retro29.fr
Le site Retro29.fr est arrivé à une taille critique.
La suite des articles se trouve sur le site de L'ANNEXE de Retro29.
Fenêtres sur le passé
1891
Incendie à l'hôpital maritime de Brest
Source : La Dépêche de Brest le 5 août 1891
Un incendie, qui aurait pu avoir les conséquences les plus graves, s'est déclaré hier matin,
dans l'un des bâtiments de l'hôpital de la marine.
Vers onze heures, les malades qui se promenaient dans les cours situées derrière la chapelle furent incommodés
par une épaisse fumée.
Ils en informèrent un quartier-maître infirmier, qui s'empressa d'en aviser le bureau du conseil de santé.
On ne tardait pas à savoir d’où elle provenait.
Le feu avait pris dans les combles de la salle 26 ;
affectées aux maladies vénériennes, et se propageait avec une rapidité effrayante.
L'alarme fut aussitôt donnée et les autorités prévenues.
Les salles voisines furent immédiatement évacuées e
t les premiers secours organisés par les pompiers de service
à l'hôpital, qui prirent les pompes des divers dépôts,
aidés des ouvriers et des malades.
Cependant, la nouvelle s'était répandue
avec une extrême rapidité.
Une foule compacte ne tardait pas à stationner aux abords de l'hôpital et sur les buttes
qui longent la rue Porsmoguer, et les secours arrivaient nombreux.
La pompe de la mairie, conduite par les pompiers Beuzit, Savary et un journalier nommé Floch (Edmond),
est arrivée la première sur le lieu du sinistre, où se trouvaient déjà MM. Lucas, directeur du service de santé,
Senchet, capitaine de la 2e compagnie de gendarmerie maritime, Ropars, lieutenant de vaisseau, capitaine,
et Le Pontois, chef des pompiers de la marine.
Tandis qu'à l'aide des pompes on attaque le foyer de l'incendie, le sieur Floch (Edmond), journalier,
demeurant Grand'Rue, 78, monte sur la toiture en feu pour la saper.
Il ne quitte ce poste périlleux qu'au trois quarts asphyxié
et aidé par d'autres personnes arrivées à son secours.
Des détachements de divers corps de troupe de la garnison
et des bâtiments en réserve dans le port se transportent rapidement avec leur matériel d'incendie sur le lieu du sinistre.
En même temps, le bateau pompe à vapeur de la marine,
le Halleur, le Minou et l’Aberwrac'h, muni de puissants appareils de pompage se rendent près de la Coquerie de la Tour-Noire,
d'où les tuyaux sont montés directement sur le plateau
où se trouvait le bâtiment en feu.
Remorqueur Le Halleur
Les deux pompes à vapeur de l'arsenal sont dans la cour située derrière la chapelle.
Les autres pompes sont dispersées de tous côtés.
Des flots d'eau sont lancés sur le foyer de l'incendie.
L'action est rendue difficile par l'épaisse fumée qui règne.
On ne se voit pas à un pas.
Les pompiers de la ville, sous la conduite de leurs officiers, le capitaine Le Gras en tête, se multiplient.
Bien que combattu avec énergie, le feu, activé par un fort vent d'ouest,
gagne du terrain et se communique au bâtiment voisin de la salle.
Un moment, on craint que ce dernier bâtiment ne s'effondre.
Les murs intérieurs, par l'intensité du feu, se lézardent et menacent de tomber.
Le sergent-fourrier Merle, de la compagnie des sapeurs-pompiers de la ville,
pénètre néanmoins dans ce bâtiment pour établir une pompe.
En même temps, le capitaine Thirion, du 2e de marine, monte sur la toiture de l'édifice pour faire une tranchée.
L'amiral Zédé est sur les lieux, accompagné de ses aides de camp,
MM. le commandant Mosse, de l'infanterie de marine, et les lieutenants de vaisseau de Bon et Lauwick.
On remarque aussi les contre-amiraux d'Abel de Libran, major général,
Prouhet, major de la flotte, MM. Cothereau, sous-préfet, et Delobeau,
maire de Brest, le capitaine de frégate Crespin, commissaire rapporteur
près du 1er tribunal maritime, Renault, commissaire central de police,
et un grand nombre d'officiers des divers corps de troupe de la garnison.
Les secours et les actes de courage se multiplient,
mais l'incendie s'étend de minute en minute.
Il faut faire la part du feu et marins et militaires rivalisent de zèle.
Les uns attaquent vigoureusement à coups de hache les murs et les poutrelles ; d'autres manœuvrent les pompes à bras.
Louis Arthur Delobeau
À ce moment un grave accident se produit.
Un marin de la préfecture maritime, nommé Languil (Jean-Yves), âgé de 22 ans, était monté sur la toiture de la salle 22 quand, en frappant sur une poutre
avec sa hache, le manche se brisa au ras du fer.
Le malheureux marin, emporté par l'élan, et ne trouvant pas d'appui,
roula sur le toit et vint tomber sur les pavés de la cour,
d'une hauteur de huit mètres.
Relevé sans connaissance et transporté aussitôt par deux marins
dans la salle n° 9, M. le docteur Le Dantec, médecin de 1ère classe,
lui prodigua les premiers soins.
Henri Gaspard Alexandre
Abel de Libran
Languil a une fracture multiple de la cuisse droite, une fracture de l'avant-bras et une luxation du coude.
La commotion cérébrale a été si violente, qu'il n'a repris ses sens qu'une heure après.
