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Fenêtres sur le passé

1891

Un mois de brèves d'ivresse

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Source : La Dépêche de Brest 8 février 1891

 

Quitte pour un bain.

 

Avant-hier soir, vers neuf heures, le capitaine du navire Ernest, après avoir bu quelques bonnes rasades,

se rendait à son bord, au premier bassin du port de commerce, lorsque, voulant saisir les haubans,

il est tombé entre le bord et le quai.

 

L'eau se trouvant à point pour amortir sa chute et n'étant pas assez profonde pour le noyer,

il en a été quitte pour un bain.

 

Il est remonté à bord, au moyen d'une échelle qu'un de ses matelots lui a posée.

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Source : La Dépêche de Brest 10 février 1891

 

Charmante enfant.

 

Une jeune fille, paraissant n'avoir pas plus de dix-huit ans, déambulait hier matin, vers onze heures,

sur le quai de l'Ouest du port de commerce, dans un état d'ivresse achevé.

 

Un moment, cette charmante enfant, que suivait une bande de gamins,

côtoyait le quai de si près qu'elle serait infailliblement tombée à l'eau sans le préposé des douanes Morvan,

qui la retint et la pria d'aller se reposer au long du parapet.

 

Elle s'y allongea en effet, mais des agents ne tardèrent pas à la tirer de sa torpeur pour la conduire au poste.

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Source : La Dépêche de Brest 10 février 1891

 

Mort mystérieuse.

 

Hier matin, vers six heures, le nommé Le Corre (Jean), cordonnier, pensionnaire de Mme Le Goff,

débitante et logeuse, rue Kéravel, n° 15, voulut réveiller le nommé Saux (Jacques), manœuvre chez M. Jourde, entrepreneur, qui était rentré vers une heure du matin dans un état d'ivresse assez complet.

 

Après l'avoir secoué durant quelques instants, il s'aperçut qu'il était mort.

 

M. Le Corre en avisa aussitôt Mme Le Goff,

qui fit immédiatement prévenir M. le commissaire de police

du 2e arrondissement.

 

Ce magistrat se rendit sur les lieux, accompagné

du docteur Miorcec et, après avoir procédé aux constatations légales, il se livra à une enquête pour rechercher

les causes de la mort.

 

D'après les dires de deux des pensionnaires de Mme Le Goff, Saux serait arrivé à son domicile à une heure assez avancée

de la nuit, poursuivi par deux individus.

 

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Entendant du bruit, un de ces pensionnaires, le sieur Le Berre (Laurent), boulanger, quitta son lit et vint en chemise dans l'entrée pour se rendre compte de ce qui se passait.

 

A son arrivée, il vit deux individus prendre la fuite.

 

Il n'y attacha pas d'autre importance et se borna à aider Saux, qui était ivre, à regagner son lit.

 

Saux lui raconta alors que deux individus l'avaient roué de coups, mais qu'il en avait donné sa part.

 

Le corps a été transporté dans un cadre à l'hospice civil, où il sera procédé à une autopsie.

 

De l'examen sommaire auquel s'est livré le docteur Miorcec, la mort serait due à des lésions internes.

Saux avait, en outre, une légère égratignure au menton et une ecchymose au-dessus de l'œil gauche.

De plus, son pantalon était couvert de boue aux genoux.

Toutes ces particularités semblent démontrer qu'il y a dû avoir lutte entre Saux et les deux individus 

dont parle Le Berre.

 

L'enquête continue.

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Source : La Dépêche de Brest 12 février 1891

 

Mort mystérieuse expliquée.

 

L'enquête ouverte par le parquet pour rechercher les causes de la mort du nommé Jacques Saux, âgé de 30 ans, manœuvre chez M. Jourde, entrepreneur, est terminée, et a démontré que cette mort n'était pas aussi mystérieuse qu'elle semblait tout d'abord.

 

Après un examen minutieux, le docteur Miorcec a déclaré que la mort était due

à une congestion cérébrale occasionnée par l'alcool.

 

Étant donnés les résultats de cet examen,

l'autopsie n'a pas paru nécessaire au parquet et le permis d'inhumer a été délivré.

 

Les obsèques de Saux ont eu lieu hier matin, à onze heures, à la chapelle de l'hospice civil.

Après la cérémonie religieuse, le convoi s'est dirigé vers le cimetière de Kerfautras, où a eu lieu l'inhumation.

Saux, qui était originaire de Trégunc, était marié et père de deux enfants.

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Source : La Dépêche de Brest 10 février 1891

 

Un débit consigné.

 

On n'a pas oublié les rixes entre civils et militaires qui se sont produites ces derniers temps entre militaires et civils dans le débit tenu par M. Legall, rue Kléber, 25.

La gendarmerie départementale a été chargée de veiller à l'exécution de cet ordre.

