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Fenêtres sur le passé

1891

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Coups de couteau à Saint Pabu au Conseil de Guerre

Source : La Dépêche du Finistère 15 juin 1891

 

Coups de couteau à Saint Pabu au Conseil de Guerre

 

Ainsi que nous l'avons annoncé, un conseil de guerre s'est réuni hier matin, à bord de la Bretagne,

sous la présidence de M. le capitaine de vaisseau Bellanger, commandant ce bâtiment,

pour juger le nommé Falhun (Louis), fourrier ordinaire, accusé de coups et blessures volontaires.

 

Le conseil s'était réuni dans la batterie haute.

 

M. le lieutenant de vaisseau Freschard occupait le siège du commissaire du gouvernement.

Me Picot était au banc de la défense.

Tout l'équipage assistait à l'audience.

 

L'aide-commissaire Mahaud, qui remplissait les fonctions de greffier,

a donné lecture des diverses pièces de la procédure.

 

De l'acte d'accusation, il ressort que Falhun, se trouvant il y a quelques mois à Kérinou,

se prit de querelle avec des coureurs de filles.

​

Une rixe s'ensuivit. Falhun appela à son aide un marin

de la défense mobile, nommé Leven,

comme lui originaire de Saint-Pabu.

 

Ce dernier refusa et laissa Falhun se débrouiller.

 

Quelques jours après, le 12 mai, étant à Saint-Pabu

dans un débit, Leven offrit à Falhun de trinquer.

 

Falhun refusa.

 

Saint Pabu de Landéda _01.jpg

Leven se prétendit provoqué et une dispute s'ensuivit, dispute qui dégénéra bientôt en bataille.

 

Au cours de la lutte, un sieur Tynévez, couvreur, et un quartier-maitre nommé Talarmin survinrent

et reçurent de Falhun des coups de couteau.

 

Tynevez fut blessé au-dessus du genou, dans de telles conditions que, plus de 20 jours après, il ne pouvait marcher.

 

Talarmin porte les traces d'une plaie d'une longueur de six centimètres environ à la face dorsale de la main droite.

​

Leven eut, pour sa part, une coupure à la tête et sur le dos

de la main une autre coupure assez profonde pour l'empêcher, pendant quelques jours, de remuer les doigts.

 

Après l'audition de témoins dont les dépositions

ne sont pas excessivement claires,

le commissaire du gouvernement, dans un discours concis

et ferme, soutient ses réquisitions.

 

Pour lui, aucun doute ne peut exister et la preuve

de la culpabilité de Falhun ressort de tous les témoignages.

 

Il ne s'oppose pas à l'admission des circonstances atténuantes.

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Saint Pabu la cale _01.jpg

Me Picot, dans une plaidoirie de plus d'une heure, démontre l'obscurité qui plane sur cette affaire.

 

Il allègue que son client, provoqué, n'a fait que se défendre.

 

Il supplie le conseil d'avoir égard aux excellents antécédents

et états de service de son client, et il termine en le confiant

à la bienveillance de ses juges qui, il en est certain,

l'acquitteront sur tous les chefs d'accusation.

 

Après une délibération d'une demi-heure,

le conseil acquitte Falhun du premier chef, en ce qui concerne

les blessures volontaires faites à Tynevez ;

par 5 voix contre 2, le reconnaît coupable de coups et blessures à Leven, ainsi que de blessures involontaires à Talarmin.

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Saint Pabu l'église _01.jpg

En conséquence Falhun est condamné à un mois de prison et aux dépens.

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