Source : La Dépêche de Brest 20 mars 1890

 

On a enlevé hier aux portefaix de la gare les plaques dont ils étaient porteurs.

On sait l'abus que ces gaillards trop zélés faisaient de cette sorte d'investiture.

 

À peine un voyageur sortait-il de la gare qu'il n'apercevait que les portefaix, rangés en ordre et masquant les commissionnaires.

 

Trompé par la plaque, le voyageur remettait sa malle et sa valise à l'obséquieux empressé, et une fois à domicile on lui réclamait un prix exorbitant.

 

Le cas s'est encore produit il y a quatre jours.

Une dame donne un paquet à porter rue Saint-Yves ;

le portefaix demande 2 fr.;

elle s'étonne, propose 1 fr. ;

insultes du portefaix, menaces ;

elle dut s'exécuter pour éviter le scandale.

 

Le lendemain, un voyageur fut plus heureux ;

cédant à d'importunes sollicitations, il avait confié sa valise à un portefaix,

qui, rendu à destination, rue de Crée, lui demanda 1 fr. 50 ;

le voyageur offre quinze sous ;

refus du portefaix, qui commence sa scène habituelle ;

heureusement un agent de police était non loin de là.

Il fallut rien moins que son intervention pour ramener des dispositions meilleures le portefaix, qui ne s'éloigna point toutefois

sans montrer le poing au voyageur.

 

Si on pouvait maintenant les consigner à la barrière de la gare ?

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