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Fenêtres sur le passé
1890
Un noyé revenant à Morlaix
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Source : La Dépêche de Brest 26 août 1890
Noyé par accident.
Hier, vers midi, on a retiré du bassin, à cent mètres environ des vannes de l'écluse Maritime, le cadavre du nommé
Le Moal (Charles), célibataire, âgé de 47 ans tailleur de pierres, demeurant à Morlaix, rue de Paris, 8.
Le Moal avait quitté Morlaix, le 28 mai dernier, informant sa mère qu'il allait travailler à Plouescat.
Sa mère ne l’a pas vu depuis ce jour.
Il est certain, que Le Moal est accidentellement tombé dans le bassin, dans la nuit du 18 courant.
Ce soir-là, il était fortement pris de boisson et avait demandé à un douanier, de service sur le quai de Léon,
la route de l'usine à gaz.
Trompé par l'obscurité, Le Moal a dû quitter la route qui conduit à l'usine et suivre le quai.
Le douanier aurait entendu le bruit d'une chute ;
mais comme ce bruit n'avait été suivi d'aucun appel, il ne s'en est pas préoccupé davantage.
Sitôt les formalités légales remplies, et cela a demandé trois heures, le cadavre ayant été trouvé sur le territoire
de la commune de Ploujean, Le Moal a été transporté à la morgue de l'hospice civil de Morlaix.
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Mauvaise plaisanterie ?
Un noyé revenant
Source : La Dépêche de Brest 18 septembre 1890
Je vous écrivais le 23 août qu'on venait de retirer du bassin, près de l'écluse maritime, un cadavre ayant séjourné plusieurs jours dans l'eau et que diverses personnes reconnurent pour être celui du nommé Le Moal (Charles), tailleur de pierres, demeurant à Morlaix, rue de Paris.
On attribua la mort à un accident occasionné par la vue très basse de Le Moal.
Depuis quelques jours, le bruit courait avec une certaine persistance que Le Moal était bel et bien vivant et qu'il travaillait aux environs de Plouescat depuis son départ de Morlaix.
Les uns disaient que sa mère était allée le voir ;
d’autres affirmaient même qu'il était revenu chez sa mère qui, à sa vue, s'était sauvée en criant :
Au revenant !
J'ai voulu savoir ce qu'il y avait de vrai dans ces racontars et voici les renseignements exacts que j'ai pu me procurer.
La mère de Charles Le Moal a reçu, ces jours derniers, une lettre signée du nom de son fils.
Elle a remis cette lettre à M. Dulong de Rosnay, maire de Ploujean, commune dans laquelle a été dressé l'acte de décès.
Ce magistrat s'est empressé de communiquer cette lettre à la gendarmerie, qui a commencé une enquête dont les résultats ne sont pas encore connus.
On attend que la brigade de Plouescat fasse connaître si Le Moal est réellement vivant ou si, au contraire, sa mère n'aurait pas été victime d'une mystification.
On croit généralement que Le Moal travaille dans la canton de Plouescat, et que le cadavre trouvé au mois d'août est celui d'un nommé Guédès, originaire du canton de Plougastel-Daoulas, qui avait dans la figure et la barbe, de couleur rouge, une grande ressemblance avec Le Moal.
Aussi vous comprenez avec quelle impatience les parents et amis du prétendu défunt attendent le résultat de l'enquête.
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Source : La Dépêche de Brest 20 septembre 1890
Tout récemment, des Morlaisiens, de passage à Plouescat, furent étonnés, et il y avait de quoi, de se trouver en présence de Charles Le Moal qui, depuis le mois de juin, travaille dans ces parages.
Ils le mirent au courant de la situation et ce dernier écrivit aussitôt à sa mère que le mauvais état de sa vue l'empêchait seul de se rendre à Morlaix et de venir embrasser ceux qui avaient pleuré sa mort.
Cette lettre, communiquée à la gendarmerie, a eu pour conséquence de provoquer une enquête, qui a facilement établi que Charles Le Moal est bel et bien vivant.
Il faudra donc un jugement du tribunal civil pour annuler l'acte de décès dressé à Ploujean et pour rendre à notre compatriote la vie légale.
Quelle est la victime trouvée dans le bassin, le 23 août dernier ?
Question délicate, dont la solution n'est pas facile.
Divers renseignements permettent de supposer que c'est un nommé Guédès, également tailleur de pierres ;
mais on n’a aucune certitude à cet égard.
Les vêtements, qui auraient pu servir à constater l'identité du noyé, étant en si mauvais état et le livre trouvé dans une poche, au nom de Charles Le Moal, semblant être une preuve suffisante, n'ont pas été conservés à l’hospice.
Interrogé au sujet du livret, Le Moal a déclaré qu'il l’avait perdu, il y a six ans, à une époque où il travaillait à Guingamp pour le compte du maire de cette commune et que le magistrat lui en avait immédiatement remis un autre..
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Complément d'informations
par un lecteur de Retro29
Contributeur Martial Morant
Il est vrai qu’un dénommé ELIES de Ploudalmézeau affirma que l’individu dont le corps avait été trouvé dans le bassin était un certain GUEDES surnommé Garibaldi.
Le sieur ELIES indiquait que le signalement du noyé, répondait parfaitement au dénommé GUEDES.
Cette hypothèse ne fut pas confirmée et le 6 novembre de cette année 1890,
le greffe du tribunal civil de 1ère instance de Morlaix, transmettait à Hippolyte Dulong de Rosnay,
maire de Ploujean le jugement qui déclarait que le corps retrouvé dans le bassin sur la « grève » de Ploujean n’était pas celui du dénommé LE MOAL Charles et enjoignait le maire à annuler l’acte de décès qui avait été porté sur le registre de l’état civil de la commune.
Ce compte rendu indiquait :
« L’acte de décès est notoirement erroné, ne pouvant s’appliquer au sieur Le Moal Charles qui n’est nullement décédé, ainsi qu’il le prouve « surabondammant » aujourd’hui en se présentant devant le tribunal ».
Il est vrai que ce n’était pas tous les jours que les morts, se présentaient devant un tribunal afin de prouver qu’ils étaient vivants.
On ne sut jamais qui était le noyé...
Sources : Journal "La Résistance" article du 4 octobre 1890 qui cite l'intervention du dénommé Elies
et recherches personnelles dans les archives de Ploujean en ce qui concerne le registre des actes de décès.
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