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Fenêtres sur le passé
1886
Un forgeron tue sa femme à Irvillac
À lire
en fin de page
Source : Le Finistère avril 1887
Couchouron, Jean François, 39 ans, forgeron, demeurant à Irvillac, est accusé d'avoir :
À Irvillac, le 4 décembre 1886, volontairement donné la mort à Marie-Louise Tréguer, son épouse.
L'accusé habitait avec sa femme et ses enfants au village de Pen-ar-Pont, en la commune d'Irvillac,
où il exerçait le métier de forgeron.
Le 4 décembre 1880, après être allé à diverses reprises boire pendant la matinée,
il rentra vers midi et prévint sa femme qu'il était inutile de lui préparer son repas.
Il retourna de nouveau au cabaret, puis revint dans sa chambre et réclama son dîner.
Deux de ses enfants se trouvaient, en ce moment, dans cette pièce.
Après avoir échangé quelques propos avec sa femme, qui était assise sur un banc dans l'intérieur de la cheminée
et qui lui reprochait ses fréquentes visites au cabaret, Couchouron saisit un fusil accroché au plafond.
Il mit en joue cette malheureuse et la visa longuement
à la tête en s'écriant :
« qu'il y avait encore un coup dedans qui ne serait pas mauvais pour aller dehors.»
Effrayée, la femme Couchouron leva le bras droit
pour se protéger, mais au bout de quelques instants,
habituée à ces scènes violentes de la part de son mari
et croyant encore à de simples menaces,
elle laissa retomber son bras.
C'est alors que le meurtrier pressa la détente et fit feu.
La victime tomba foudroyée sans même pousser un cri.
Le coup chargé à plomb et tiré à bout portant avait fait balle ;
il avait fracassé la joue droite en formant une plaie béante de la largeur de la main ;
la base du crâne était brisée.
L'autopsie a révélé, en outre, que la femme Couchouron était enceinte.
Aussitôt Couchouron remit froidement son arme en place et força ses enfants à quitter la maison.
Il partit lui-même, en fermant sa porte à clef, et alla se constituer prisonnier à la gendarmerie de Daoulas.
L'enquête a démontré que Couchouron n'était point en état d'ivresse.
Il a avoué les faits, mais il a prétendu qu'il avait été exaspère
par les reproches et les menaces de sa femme qui déjà auparavant avait cherché à l'empoisonner.
Toutes ces allégations ont été démenties par les déclarations
des témoins qui s'accordent à reconnaître que la victime
était une femme sobre, laborieuse, économe
et d'une excellente réputation.
L'accusé au contraire est paresseux, ivrogne et redouté.
Il rendait sa femme très malheureuse et se montrait vis-à-vis d'elle d'une brutalité inouïe.
Déjà en 1883, le tribunal de Brest l'avait condamné pour violences envers elle à six mois d'emprisonnement.
M. Fretaud, procureur de la République prononce un réquisitoire éloquent et sévère contre l'accusé.
Me Verchin, défenseur, réclame l'indulgence du jury et plaide les circonstances atténuantes.
Le jury les refuse dans un verdict affirmatif.
En conséquence, Couchouron est condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Bagne Guyane
Embarqué le 1 octobre 1887
Décédé à Cayenne le 22 mars 1890