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Fenêtres sur le passé

1890

La gendarmerie et la langue bretonne

Source : Le Finistère février 1890

 

La gendarmerie dans le Finistère et la langue bretonne

 

Il arrive assez fréquemment que, dans nos cantons du Finistère, où la langue bretonne est encore la seule en usage pour une grande partie de la population, les brigades de gendarmerie sont composées en majeure partie

de gendarmes étrangers à la Basse-Bretagne et auxquels le breton est aussi inconnu que l'hébreu.

 

On comprend, sans que nous ayons besoin d'insister, quels graves inconvénients peuvent résulter parfois

d'une telle situation, non seulement au point de vue des rapports habituels de la gendarmerie avec la population

qui l'entoure, mais aussi au point de vue de l'exercice de la police judiciaire, nécessairement incomplète et sujette

aux risques les plus sérieux, lorsque les gendarmes sont obligés, au lieu de recueillir directement

les témoignages, d'employer comme interprète le premier venu.

 

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À diverses reprises, ces inconvénients ont été signalés.

 

Le Conseil général du Finistère, dans un vœu qui date

de deux ou trois ans, avait recommandé à l'administration supérieure l'examen de la question.

 

S'autorisant du vœu du Conseil général, les députés républicains

du département ont fait, au ministère de la Guerre une récente démarche, à la suite de laquelle l'un d'eux a reçu la réponse suivante, qu'il veut bien nous communiquer :

 

Monsieur le député,

Vous avez, avec plusieurs de vos collègues, appelé mon attention sur un vœu par lequel le Conseil général du Finistère demande que les brigades du département ne soient pas, autant que possible, composées de gendarmes étrangers au pays et en ignorant la langue.

 

Cette question a déjà été examinée à diverses reprises.

 

Les brigades comprises dans les cantons de langue bretonne comptent

un nombre assez élevé de gendarmes parlant l'idiome du pays.

 

On ne saurait, toutefois, dépasser sans inconvénients certaines proportions ;

car il pourrait se produire des actes de partialité, si tous les hommes d'une même brigade étaient originaires

du pays où ils sont employés.

 

Vous pouvez néanmoins être assuré que je ne négligerai rien pour concilier le désir exprimé

par le Conseil général du Finistère avec l'intérêt du service.

 

Recevez, etc...

 

Pour le ministre et par son ordre,

le Général directeur, DE KERMARTIN,

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