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1890
Emploi du sulfate de fer en agriculture
Source : Le Finistère mars 1890
Emploi du sulfate de fer en Agriculture
Auteur : PAUL ALEXANDRE,
Professeur départemental d'agriculture du Finistère
Secrétaire général de l’Association pomologique de l’Ouest
Le fer joue en agriculture un rôle qui n'est pas sans importance et qui, cependant,
est peu connu de la plupart des agriculteurs.
Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet ;
aussi ne parlerons-nous aujourd'hui que du sulfate de fer, dont l'emploi, relativement récent en agriculture,
tend chaque jour à se développer d'avantage, et dont l'utilisation peut rendre,
dans certains cas, de très grands services à nos cultivateurs.
Le sulfate de fer, désigné encore sous les noms de couperose verte ou de vitriol vert, appartient,
au point de vue chimique, à la catégorie des sels ferreux.
On le fabrique en grillant des pyrites de fer, en laissant leur oxydation se terminer à l'air
et en reprenant la masse par l'eau.
La matière est ensuite concentrée, cristallisée à la température ordinaire et le sel est livré au commerce,
soit en cristaux affectant la forme du prisme rhomboïdal oblique, soit après avoir été pulvérisé.
Il est vert clair.
Dans l'industrie, ce sel est très employé pour la teinture des étoffes
et la préparation de l'encre ;
en agriculture on l'utilise fréquemment depuis quelques années,
et nous allons résumer rapidement les principaux services qu'il peut rendre.
L'action du sulfate de fer ne paraît pas devoir produire un effet très sensible
sur la végétation des céréales, si ce n'est peut-être pour préserver le blé de la rouille ; mais il est loin d'en être de même sur celle des prairies naturelles où son emploi peut donner d'excellents résultats.

Le sulfate de fer, est, en effet, l'agent destructeur par excellence de la mousse, et l'on sait combien ce parasite
se développe rapidement dans nos prairies, et combien il peut en diminuer les rendements.
Utilisé judicieusement, le sel qui nous occupe peut détruire complètement la mousse
et donner à l'herbe un développement remarquable.
On l'emploie à la dose moyenne de 300 à 500 kilog. à l'hectare, ce qui constitue une dépense peu importante :
le sulfate de fer se vendant de 7 à 8 fr. les 100 kilog., selon qu'il est livré en cristaux ou pulvérisé.
Les chiffres que nous venus d'indiquer n'ont cependant rien d'absolu ;
il est nécessaire, au contraire, de faire varier les doses employées dans des limites assez étendues, la quantité de sulfate de fer à répandre sur la prairie
devant être directement proportionnée à celle de la mousse à détruire.
Pour les jeunes prairies, la quantité de sel à appliquer est d'environ 350 kilog.
par hectare ;
pour les prairies anciennes, ce dosage peut être doublé et même augmenté dans une proportion plus grande encore.

En effet, d'après l'ingénieur Paul Marguerite de la Charlonie,
pour se rendre compte de la quantité de sulfate de fer qu'on doit employer,
il faut prendre la hauteur de la mousse exprimée en millimètres
et la multiplier par 20.
C'est ainsi, par exemple, que pour :
20 mm de mousse on répandra 400 k de sulfate de fer.
30 mm de mousse on répandra 600 k de sulfate de fer.
50 mm de mousse on répandra 4000 k de sulfate de fer.
L'épandage se fait à la volée au commencement du printemps,
et on doit choisir le sel qui est pulvérisé de préférence à celui qui est en cristaux, la dissolution se faisant dans de meilleures conditions et l'effet produit
étant plus rapide.
On peut également employer le sel en dissolution dans de l'eau ou mieux encore dans le purin en raison d'environ 5 kilogrammes par hectolitre de liquide.

Portrait de Paul Marguerite de la Charlonie réalisé par l’atelier A. Liébert et fils à Paris.
Musée du Pays de Laon
En viticulture, le sulfate de fer est utilisé avec succès dans le but de combattre le mildiou et l'anthracnose.
Les vignes chlorotiques sont également améliorées par ce sel que l'on applique soit comme engrais à l'état pulvérulent à la dose de 200 kil. à l'hectare, soit en arrosant le sol avec une dissolution en renfermant de 20 à 80 grammes
par litre, soit encore en aspergeant les feuilles avec une dissolution plus faible et qui ne doit renfermer
que du 3 à 5 grammes de sulfate par litre.
On peut également employer le sulfate de fer pour détruire les chancres des arbres fruitiers
et suivre dans ce cas deux méthodes.
La première consiste à enlever, avec un instrument tranchant,
toute la partie malade, et à laver fortement la plaie
avec une dissolution concentrée de sulfate de fer.
La seconde est un traitement externe qui se pratique en répandant
le sel au pied des arbres au printemps à la dose maxima de 4 kilogrammes
par arbre, et en l'enterrant ensuite par un léger binage.

Il est bon de faire cette opération en deux fois, à 15 ou 20 jours d'intervalle, en employant 500 grammes de sulfate
à chaque application, et de la renouveler l'année suivante.