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À la suite de plaintes réitérées de M. le sous-intendant militaire

de Brest et en vertu de l'article 116 du règlement sur le service

des places, M. le colonel de Longuemar, du 19e régiment de ligne, commandant d'armes a, dans l'intérêt de la discipline,

consigné à toutes les troupes de la garnison le débit tenu

par le sieur Legall, à dater de ce jour.

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Source : La Dépêche de Brest 14 février 1891

 

Le Moal (Marie), qui a un casier judiciaire orné de 45 condamnations pour ivresse, — excusez du peu, —

s'en voit ensuite infliger une 46ème à deux mois de prison.

 

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Source : La Dépêche de Brest 14 février 1891

 

Marie-Clémentine Le Moigne, femme Scouarnec, a, elle aussi, un casier judiciaire des plus riches. 

Elle a commis une fois de plus le même délit que Le Moal et s'entend condamner à la même peine.

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Source : La Dépêche de Brest 17 février 1891

 

Un pochard insolent.

 

Hier soir, vers cinq heures, un rassemblement commençait

à se former au carrefour situé à l'avancée de la rue Duguesclin.

 

Un individu, mal vêtu, la figure boursouflée et

dans un état complet d'ivresse, insultait grossièrement les militaires

du 19e régiment d'infanterie casernés à Fautras.

 

Ces derniers ne firent d'abord pas attention aux insultes

dont on les abreuvait.

 

Mais la patience a des limites.

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L'adjudant de service à cette caserne, voyant que l'individu joignait à ses paroles des gestes menaçants

et voulait en venir aux mains avec les militaires, fit arrêter notre pochard qui n'a pu être conduit au poste de la mairie qu'avec le concours de deux hommes de garde.

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Source : La Dépêche de Brest 17 février 1891

 

Kerfeunteun.

 

La femme Laurent, de Kerfeunteun, est porteuse de son état ;

du moins, c'est elle qui le dit, car ses voisins prétendent qu'elle passe son temps dans les débits de boissons.

 

Samedi, la femme Cuzon, de Quéménéven, avait acheté trois sacs de pommes de terre ;

elle avisa, dans la foule, deux hommes et une femme et les chargea de transporter les pommes de terre

dans une maison amie.

 

Arrivée à destination, la femme Cuzon ne trouva que les deux hommes ;

la porteuse, qui n'était autre que la femme Laurent, avait disparu.

 

Deux gendarmes partirent à sa recherche et la trouvèrent en parfait état d'ivresse.

 

Son fils remit à la plaignante son sac et vingt-sept kilos de pommes de terre.

 

Le reste avait été vendu pour boire.

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Source : La Dépêche de Brest 22 février 1891

 

Ivre-mort.

 

Avant-hier soir, vers minuit, les agents du poste de l'Annexion, en faisant leur tournée, trouvèrent dans la rue Duret

un individu auquel l'ivresse avait coupé les jambes

et qui était étendu à terre, ne donnant plus signe de vie.

 

Ils voulurent d'abord le relever pour le conduire au poste,

mais ce fut impossible.

 

Les agents durent avoir recours à un cadre

pour le transporter au poste.

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Source : La Dépêche de Brest 27 février 1891

 

En simple police.

 

Dans son audience d'avant-hier le tribunal de simple police a rendu 144 jugements dont 130 à la prison

et 41 à l'amende.

37 condamnations ont été prononcées pour ivresse manifeste, 6 pour tapages injurieux, 3 pour violences légères,

93 pour police des mœurs et le reste pour diverses autres contraventions.

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Source : La Dépêche de Brest 28 février 1891

 

Le 7 février, la femme Péoc, débitante à la Fontaine-Rouge,

en Lannilis, s'absenta pour aller au bourg.

 

Quand elle revint quelques instants après,

elle trouva la veuve Siou étendue sur un coffre,

dans l'arrière-boutique, en état complet d'ivresse.

 

Pour la mettre dehors, elle dut avoir recours à un cantonnier.

 

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La nièce de la femme Péoc, une fillette de six ans, qui était encore couchée, raconta à sa tante que la femme Siou s'était servi à la barrique deux verres de vin mélangés d'eau-de-vie.

En outre, Mme Péoc s’aperçut plus tard qu'une somme de quatre francs avait disparu

de son armoire non fermée à clef.

 

Ses soupçons se portèrent sur la femme Siou, qu'elle dénonça à la gendarmerie.

 

À l'audience, la femme Siou nie énergiquement le vol qui lui est reproché. 

Elle explique qu'elle devait cinquante centimes à la femme Péoc. 

Comme cette dernière lui avait demandé un gage, elle lui avait apporté une couverture.

 

Ne la trouvant pas chez elle et pensant que son compte devait être créditeur de quelques rasades,

elle avait absorbé deux consommations, puis se sentant tout à coup atteinte de migraine,

elle s'était étendue sur le coffre.

 

Cette action peut-elle être considérée comme un vol ? 

Le tribunal ne le pense pas et acquitte la femme de ce chef. 

Néanmoins, il la condamne à une amende de cinq francs pour la contravention d'ivresse,

qui paraît suffisamment établie.

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