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Fenêtre sur le passé
1887
Les logements insalubres
Source – Le Finistère - Juillet - 1887
Article écrit par : L. DECROP, Pharmacien à Quimper, membre du conseil d'hygiène de Quimper
Logements insalubres.
Une des questions qui a le plus sollicité l'attention des médecins, des hygiénistes et des municipalités,
est assurément celle qui à trait aux logements insalubres.
Que d'articles intéressants n'a-t-on pas écrits sur cette matière féconde en tristes conclusions !
Que de statistiques navrantes sont venues éclairer d'un jour sinistre les déplorables conditions d'existence
dans lesquelles vivent certains déshérités de la fortune !
Tel roman à sensation ne doit son succès et sa vogue qu'à la description poignante des terribles dessous
de la misère parisienne et des grands centres.
Mais Paris et les cités manufacturières et populeuses n'ont pas seuls le déplorable monopole de ces situations lamentables ; nulle localité, si petite qu'elle soit, n'y échappe complètement, et il ne nous parait point inutile d'appeler l'attention sur certaines particularités qui ne sont point rares à Quimper.
L'autre jour, nous rencontrions dans un quartier pauvre de la ville un de nos médecins les plus aimés.
« Pourquoi, nous dit-il, ne signalez-vous pas les lacunes hygiéniques de certaines de nos rues ? »
— « Mais, cher docteur, pourquoi n'entreprendriez-vous pas vous-même cette tâche ?
Votre parole autorisée aurait plus d'écho que la nôtre, et vos fonctions, qui vous amènent journellement au chevet
des malheureux, vous ont assurément imposé des observations plus caractéristiques
et plus nombreuses que celles que nous avons pu faire accidentellement. »
— « C'est possible, nous répondit-il, mais lorsqu'on est debout nuit et jour, lorsqu'on rentre chez soi harassé et perclus de fatigue, il reste peu de désir, et surtout de temps, pour coordonner des notes prises au hasard du moment ;
vous avez des loisirs, signalez la question, elle est digne d'intérêt. »
De cette conversation data l'étude que nous apportons aux lecteurs du « Finistère ».
Certes, ils y trouveront bien des choses banales, bien des redites ; nous n'avons aucunement la prétention d'édifier une œuvre nouvelle et inédite ; nous estimons cependant qu'il est bon parfois de repasser par des chemins battus, alors qu'ils aboutissent à un but d'utilité publique.
Quelles sont les conditions les plus vulgaires que l'hygiène impose aux logements affectés aux humains ?
« L'idéal de l'habitation, écrit le docteur Arnoult, serait évidemment une création qui soustrairait l'individu,
les familles et les groupes, à l'action des propriétés physiques de l'air dans la mesure convenable,
ni rien que dans celle mesure, en même temps qu'elle permettrait aux intéressés de jouir de l'intégrité parfaite des propriétés chimiques biologiques de l'atmosphère.
Toute l'hygiène de l'habitation est là : trouver les moyens de satisfaire à celle double exigence, ce sera résoudre le problème ».
Cette définition revient à dire tout bonnement que l'habitation doit être un abri destiné à préserver l'homme
des incidents désagréables, nuisibles ou funestes, issus des intempéries, des perturbations, des oscillations incessantes de l'atmosphère, tout en réservant le milieu ambiant le plus compatible avec la santé
et le fonctionnement de l'organisme humain.
Assurément on peut nous répondre que l'habitation a bien d'autres buts, joue bien d'autres rôles au point de vue des relations, de l'art, de l'industrie, du travail, etc.
Mais c'est là un ordre d'idées qu'il faut traiter à part et qui sort de notre domaine actuel.
Dans un travail aussi restreint que le nôtre, il serait oiseux d'entrer dans certains développements,
qui sembleraient cependant former le côté initial de la question.
C'est ainsi qu'il faudrait des pages entières pour exposer les règles qui doivent ou devraient présider au choix,
à l'aménagement du sol des habitations.
Nul de nous n'ignore les influences du sol sur l'état sanitaire des habitants, par son imprégnation,
par ses émanations, par ses souillures plus ou moins prononcées :
mais presque toujours l'hygiéniste se trouve en présence du fait accompli.
