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Fenêtres sur le passé

1890

Le miracle des galoches, rue du Château

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Source : La Dépêche de Brest 22 janvier 1890

 

La femme Godefroy, concierge de la maison de la rue du Château

dans laquelle est situé le bureau des contributions indirectes,

avait une paire de galoches toutes neuves, et la nommée Loir (Jeanne), une repasseuse, qui habite rue Haute des Sept-Saints, n'avait aux pieds que de méchantes galoches, plus vieilles que les rues et plus éculées que les savates du Juif-Errant.

​

Or, la femme Godefroy commit l'imprudence de laisser ses galoches

à la porte des contributions.

 

La nommée Loir passait-elle par là ou avait-elle affaire au bureau du fisc ?

L'histoire ne le dit pas.

​

Mais passante ou contribuable, ce qui est certain

c'est que les belles galoches neuves la firent loucher.

​

Elle tira donc vivement ses pieds de ses lamentables chaussures,

chaussa celles de la concierge, mit délicatement les siennes à leur lieu

et place, et s'en fut légère comme si les ailes des brodequins de Mercure eussent été à ses talons.

 

On juge de la stupéfaction de la dame Godefroy lorsqu’elle revint.

Comment en un plomb vil, l'or pur s'était-il changé ?

​

Une voisine le lui apprit, et la police, mise au courant de la substitution, réussit à mettre la main sur la fille Loir,

qui a été mise à la disposition du parquet.

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