L'amiral Zédé et M. Lucas, directeur du service de santé, l'ont visité dans l'après-midi.
La famille de ce marin, qui habite Pleyber-Christ, a été avisée par télégramme.
On craignait des lésions internes.
Hier soir, son état était aussi satisfaisant que possible.
Un soldat de l'infanterie de marine, à demi asphyxié, a été également transporté à la salle n° 9,
ainsi que plusieurs autres soldats ou marins qui avaient des blessures de peu d'importance.
D'autres accidents ont pu être évités.
À un moment donné, les pompiers du port voulant dresser
la grande échelle d'incendie qu'ils mâtent au moyen de gaffes, aveuglés par la fumée, manquent le barreau de l'échelle,
qui est tombé.
Personne n'est blessé.
À une heure et demie, on est enfin maître du feu,
et à deux heures, tout danger a disparu.
Les troupes regagnent leurs casernements respectifs et une équipe d'ouvriers de l'arsenal commence
le déblaiement de la cour, encombrée de débris de toiture, d'ardoises, de meubles, de matelas
et de tapis jetés par les fenêtres.
Les dégâts, considérables, sont évalués à la somme de 80,000 fr. environ.
Outre la salle 26, plusieurs autres salles des bâtiments adjacents ont été sérieusement endommagées,
tant par le feu que par l'eau.
À gauche de la salle 26 se trouve la salle 19, affectée aux aliénés, et la salle 18 aux maladies de la peau.
À droite, se trouve la salle mortuaire.
Tous les malades, à la première alarme, ont quitté les salles.
Ceux qui étaient alités ont été transportés par des infirmiers dans des salles voisines.
Les causes du sinistre sont encore inconnues.
On suppose qu'une étincelle s'est échappée de l'une des cheminées à vapeur de l'arsenal qui longent
les établissements incendiés et destinées à donner la force motrice aux machines des ateliers de la menuiserie,
de la corderie, ou bien encore à la machine de la Tour Noire, sera venue tomber dans le grenier de la salle 26
par l'une des lucarnes dont les carreaux sont brisés et qui est en très mauvais état.
Le feu se sera ensuite communiqué à des matières diverses, objets de literie, tapis, etc., etc.,
renfermés dans ce grenier et, activé par le vent, aura bientôt pris l'extension que l'on sait.
À cinq heures, M. Lucas, directeur du service de santé, s'est rendu à la préfecture maritime, où il a eu un long entretien au sujet de l'incendie avec l'amiral Zédé préfet maritime, et le contre-amiral d'Abe de Libran, major général.
-0-0-0-0-0-0-0-
Quelques instants après, à peine les pompiers de la ville Mouës, Savary, Glaziou et Guichard ont-ils le temps
de descendre de la toiture de la salle 22, sur l'ordre du lieutenant de vaisseau de Bon, qui a vu l'imminence du danger, que la toiture s'écroule.
À une heure et demie, on est enfin maître du feu, et à deux heures, tout danger a disparu.
Les troupes regagnent leurs casernements respectifs et une équipe d'ouvriers de l'arsenal commence
le déblaiement de la cour, encombrée de débris de toiture, d'ardoises, de meubles, de matelas
et de tapis jetés par les fenêtres.
Les dégâts, considérables, sont évalués à la somme de 80,000 fr. environ.
Outre la salle 26, plusieurs autres salles des bâtiments adjacents ont été sérieusement endommagées,
tant par le feu que par l'eau.
À gauche de la salle 26 se trouve la salle 19, affectée aux aliénés, et la salle 18 aux maladies de la peau.
À droite, se trouve la salle mortuaire.
Quelques instants après, à peine les pompiers de la ville Mouës, Savary, Glaziou et Guichard ont-ils le temps
de descendre de la toiture de la salle 22, sur l'ordre
du lieutenant de vaisseau de Bon, qui a vu l'imminence du danger,
que la toiture s'écroule.
Source : La Dépêche de Brest le 6 août 1891
Le préfet maritime a porté hier à la connaissance des divers chefs de service de la rade et du port, l'ordre suivant :
À l'occasion de l'incendie qui s'est déclaré hier à l'hôpital maritime, le vice-amiral, commandant en chef,
préfet maritime a constaté la rapidité avec laquelle les secours ont été organisés et il est heureux d'adresser à tous
les chefs de service l'expression de sa satisfaction pour le zèle et le dévouement dont chacun a fait preuve
dans cette circonstance.
C'est grâce à la bonne volonté de tous qu'un désastre
plus considérable a pu être évité.
D'autre part, le colonel Stoffel, commandant d'armes,
a porté à la connaissance des corps et services
de la garnison la lettre de l'amiral Zédé que voici :
Dès le premier avis de l'incendie qui s'est déclaré hier matin
à l'hôpital de la marine, des détachements de l'armée de terre sont venus avec empressement se joindre à nos pompiers
et à nos troupes.
M. Crespin, commissaire-rapporteur près le 1er tribunal maritime, s'est de nouveau rendu hier,
dans l'après-midi, pour continuer son enquête.
Nous avons fait prendre hier soir des nouvelles du marin Languil (Jean-Yves), canotier à la préfecture maritime,
blessé dans l'incendie.
Son état s'est amélioré.
L'amiral Zédé l'a visité à quatre heures.
Le préfet maritime s'est ensuite rendu sur le théâtre de l'incendie pour se rendre compte de l'importance des dégâts.
Il a quitté l'hôpital à cinq heures après avoir conféré avec M. Lucas, directeur du service de santé.