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Fenêtres sur le passé
1891
Sauvetage et mutinerie sur le Rapide
Source : La Dépêche de Brest 15 novembre 1891
Hier matin, à onze heures, le sémaphore d'Ouessant signalait un trois-mâts yacht avec pavillon en berne
et qui demandait un pilote.
La mer était mauvaise, et les pilotes de l'île, n'ayant pas d'embarcations pontées, ne pouvaient sortir.
À quatre heures, un pilote de Molène arrivait et montait à bord.
Six heures plus tard, à dix heures, le trois-mâts, convoyé par le vapeur postal d'Ouessant, la Louise, mouillait en rade, en face du réglage des torpilles.
Deux remorqueurs, le Travailleur et l’Eurêka, sont allés le prendre ce matin pour le conduire au port de commerce.
Ce trois-mâts est l'ancien aviso impérial le Rapide.
Il se rendait de Cherbourg à Marseille.
Ses avaries principales sont la perte de ses voiles et le bris de son beaupré.
Le vapeur postal d'Ouessant est reparti dans la nuit même, à une heure du matin, pour le Conquet.
Source : La Dépêche de Brest 16 novembre 1891
Nous avons donné hier des détails sur les avaries de l'ancien yacht impérial le Rapide.
Nous sommes heureux de les compléter aujourd'hui en mentionnant la conduite du pilote Le Bras, de Molène.
Dès que le sémaphore eut signalé le navire en détresse, à deux heures et demie, Le Bras,
malgré le vent contraire et la mer démontée, s'est porté à son secours.
Grâce à des efforts inouïs, il put enfin l'accoster vers quatre heures,
au large de Saint-Mathieu et le sauver d'un danger certain.
Le capitaine Napoléoni, qui conduit le Rapide à Marseille, s'est plu à reconnaître le courage déployé par Le Bras.
Sans lui, dit-il dans un certificat que nous avons eu sous les yeux, le navire et son équipage auraient couru les plus grands risques.
Le pilote Le Bras n'en est pas à son premier acte de dévouement.
Son dernier sauvetage nous semble un titre plus que suffisant à une récompense qui espérons-le,
ne se fera pas attendre.
Source : La Dépêche de Brest 19 novembre 1891
Dimanche dernier, le capitaine Napoleoni, commandant l'ancien aviso impérial le Rapide,
en relâche à Brest par suite d'avaries dans la dernière tempête,
donnait des ordres à son second pour assurer la tranquillité du bord.
Plusieurs hommes de l'équipage, influencés par la boisson et poussés, paraît-il, par le maître d'équipage,
refusèrent d'exécuter ses ordres et descendirent à terre malgré la défense qui leur en avait été faite.
Devant ce commencement de mutinerie, le capitaine adressa
un rapport au commissaire de l'inscription maritime
et les hommes incriminés furent invités à se présenter au bureau de ce fonctionnaire.
La convocation était pour hier, deux heures.
Dans la matinée, les mutins s'enivrèrent de nouveau.
À deux heures, quand le second voulut les conduire à l'inscription maritime, ils refusèrent net et le menacèrent.
Le second s'y rendit alors seul et informa le commissaire des nouveaux désordres qui venaient de se produire.
Cet officier lui a conseillé de faire débarquer les délinquants, ce qui aura lieu aujourd'hui, dans la matinée.
Source : La Dépêche de Brest 25 novembre 1891
On se rappelle la mutinerie qui s'est produite, le dimanche 15 novembre dernier,
à bord de l'ancien aviso impérial le Rapide.
Plusieurs hommes de l'équipage, influencés par la boisson, refusèrent d'exécuter les ordres du commandant
en second et descendirent à terre malgré la défense qui leur en avait été faite.
Trois des matelots, auteurs principaux de la mutinerie, ont comparu hier matin
devant le tribunal commercial maritime.
Le tribunal était composé de MM. Le Pivain (*),
juge au tribunal de commerce, Ribot, capitaine de port, Maurice, capitaine au long cours,
et d'un officier du Pouyer-Quertier.
Après une courte délibération, le tribunal a condamné
les trois mutins l'un à deux mois et demi de prison,
l'autre à un mois et le troisième à dix jours de la même peine.
L'accusation relevée contre les inculpés était l'insubordination et l'ivresse.
À l'issue de l'audience, les trois condamnés ont été reconduits, menottes aux mains
et accompagnés de trois gendarmes maritimes, à la maison d'arrêt du Bouguen, où ils purgeront leur peine.
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(*) Le Pivain René Marie naquit à Landivisiau dans une famille de dix enfants.
Il est issu d’une lignée de commerçants et de chirurgiens.
En 1844, René Marie était commis négociant dans la rue Saint-Yves, principale rue commerçante de Brest
et centre névralgique du groupe fouriériste finistérien.
Il était membre de la Société d’Émulation de Brest et il devint le trésorier de l’association en 1847.
Principal axe de travail du groupe fouriériste, en mars 1845, était l’instruction gratuite de la classe ouvrière.
Il contribua à la rente phalanstérienne.
Sa famille contribua à fonder la « boulangerie garantiste de Landivisiau ».
Juge au tribunal de commerce de Brest sous le Second Empire, il fut membre de la Société académique de Brest.
Il dirigeait alors la succursale brestoise de la compagnie d’assurance, l’Union.
Source : www.maitron.fr