Le constructeur primitif, par ignorance, parcimonie ou préjugé, s'est, la plupart du temps,
médiocrement préoccupé de ce qui a trait à l'assèchement, à la ventilation, à la préparation du sol.
Si, au lieu d'avoir pour objectif des logements déjà préexistants, et depuis plus ou moins longtemps exploités, nous avions à traiter des conditions que doivent réunir les habitations à construire, nous pourrions à ce sujet fournir de nombreux documents ; nous n'aurions, au reste, qu'à nous étendre et à commenter
le Projet de règlement adopté par la Commission parisienne des logements insalubres.
D'un autre côté, si nous faisions un travail complet sur les lacunes hygiéniques que peut présenter l'habitation
en général, nous aurions à passer en revue successivement et les habitations privées et les habitations collectives; il nous faudrait étudier d'une part, les établissements scolaires et militaires, les hôpitaux, les écoles, les prisons, etc. ; d'autre part, les habitations de luxe, les maisons affectées au commerce et à l’industrie, les maisons bourgeoises, etc., etc.; nous aurions à parler des divers modes de ventilation, d'assèchement, d'éclairage, du chauffage; il faudrait nous préoccuper de l'éloignement des immondices, des fumiers et des écuries,
de l'approvisionnement de l'eau, du cubage atmosphérique, du dallage, du carrelage, des revêtements,
des matériaux de construction, sans oublier la disposition des escaliers, des couloirs et corridors,
l'orientation des pièces, la position des portes et fenêtres, la structure des parois et de la toiture,
le choix des peintures, des enduits ou des tapisseries, etc., etc.
Un in-folio suffirait à peine à contenir les observations, critiques, remarques et règles que comporterait un semblable ouvrage.
Notre cadre doit être autrement restreint et modeste
Dans les conditions moyennes de la vie, le logement d'une famille présente une cuisine, une salle à manger,
une pièce affectée au travail, un salon de réception et une, deux, ou plusieurs pièces destinées au coucher ; joignez en outre le local non moins indispensable dont la propreté, la disposition et l’éloignement
ont des rapports si étroits avec la salubrité du logis, c'est-à-dire les latrines ou lieux d'aisance,
et vous aurez dans cette énumération le domaine tout au moins de la médiocrité dorée ;
mais c’est déjà là un logement inaccessible aux bourses de l'ouvrier et du prolétaire.
Dans combien de cas, en effet, ne les voyons-nous pas réduits à une seule et unique pièce qui sert à la fois d'abri, de cuisine, d’atelier et de dortoir ?
Un logement, écrit-on, pour être salubre, doit être sec, proportionnellement spacieux
et avoir surtout le libre accès de l'air et de la lumière.
« A maison obscure, habitants chétifs» : «Où le soleil n'entre pas, entre le médecin. »
Ce sont là des axiomes populaires consacrés par l'expérience, et personne n'ignore combien chétifs, rachitiques et déformés sont les enfants élevés dans des milieux mal éclairés et mal aérés.
Korosi*, en traitant de l'influence des miasmes, a constaté que le danger de succomber à une maladie contagieuse est de 50 pour 100 plus grand dans les chambres mal ventilées et encombrées de population ;
la mortalité par débilité congénitale y est considérable.
* KÖRÖSI J. (1878)
« De l’influence des habitations sur les causes de décès et sur la durée de la vie »
Annales Internationales de Démographie, pp 369-381
Quand on meurt à l’âge moyen de 47 ans dans les logements à deux personnes par pièce, la vie moyenne n'est plus que de 37 ans dans les pièces de cinq à dix habitants et de 32 ans chez ceux qui sont plus de dix par pièce
(O. du Mesnil*).
* Octave du Mesnil 1832 – 1898
Médecin. - Spécialiste d'hygiène publique et des questions sociales, notamment en milieu industriel et ouvrier. Fut maire de Créteil. -
Collabora aux "Annales d'hygiène" et au "XXe siècle"
À plus forte raison, ces chiffres sont-ils applicables aux locaux privés d'air et de lumière.
