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Fenêtres sur le passé
1891
Une affaire croustillante à Guipronvel Milizac
Source : La Dépêche de Brest 5 décembre 1891
Une affaire croustillante.
Le 12 octobre dernier, à quatre heures du matin, Le Guen (Mathias), cultivateur à Guipronvel,
quittait sa ferme avec sa voiture chargée d'avoine pour se rendre à Lambézellec.
Chemin faisant, il rencontra une jeune paysanne, la femme Lhostis, âgée de 22 ans, cultivatrice à Milizac,
qui allait vendre son beurre au marché de Brest, et il l'invita à monter à ses côtés.
Celle-ci accepta et en matière de remerciement,
elle lui offrit une consommation à l'auberge de Bégavel.
Une politesse en vaut une autre.
Le Guen, qui avait son idée, engagea la femme Lhostis
à vendre son beurre à Lambézellec,
en lui promettant de la reconduire, ce qu’elle fit.
On prit ensuite un certain nombre de petits verres,
si bien qu'au moment du départ,
tous deux étaient complètement ivres.
En route — et c'est ici que l'histoire devient scabreuse — la voiture s'arrêta……. et Les cultivateurs qui passaient par là purent apercevoir Le Guen et la femme Lhostis dans une position qui ne laissait aucun doute sur leurs intentions.
Le lendemain, la femme Lhostis s'aperçut de la disparition de sa montre et d'une somme de huit francs,
produit de la vente son beurre.
Elle porta plainte à la gendarmerie, et une perquisition faite chez Le Guen amena la découverte de la montre.
La victime de Le Guen — si toutefois l'on peut s'exprimer ainsi — raconte les faits avec une philosophie
qui soulève à plusieurs reprises l'hilarité de l'auditoire.
Elle a même un mot absolument délicieux qui porte l'hilarité à son comble.
« Nous étions saouls tous deux. Nous avons fait des bêtises, mais cela est pardonné. Nous avons été à confesse depuis ! »
Après une spirituelle plaidoirie de Me Dubois, le tribunal écarte le vol reproché à Le Guen, mais,
retenant l'outrage public à la pudeur, le condamne à un mois de prison avec application de la loi Bérenger.