtiment et retrouvaient toujours leur habitation flottante.
Le problème des communications aériennes par pigeon se trouve donc résolu dans les deux sens :
soit communication d'un navire avec la terre, soit de la terre avec un navire.
Jusqu'aux expériences faites avec les pigeons du Saint-Louis, on avait cru que ces volatiles s'orientaient
sur un point fixe ; leur instinct leur permet de retrouver le bâtiment en marche.
Les expériences faites à cet égard ne sont pas assez nombreuses.
Le Saint-Louis n'effectue pas de longs voyages et l'on ne saurait encore déterminer jusqu'à quelle distance le pigeon peut retrouver le navire sur lequel est son pigeonnier.
Cette étude présenterait un intérêt tout particulier, et si l'on arrivait, par des essais successifs et un entraînement méthodique des pigeons, à un résultat certain, on aurait fait un grand pas vers la réalisation du problème des communications à grande distance.
Source : La Dépêche de Brest 22 juillet 1892