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Fenêtres sur le passé

1890

Départ d'émigrants
du port de Morlaix pour l'Amérique du sud

Source : La Dépêche de Brest 25 janvier 1890

 

Le vapeur « le Finistère » a quitté notre port de Morlaix hier soir, à quatre heures, se rendant au Havre.

On remarquait sur le pont, entassés pêle-mêle, de nombreux émigrants, originaires de l'arrondissement de Quimper, en général, hommes, femmes, enfants en bas âge, qui partent pour l'Amérique du Sud.

 

C'est, en quelques semaines, le troisième départ auquel j'assiste, ce qui indique que les agences plus ou moins véreuses qui exploitent nos malheureux compatriotes, en faisant miroiter à leurs yeux une prompte fortune,

ont depuis quelque temps jeté leur dévolu sur notre département.

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Mais tout ce qui brille n'est pas or, et je crains bien que ces pauvres gens ne soient bien vite désillusionnés.

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Quelques lieues les séparaient à peine de la terre de France,

quand une violente tempête s'est élevée.

Pendant toute la nuit et toute la matinée le vent n'a cessé de souffler avec furie.

Ballottés par la tempête, mouillés par les paquets de mer

et par la pluie, quelles tristes réflexions ont dû faire ces émigrants !

 

Puisse cette tempête n'avoir pas abattu leur courage,

ce courage dont ils auront tant besoin dans la vie aventureuse

qu'ils ont acceptée.

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Puissent-ils ne jamais regretter la mère-patrie ;

mais on ne peut se défendre d'un sentiment de tristesse, quand on voit des Français émigrer en Amérique,

alors qu'aux portes de France, en Algérie, ils pourraient coloniser, en tout profit pour la patrie.

 

À diverses reprises, le gouvernement a voulu mettre entrave à ces émigrations, en éclairant nos populations

sur les déboires auxquelles elles s'exposent en se laissant séduire par de fallacieuses promesses.

On ne saurait trop insister pour qu'il persiste énergiquement dans cette voie.

C'est là une question d'humanité.

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