Signalons encore une statistique établissant (nous n'oserions le croire, si nous n'avions le texte devant les yeux) qu'il se trouve 7,300,000 ouvriers, paysans, prolétaires, mendiants et malheureux habitant en France
219,270 maisons sans fenêtres, sans compter ceux qui vivent dans des milieux à ouvertures
absolument insuffisantes.
Et si l'on nous demande la source de cette statistique, nous répondrons qu'elle émane de comptes- rendus relatifs à l'impôt sur les portes et fenêtres, impôt qu'il ne nous appartient pas de critiquer,
mais qui exerce une influence considérable sur les classes inférieures de la société: ne cherchent-elles pas,
en effet, à s'y soustraire le plus possible, en restreignant les ouvertures et les jours à leur stricte limite.
Si nous consultons le règlement de police de Paris, nous voyons à l'article réservé aux chambres de travail
et de coucher que ces pièces ne doivent pas avoir moins de trois mètres de hauteur
(en pratique cependant on tolère 2,7 m. et même 2,6 m. dans les entresols et à l'otage supérieur).
Plus le séjour dans une pièce doit être prolongé, et plus cette pièce réclame une lumière satisfaisante
et un air purifié.
L'espace, l'orientation, le nombre des ouvertures, l'ameublement, etc., doivent servir de base à la réalisation de ces conditions.
Quelque petite que soit une chambre à coucher, il lui faut au moins une fenêtre,
et cette fenêtre nécessite sans exagération un mètre de largeur.
Combien n'y a-t-il pas de soupentes et de réduits cachés qui ne reçoivent directement aucune lumière;
que d'alcôves hermétiquement closes, que de lits à structure bretonne, véritables pièces à coucher
dans une pièce commune n'ont ni rénovation atmosphérique ni un rayon de soleil ?
Si la chambre est vaste, il faut, dira-t-on, une fenêtre par chaque deux mètres ; il ne faut pas, d'autre part, diminuer exagérément l'espace primitif par l'accumulation de meubles, d'ustensiles,
d'instruments plus ou moins salis et imprégnés de ferments; il importe de ne pas multiplier sans profil les angles, les plis, les étoffes, les cloisons, les boiseries, les surfaces propres à garder et à recevoir les poussières ;
la ventilation doit être assurée par le système combiné de la porte, des fenêtres, de la cheminée ; les corridors,
les paliers, les escaliers seront en bon état de propreté et d'entretien ; les planchers ou le sol rendu aussi étanche et aussi sec que possible, doivent être nettoyés et expurgés avec soin des souillures, les murs blanchis à la chaux (ce qui vaut mieux que des peintures ternies et des tapisseries déchiquetées] ;
le chauffage doit répartir dans le logement une température convenable , sans asphyxier par des torrents
de fumée; les lieux d'aisance doivent être nettoyés et vidangés régulièrement, les eaux ménagères expulsées
et les cours sur lesquelles donnent les ouvertures ne doivent pas laisser s'amonceler les détritus et les ordures
ni séjourner les flaques d'eau croupissante et boueuse.
Tel est, en termes laconiques, l'exposé bien sommaire des conditions réclamées pour assurer la salubrité
d'un logement, si restreint qu'il soit ; encore n'y a-t-il dans cette énumération que le minimum des desiderata formulés par les gens compétents.
Bien d'autres détails, réputés complémentaires, pourraient être réclamés au nom de la salubrité publique.
Et cependant, que de logements ne remplissent guère ce programme !
Que de galetas* de la rue de la Providence, de la rue de la Prison, de la rue Sainte Catherine, du Pichery, de Locmaria, etc , nous pourrions signaler !
* Galetas - Larousse - Logement situé dans les combles ; logement misérable, sordide.
Que de venelles, que d'impasses difformes recèlent des taudis indescriptibles !
Il n'y a pas bien longtemps, au Conseil d'hygiène départemental,
M. Monod*, notre ex-préfet, lisait aux membres présents un long mémoire sur l'épidémie cholérique et ses ravages dans le Finistère, notamment à Quimper.
