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Source : La Dépêche de Brest 15 février 1890

 

C... (Ernest) est cordonnier à Landerneau.

Ce disciple du grand saint Crépin n'a que dix-sept ans, ce qui rend son cas sympathique.

La jeunesse est toujours la jeunesse.

 

Il ne faut pas cependant, sous prétexte que l'on n'a pas de poil au menton, exiger de la première femme venue des privautés que la religion réserve au mariage seul.

 

L'œuvre de la chair ne désireras

Qu'en mariage seulement.

 

C'est pour avoir désiré cette œuvre de chair d'une façon un peu brutale, le 1er janvier, à dix heures du soir,

sur la route de Saint-Thonan, que C... comparaît aujourd'hui devant le tribunal correctionnel.

 

Les faits sont contre lui, il a accosté avec beaucoup de sans-gêne les filles Le G… deux cousines qui s'en allaient chez leurs parents ;

il les a poursuivies de ses obsessions et, finalement, il a brutalement renversé la plus âgée des deux dans la douve qui borde la route et il s'est livré sur elle à des familiarités que la morale réprouve.

 

Mais c'est fort grave cela, direz-vous !

Oui, mais il convient d'ajouter que c'était le premier de l’an, jour où l'on lève toujours un peu le coude, que le jeune cordonnier a pu être saisi par un inconscient désir lubrique et qu'enfin rien de... — comment dire cela ? — ... rien de définitif n'a été consommé.

 

La défense a plaidé à toutes fins.

L'incompétence, d'abord, le délit ne pouvant exister si le crime de viol n'existe pas, l'indulgence ensuite pour les familiarités un peu grandes de son client.

 

Le tribunal n'a pas abondé dans la première manière de voir, il s'est déclaré compétent et a condamné C...

à deux mois de prison pour outrage public à la pudeur.

 

Et voilà comment le jeune Landernéen restera soixante jours sans voir la lune... pour avoir voulu la voir de trop près.

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