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Fenêtres sur le passé

1887

Scandale ou racontars à Morlaix
ou le premier rôle d'un vicaire morlaisien dans une histoire galante

 

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Source : La Dépêche de Brest 20 septembre 1887

 

On a beaucoup parlé, ces jours derniers, d'une histoire galante dont l'un de nos jeunes vicaires aurait été le grand premier rôle.

Des affirmations et des démentis ont été échangés à ce sujet, sans jeter beaucoup de lumière, et la rumeur publique continue à donner libre cours à son imagination.

 

Sans se faire l'écho de bruits scandaleux que la foule n'a que trop de tendances à propager, en les grossissant parfois, il faut reconnaître que le jeune prêtre a manqué de prudence et de circonspection en fixant à une femme,

par une lettre écrite et signée de sa propre main, le lieu et l'heure d'un rendez-vous.

Quelle a été la nature du tête-à-tête ainsi réclamé ?

Le spirituel y eut-il plus ou moins de part que le temporel ?

That is the question.

 

Ce qu'il y a de certain, c'est que la lettre fut égarée par sa destinataire dans les ateliers de la manufacture des tabacs, où elle devint bientôt le secret de Polichinelle.

Nos cigarières ne sont pas discrètes.

C'est là leur moindre défaut, et bientôt la ville entière eut connaissance de l’échantillon de style épistolaire

de l'abbé X.

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La calotte 25 aout 1901.jpg

La Calotte

25 août 1901

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Cet incident, dont la date remonte à plus de deux ans, était pour ainsi dire oublié, quand la pénitente du vicaire acquit tout-à-coup un embonpoint auquel l'usage des farineux paraissait étranger, de l'avis des personnes les moins compétentes.

À tort ou à raison, un rapprochement fut établi entre ce phénomène et le rendez-vous dont je viens de parler et qui n'aurait été, suivant les uns, que le prologue de relations plus intimes.

 

Tel est actuellement l'état de la question.

Rien ne prouve que l'abbé X. ait été coupable d'autre chose que de l'envoi d'une lettre, dont les termes prêtaient à l'équivoque.

Mais rien ne prouve, également, qu'il eût été plus sage que l'un de ses prédécesseurs, inventeur, disent les mauvaises langues, d'un système de télégraphie amoureuse qui l'a fait reléguer dans une bourgade lointaine par son évêque justement courroucé.

 

Dans le doute, abstenons-nous de porter un jugement.

C’est aux intéressés qu’il appartient de faire la lumière et l’autorité ecclésiastique ne peut manquer de le comprendre.

Une enquête sévère lui permettra de donner satisfaction à l’opinion publique en même temps qu’à ceux des prêtres de la ville, qui, n’ayant rien à se reprocher, ont tout intérêt à ce que justice soit faite.

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