Suivant pas à pas l'itinéraire du fléau, il en établissait les rapports intimes avec l'encombrement, la malpropreté et la misère des logements; il faisait de certains locaux visités par lui, une peinture navrante : il nous montrait ces cours au sol inégal et fangeux, semées d'immondices de toute nature ; ces escaliers sombres, étroits, branlants sur leurs assises et imprégnés d'odeurs nauséabondes.
* Henri Monod
Il arrive le 23 décembre 1885 à Quimper.
Une épidémie de choléra sévit dans le Finistère principalement dans les ports comme le Guilvinec, Douarnenez et Audierne.
Il va écrire sur cette maladie ; " Histoire d'une épidémie, Finistère 1885-1886" ;
En février 1887 il est nommé directeur de l'assistance publique au ministère de l'intérieur et des cultes
Ces pièces basses d'étage, resserrées et renfermant cinq ou six lits.
Dans ces réduits se fait la cuisine, la toilette (et quelle toilette !), tandis que, pêle-mêle, sèchent à droite
et à gauche des langes et des hardes sans nom.
Aux fenêtres manquent des carreaux, grossièrement remplacés par du papier, du carton, voire même par un tampon de paille ; la porte, fissurée, mal jointe, livre passage aux courants les plus; aigus,
sans parvenir néanmoins à purifier l'atmosphère épaisse et lourde du logis ; les murs grouillent
de tous les parasites de la création et s’incrustent d'une crasse et d'une ordure tellement adhérente
que d'un locataire à l'autre on s'en passe la succession sans chercher à y remédier, et,
considération qui n'est pas sans importance, signalons encore la promiscuité de la famille,
véritable école de dépravation pour les enfants, qui y perdent l'instinct de la pudeur, et où les pères
(les tribunaux en ont assez retenti!) vont parfois jusqu'à corrompre leurs propres filles.
Au cours d'un de nos articles déjà lointains nous exposions ce fait qu'on ne saurait trop méditer.
Dans un de ces logements misérables, venait de mourir du choléra l'aïeule du la famille ; l'inhumation venait d'avoir lieu le lit de la défunte était intact, et sous ses boiseries se trouvaient encore les déjections
et les selles dernières, l'atmosphère était imprégné d'odeurs cadavériques, et néanmoins les parents
et amis venus du dehors n'hésitaient pas à faire les agapes traditionnelles au milieu de toute cette puanteur.
Que faut-il, en la circonstance plaindre le plus, l'ignorance, l'incurie ou la misère ?
Nous en laissons le choix à nos lecteurs.
Dans une autre circonstance, et dans un taudis semblable, se mourait de la fièvre typhoïde
une malheureuse accablée de famille.
Tandis qu'elle agonisait sur son grabat à peine drapé d'une couverture en lambeaux,
et que le mari récemment blessé au cours de son travail se lamentait près d'elle, cinq ou six marmots hâves,
sales et déguenillés, sanglotaient sur leurs misérables couches : dans un coin, une caisse sur laquelle,
dérision amère, se lisaient ces mots : « Savon de Marseille, » contenait une maigrie paillasse
où vagissait un dernier né à peine âgé de quelques mois.
Non loin du Cap-Horn, il nous a été donné de visiter une masure dont l'unique pièce en sous-sol marécageux, abritait deux familles différentes.
Par économie, par insuffisance de ressource, elles avaient réuni leur commune détresse
pour diminuer leur maigre loyer : hommes, femmes, enfants des deux groupes, pêle-mêle, parmi un mobilier réduit à sa plus simple expression, dans une saleté sans nom, au milieu d'une atmosphère tellement vicié tellement nauséeuse, qu'il nous fut impossible d'y résister.
Quelle dégénérescence physique et morale n'est pas la conséquence d'un abaissement à un niveau si bas?
Nous pourrions multiplier ces exemples qui ne sont point rares ; mais cela suffit à édifier nos lecteurs ;
nous ne saurions nous complaire à ces descriptions dont l'horreur n'exclut pus malheureusement la réalité.
Recherchons plutôt les remèdes à cet état de choses.
Ces remèdes peuvent être d'ordre social, politique, économique, matériel et moral.
