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Fenêtres sur le passé

1890

La misère est mauvaise conseillère

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Source : La Dépêche de Brest 15 février 1890

 

B... (Yvonne), femme Léost, cultivatrice à Landunvez, a volé des fagots le 31 décembre dernier,

au préjudice du sieur Le Bihan.

On a reconnu l'empreinte de son pied nu autour du hangar,

et ses tentatives d'explications manquent de vraisemblance.

 

Maintenant, il est bon de dire que la pauvre Yvonne, qui n'a que vingt-sept ans, a eu neuf enfants.

Elle en a encore cinq à sa charge, à sa seule charge, car son mari est un ivrogne et un paresseux.

 

Malheureusement, son casier judiciaire compte déjà deux condamnations.

Elle l'avoue elle-même en fixant ses juges d'un regard où la douleur semble figée :

 

— Si vous me condamnez, ce sera la troisième fois que je serai condamnée injustement.

Les deux autres fois, c'était pour les enfants !

 

Et malgré soi l’on songe à cette vie dont la prison aura été une douloureuse étape de plus.

À ce foyer déserté par l'homme qui boit le pain des petits et qui ne sait que faire des enfants à sa femme.

 

Ces sentiments sont un peu partagés par le tribunal, qui se montre relativement indulgent

en ne condamnant la pauvre femme qu'à trois mois de prison.

Un jour de plus, et la malheureuse tombait sous le coup de la relégation.

 

Les juges ne l'ont pas voulu et ils ont bien fait.

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