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Fenêtres sur le passé
1889
Les voleurs de troncs de Saint Mélaine à Morlaix
et Kernitron à Lanmeur
Source : La Dépêche de Brest 22 novembre 1889
Morlaix
Hier, dans l'après-midi, quatre ou cinq troncs de l'église St-Melaine ont été fracturés, sans qu'aucun indice ne permette de connaître l'auteur ou les auteurs de ce vol audacieux, commis dans une église qui est très fréquentée.
Ce n'est pas la première fois que des vols de ce genre ont été constatés à Morlaix et, par précaution,
le contenu des troncs est enlevé chaque semaine et versé dans la caisse de la fabrique.
Il est donc probable que les sommes soustraites sont de peu d'importance.
Une enquête est commencée.
Lanmeur
Dans l'après-midi de mardi, un malfaiteur, resté inconnu, a pénétré dans la chapelle de Kernitron,
en notre commune, et a fracturé un des troncs.
De nombreux vols ayant été commis dans cette chapelle, depuis quelques années, on a soin de retirer fréquemment l'argent déposé dans les troncs ;
aussi estime-t-on que la somme dérobée s'élève tout au plus à cinq ou six francs.
Le gardien de la chapelle s'est empressé de faire sa déclaration à la gendarmerie de Lanmeur.
Toutes les recherches pour retrouver c& malfaiteur sont restées sans résultat.
La chapelle de Kernitron se trouve sur une route peu fréquentée et est, par suite, exposée aux visites des maraudeurs.
Est-il bien nécessaire de la laisser ouverte pendant toute la journée ?
Ne pourrait-on se contenter de l'ouvrir les jours fériés ?
Source : La Dépêche de Brest 23 novembre 1889
Morlaix.
Je vous écrivais hier que des malfaiteurs avaient dévalisé quatre ou cinq troncs de l'église Saint-Mélaine
et qu'une enquête était commencée.
Elle s'est terminée par l'arrestation du nommé Caouissin (François-Marie), âgé de 22 ans, dont les dépenses exagérées dans une certaine maison de la venelle aux Pâtés avaient attiré l'attention de la police.
Ce dernier a été trouvé possesseur d'une vingtaine de francs.
Il a déclaré avoir un complice, le nommé Toudic (Jean), âgé de 19 ans, qu'on recherche activement,
Le vol paraît plus important qu'on ne le croyait.
Il s'élèverait à environ 70 fr.
Source : La Dépêche de Brest 25 novembre 1889
Morlaix.
Arrestation.
La gendarmerie de Lanmeur, avertie par un télégramme que le nommé Toudic (Jean), principal auteur de vol commis mercredi à l'église Saint-Mélaine, devait se trouver dans la commune de Plouégat-Guerrand, s'est mise à sa recherche et l'a arrêté, hier, non loin du domicile de ses parents.
Toudic a avoué sans hésitation et s'est même reconnu l'auteur du vol avec effraction, commis le 19 novembre dernier dans la chapelle de Kernitron, en Lanmeur.
On suppose avec quelque raison qu'il a la spécialité de ce genre de vols, et on cherche à établir que c'est également lui qui a dévalisé, il y a deux mois environ, la chapelle de Ste-Geneviève, en Ploujean.
Au moment de son arrestation, Toudic était tout de neuf habillé et muni d'un accordéon qu'il avait acheté avec le produit de son vol.
C'est un jeune homme de 19 ans, qui s'est déjà assis sur le banc de la correctionnelle.
Source : La Dépêche de Brest 15 janvier 1890
Les nommés Toudic (Jean), âgé de 19 ans, journalier à Plouégat-Guerrand, et Caouissin (François), âgé de 22 ans, tonnelier à Morlaix, sont accusés de vols, tentatives de vols et complicité.
Le Si octobre dernier, un jeune homme de 19 ans, nommé Toudic, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Morlaix, pour y répondre d'un vol qu'il avait commis de complicité avec trois autres jeunes gens de cette ville.
Le tribunal se montrant indulgent envers lui, en raison de son âge, ne lui infligeait que douze jours d'emprisonnement, mais l'accusé ne tint pas compte de cette première leçon.
En effet, sept jours après sa sortie de prison, Jean-Marie Toudic s'introduisit dans la chapelle de Kernitron, dépendant de la paroisse de Lanmeur.
À l'aide d'un morceau de fer, il fracturait l'un des troncs dont il faisait sauter la serrure et s'emparait d'une somme de dix francs, qui y était contenue.
L'autre tronc, qui était également en fer, résista à ses efforts, mais on put y constater les traces de l'effraction tentée par l'accusé.
Le lendemain de ce crime, Toudic, revenu à Morlaix, y rencontrait Caouissin qu'il connaissait à peine et dont il ignorait même le nom.
Il l'invitait à festoyer avec lui et lui racontait ce qu'il avait fait la veille.
Bientôt Caouissin, sous l'influence de l'ivresse, alla se coucher dans une charrette laissée sur la place publique et s’endormit.
Pendant son sommeil, Toudic entra dans l'église saint- Mélaine, s'étant agenouillé en ce lieu, il attendit la sortie du sacristain, qui venait de sonner l’Angélus de midi.
Se trouvant seul ensuite dans l'église, il s'attaqua successivement à plusieurs des troncs qu’elle contenait et parvint à en fracturer quatre, dans lesquels il prit une somme devant s'élever à environ 70 fr., ainsi, d'ailleurs, qu'il l’a reconnu lui-même.
Il tenta en même temps de fracturer deux autres troncs, entaillant la porte de l'un d'eux et arrachant le cadenas de l'autre sans parvenir à les ouvrir.
Après avoir commis ces derniers vols, Toudic en partagea le produit avec Caouissin, qu'il alla réveiller à cet effet.
Celui-ci en dépensa une partie dans la soirée du même jour et cacha dans la paillasse de son lit une somme de 20 fr. 25, qui fut retrouvée dans une perquisition faite au domicile de ses parents.
Caouissin n'a pas d'antécédents judiciaires, tandis que Toudic compte déjà, malgré son jeune âge, une condamnation pour vol.
Ministère public : M. Frétaud.
Défenseurs : Me Le Clech pour Toudic, et Me Verchin pour Caouissin.
Toudic et Caouissin sont reconnus coupables, le second avec circonstances atténuantes.
En conséquence, Toudic est condamné à huit ans de travaux forcés et Caouissin à trois ans de prison.
Bagne de Nouvelle Calédonie
Embarqué sur le Calédonien le 16 juin 1890
Décédé le 6 août 1899