Il appartient à d'autres plus autorisés que nous de s'occuper de la question au point de vue social,
économique et politique et de rechercher les moyens d'obvier à renchérissement de la vie,
à l'abaissement des salaires, aux difficultés de la crise industrielle et commerciale,
à la concurrence étrangère, etc. ; en un mot, à modifier en bien et à adoucir cet impitoyable combat pour la vie
si âpre et si cruel aux classes pauvres de la société.
Quant au côté matériel, il est surtout le domaine des commissions de logements insalubres.
Rappelons à leur sujet qu'en vertu de la loi du 13 avril 1850, dans toute commune, quelle qu'elle soit,
le conseil municipal, lorsqu'il le juge nécessaire, nomme une commission chargée de rechercher et d'indiquer
les mesures indispensables d'assainissement des logements, dépendances et issues insalubres.
Cette commission a pour attributions de visiter les locaux signalés, de déterminer leurs vices
et leurs défectuosités, d'indiquer les causes à invoquer, les remèdes à appliquer, de produire des observations
et des rapports, destinés à édifier le conseil municipal et à lui de faire prendre les arrêtés jugés opportuns.
« En dehors de Paris, de Lille, et de quelques autres villes privilégiées, dit le Dr A.-.J. Martin,
cette loi demeure lettre morte entre les mains de la presque unanimité des administrations municipales ; leurs commissions d'insalubrité ne se réunissent peu ou pas du tout, n'osent pas grand-chose
et sont en plus paralysées dans leur bon vouloir par le soulèvement d'intérêts privés,
de préjugés absurdes qui se dressent à chaque pas. »
Le fait nous parait éminemment regrettable ; nous souhaiterions un fonctionnement sérieux et régulier ;
car la preuve de l'utilité de ces commissions n'est plus à faire.
A Paris, plus de 4,000 affaires annuelles sont tranchées avantageusement ; à Lille, 1,200 maisons
dans un seul exercice, ont été visitées, assainies et nettoyées au grand bénéfice de la population ouvrière
dont le moindre profit était au moins un blanchissage à la chaux et quelques menus travaux de propreté.
La question du budget, si on l'invoque, nous parait oiseuse ; assurément, l'étude d'un éclairage futur,
de l'électricité, qu'on dit l'éclairage de l'avenir, l'installation de kiosques musicaux,
l'édification de crèches nouvelles pour les enfants, de boites à lettres, voire même la balayeuse mécanique, peuvent être choses utiles; nous estimons toutefois qu'elles sont distancées par la question
des logements insalubres.
Quant aux considérations morales à développer, elles reposent éminemment sur l'instruction répandue
dans les masses, et dans cette Instruction sur l'étude élémentaire des principes de l'hygiène.
C'est par l'instruction qu'on peut combattre l'ivrognerie qui détourne du logis la majeure partie des ressources du travailleur, c'est par l'instruction qu'on peut relever le moral abaissé et lutter contre l'avachissement,
la prostration, le fatalisme, les préjugés de toutes natures si profondément implantés parmi nos, ouvriers ;
c'est toujours par l'instruction qu'on peut vulgariser les notions du salubrité et de santé générales.
Ne trouve-t-on point dans ces notions le respect de soi-même au point de vue physique et intellectuel,
le culte de la propreté, qui devrait être le luxe du pauvre, la connaissance de certains principes médicaux,
si utiles eu temps de maladie ou d'épidémie, l'application de préceptes élémentaires vis-à-vis du l'alimentation,
du vêtement, du travail, de la profession ? etc., etc....
Nous ajouterons que, quand l'instruction aura fait comprendre à l'ouvrier, au prolétaire, aux petits en un mot, qu'elle leur ouvre à eux et à leurs enfants, s'ils sont courageux, économes, travailleurs, la carrière et l'avenir,
nous verrons disparaître ou tout au moins diminuer la haine farouche contre le capital, les convoitises ardentes
et les passions rancunières qu'excitent si malheureusement tant de déclamateurs sans convictions
et tant d'ambitieux sans pudeur.
L'Allemagne, s'écrie-t-on, doit ses succès, son renom, son avancement, ses lumières, à ses instituteurs.
Nos instituteurs ne sont pas, que nous sachions, inférieurs aux instituteurs allemands et ils continueront,
comme par le passé, à se montrer à la hauteur de leur tâche.