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Fenêtres sur le passé
1886
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Une visite à l'usine d'électricité de Châteaulin
Source : Le Petit Brestois août 1886
Une visite à l’usine d’électricité de Châteaulin
Châteaulin, 30 juillet 1886.
Mon cher Directeur,
Voulez-vous faire partager à nos brestois l'admiration dont j'ai été saisi en voyant ce que peut faire
l'intelligente initiative de quelques personnes.
Pendant que nous hésitons encore à abandonner l'éclairage si défectueux du gaz,
la petite ville de Châteaulin va de l'avant.
J'ai visité aujourd'hui les travaux de la future usine et je vais vous faire part de mes impressions.
J'ai regretté de ne pas rencontrer M. Lamy, mais il était justement à Brest, convoqué par le Comité.
On se rend à l'usine le long du canal, à l'ombre de grands arbres et des hauts sommets du Menez-Hom
jusqu'à l'écluse de Coatigrach !
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Les travaux de fondations et de prise d'eau
sont entièrement terminés ;
du reste le chômage va cesser et sans l'infatigable activité de M. Gassis, architecte et administrateur de la société,
on n'aurait pas pu exécuter ces travaux cette année.
M. Gassis nous a donné des renseignements
très intéressants sur toute l'installation.
Il nous a raconté tout son voyage
avec un autre administrateur, voyage entrepris
pour se rendre compte des différents systèmes et de leurs qualités.
Nous avons rencontré, m'a-t-il dit, une ou deux choses excellentes dans chacun des systèmes établis
et le résumé de nos recherches semble s'être concentré dans le projet que nous a présenté M. Lamy.
C'est pourquoi nous l'avons accepté à l'unanimité.
Nous étions allés jusqu'à Genève où nous avons visité les ateliers de construction des machines dynamo Thury
et ce sont celles qui nous ont le plus séduits.
Aussi en voyant que M. Lamy, en homme du métier, avait les mêmes idées, nous avons traité immédiatement avec lui.
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Les lampes qu'il emploie ont aussi une grande importance
dans une distribution d'électricité comme la nôtre dans laquelle
il s'agit de répartir environ 300 lampes
sur un réseau de près de dix kilomètres de fil.
D'après ce que nous avons saisi des explications de M. Lamy,
ces lampes ne demandent qu'un très faible débit d'électricité
et exigent conséquemment moins de grosseur de fil.
Du reste, nous sommes bien tranquilles.
Il est actionnaire comme nous autres,
et s'il ne s'en tirait pas à notre entière satisfaction,
ce serait un malhonnête ou un maladroit
et nous sommes certains qu'il n'est ni l'un ni l'autre.
M. Gassis m'a montré les différents plans de l'usine :
l'aspect en sera très coquet en même temps que très simple,
car la société s'est créée au strict capital nécessaire
et il ne faut pas faire de folles dépenses.
À ce propos-là il est peut -être un peu à regretter
que l'installation municipale ne soit pas un peu augmentée.
Les quelques lanternes à pétrole qui existent sont disséminées bien rares et il parait qu'on se sert du même matériel.
En un mot, on veut faire ici quelque chose de pratique plutôt
qu'un éclairage à sensation.
C'est cependant toute une révolution pour notre Bretagne !
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René Thury,
ingénieur suisse
né le 7 août 1860 à Plainpalais (Suisse)
mort à Genève (Suisse) le 23 avril 1938
Passez du goulou roussine (chandelle de résine) à la lumière brillante et pure des lampes à incandescence,
c'est tout simplement renversant, et il y aura des milliers de visiteurs le jour de l'inauguration
qui aura lieu certainement avant la Toussaint.
C'est du moins ce que m'a affirmé M. Gassis d'après les engagements que M. Lamy
s'est réservés avec le constructeur de la turbine, M. Lemoine de Rennes.
Le retour s'est effectué tout le long d'un chemin creux que doit parcourir la ligne aérienne
pour laquelle il faut un gros câble de près de trois kilomètres de longueur.
Je suis revenu émerveillé de cette innovation :
pendant que toutes les grandes villes sont encore dans le tâtonnement,
la petite ville de Châteaulin se pose le problème et …… le résout.
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