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Fenêtres sur le passé
1892
L'amatelotage

Source : La Dépêche de Brest 25 février 1892
La presse s’est souvent élevée contre la façon
dont sont traitées les troupes sur les transports de l’État ;
les plaintes avaient trouvé un écho au Parlement,
et M. Guillemet, député de la Vendée, devait adresser
une question à ce sujet au ministre de la marine ;
la crise ministérielle a empêché le ministre de donner
toutes les explications que la situation exigeait.
Toutefois, qui intéresse de trop près la santé des hommes
des troupes de la marine pour ne pas fournir
quelques renseignements à ce sujet.
Lorsque des troupes sont embarquées sur un transport,
on amatelote les hommes, c'est à-dire qu'on les répartit
en bordées de quart, comme les hommes de l'équipage ;
cette mesure avait pour but de les coucher à tour de rôle
dans les hamacs de la batterie ;
une bordée se couchait, tandis que l'autre restait sur le pont,
ce qui permettait de n'avoir qu'un hamac pour deux hommes.
La place restreinte dont on dispose à bord des transports nécessitait une telle mesure qui, on doit le reconnaitre,
n'était pas sans causer de préjudice à la santé des hommes.
M. de Lanessan, gouverneur général de l'Indo-Chine , signala,
dans une lettre du 10 septembre dernier,
cette situation au ministre de la marine
et indiqua différentes mesures destinées à l'améliorer
La première des demandes du gouverneur général concernait
la création d'un stock de hamacs à Saïgon pour permettre
d'en délivrer aux transports pendant le voyage d'aller
et retour de Cochinchine au Tonkin.
En second lieu, M. de Lanessan proposait la suppression
du service de quart auquel sont actuellement astreintes
les troupes passagères.
L'adoption de cette deuxième proposition devait produire
un excellent résultat au point de vue de la santé des militaires, peu habitués aux fatigues de la mer, et elle devait avoir
pour conséquence d'empêcher l’amatelotage
des passagers rationnaires.
Ces propositions ont, dès le 24 décembre dernier,
reçu un commencement d'exécution ;
c'est-à-dire qu'à cette date le ministre prescrivait
les mesures suivantes :
1 - Utiliser aussi complètement que possible,
tout en respectant les règles de l'hygiène, la totalité des emplacements qui jusqu'alors n’avaient pas reçu de hamacs
pour des considérations de commodité ou de confort ;
2 - N'attribuer qu'un seul poste de couchage
pour deux nommes de l'équipage ;
ces derniers devaient pas moins conserver chacun un hamac ; mais, comme cela se fait fréquemment à bord
des petits bâtiments, celui du marin de quart serait suspendu par ses deux boucles au même croc et n'empêcherait pas ainsi
le matelot de l'autre bordée d'établir le sien.
Cette dernière mesure avait pour but de compenser
les dispositions préconisées par M. de Lanessan,
qui devaient entrainer une réduction de 50 % sur le chiffre
des passagers des deux dernières catégories.
En agissant autrement, les dépenses occasionnées
par les voyages des transports de l'État en eussent
été considérablement augmentées et n'auraient plus été
en rapport avec le nombre des passagers expédiés.
Toutefois, ces mesures ne doivent être que transitoires,
et le ministre donna l'ordre de charger
M. le capitaine de frégate Le Moine (*), qui devait effectuer
le plus prochain voyage de l’Indo Chine, d'étudier la question
en vue de se conformer aussi strictement que possible
aux desiderata exprimés par le gouverneur général.
En même temps, M. Barbey décidait de constituer à Saïgon
un stock de mille hamacs afin que les transports puissent,
à leur arrivée dans la colonie, en prendre pour les stationnaires destinés au Tonkin et pour ceux qu'ils embarqueront
à la baie d'Along.
Ce stock de mille hamacs a été chargé à bord de la Nive,
qui a quitté Toulon le 15 de ce mois.
Avant son départ, le commandant avait adressé un rapport
au ministre sur la suppression de l’amatelotage,
à la suite duquel il a été invité à faire assurer l'application
des mesures dont nous avons parlé plus haut,
en même temps qu'il étudiera avec le plus grand soin les moyens les plus appropriés à la circonstance.
Il devra, en outre remettre à son retour un rapport spécial,
dans lequel il devra indiquer non seulement la solution
qu'il jugera préférable, mais encore présenter toutes
les combinaisons qu'il aura examinées en exposant les avantages et les inconvénients de chacune d'elles.

M. Guillemet
député de la Vendée

M. Jean Marie de Lanessan
École de médecine navale de Rochefort
Ministre de la Marine
22 juin 1899 - 7 juin 1902
Gouverneur général de l'Indochine
juin 1891 - 31 décembre 1894
Portrait par Mascré-Souville,
Musée du quai Branly.

U.S.S. Massachusetts, on the berth deck
Contributor Hart, Edward H., photographer
Detroit Publishing Co., publisher
[between 1896 and 1901]
Library of Congress Prints and Photographs Division
Washington, D.C. 20540 USA

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Contributor Hart, Edward H., photographer
Detroit Publishing Co., publisher
[between 1896 and 1901]
Library of Congress Prints and Photographs Division
Washington, D.C. 20540 USA

(*) Par décision présidentielle en date du 9 janvier 1892,
rendue sur la proposition du ministre de la marine,
M. le capitaine de frégate Le Moine (Frédéric-Ange) a été nommé au commandement du transport de 1ère classe l'Annamite, à Toulon.
