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Fenêtre sur le passé

1881

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Un  voyage à Quimper sous la Révolution

Source : Le Finistère, juillet 1881

 

Un voyage à Quimper sous la Révolution.

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Le Finistère a déjà publié et publiera encore bien des documents ou renseignements intéressant

l'histoire de Quimper.

 

Celui que nous exhumons aujourd'hui n'a guère d'autre intérêt que celui de son style, emphatique et déclamatoire comme l'est en général le style des livres publiés sous la Révolution.

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Il a pour titre : Voyage dans les départements de la France, enrichi de tableaux géographiques

et d'estampes, par les citoyens J. La Vallée, ancien capitaine au 46e régiment, pour la partie du texte ;

Louis Brion, pour la partie du dessin, et Louis Brion père, pour la partie géographique ;

à Paris, chez Brion, Buisson et Desenne, 1794, l'an second de la République.

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Un vers du Centenaire de la liberté, poème dramatique de J. La Vallée, l'auteur du livre «pour la partie du texte» lui sert d'épigraphe :

L'aspect d'un peuple libre est fait pour l'univers.

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Voilà un vers profond, et qui a besoin qu'on se recueille pour le comprendre.

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Eh bien, tout l'ouvrage est écrit de ce style et sur ce ton.

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Aussi n'abuserons-nous pas des citations, qui pourraient devenir fastidieuses, et nous contenterons-nous de détacher,

entre tant de passages éloquents, celui que l'ancien capitaine

du 40e consacre à notre pays

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— tout en protestant d'avance contre plusieurs de ses assertions :

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 « Quimper, longtemps appelé Quimper Corentin, et que l'on écrit assez communément Kimper, est le chef-lieu de ce département.

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On regardoit jadis cette commune comme la capitale de la Basse-Bretagne.

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Quoiqu'assez peuplée, elle est peu riche, peu commerçante,

et son territoire est peu fertile, mais les pâturages sont excellents,

et les chevaux que l'on y élève, quoique de la petite espèce,

sont renommés pour leur nerveuse vélocité.

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ca. 1890 and ca. 1900

Library of Congress

Prints and Photographs Division Washington, D.C

«Une cathédrale gothique, dont le frontispice vient de porter avec étonnement le titre

de temple à la raison (sic), et, malgré son antiquité, pour la première fois sans doute

celui de temple de l'Éternel, est le seul monument qui mérite quelqu'attention.

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Elle étoit dédiée à un saint Corentin, car telle étoit l'expression usitée dans la langue mesquine du sacerdoce.

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On reconnaît dans l'idiome sacerdotal cette trivialité politique dont il usait pour avilir,

pour dégrader l'homme.

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Et l'ex-capitaine part de là pour se lancer dans une digression déclamatoire,

couronnée par cette conclusion triomphante, mais obscure:

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«L'oreille est l'œil de l'âme, comme l'œil est souvent l'oreille de la sensibilité.»

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Comprenne qui pourra.

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Sur l'histoire de Quimper pendant la Révolution, pas un mot.

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En revanche, un long récit du siège et du sac de Quimper par Charles de Blois,

nouveau thème à déclamations larmoyantes.

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Et pourtant, le citoyen J. la Vallée est plus pratique qu'il n'en a l'air : jetant un regard d'admiration

sur les bois magnifiques dont le Finistère est couvert, il déplore qu'on les laisse «morosifs»(?)

sur le sol qui les produit, tandis que l'on va chercher à grands frais dans le Nord des bois de construction.

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«Si l'on ouvroit des débouchés, si l'on rondoit, par exemple,

la petite rivière de Châteaulin navigable jusqu'à Carhaix,

et mêmes plus haut, c'est-à-dire dans un espace de dix-huit

ou vingt lieues, ce qui est très possible ;

enfin si l'homme, s'occupant moins de la délicatesse

des perdrix de ce même Carhaix et de la bonté des saumons

de cette même rivière de Châteaulin, se tourmentoit un peu plus

de l'intérêt de la chose publique, ce département ne verrait pas mourir sur son sein des richesses qu'il étale vainement aux yeux de ses habitants …

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05338v.jpg

ca. 1890 and ca. 1900

Library of Congress

Prints and Photographs Division Washington, D.C

Rien n'est étranger, rien n'est impossible à ce peuple ; et cependant, parcourez toutes les petites villes

ou communes de ce département, Lesneven, Pont-Croix, Châteaulin, Quimperlay, etc.,

vous trouverez partout l'industrie productive faible, décharnée et malingre.

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Seroit- il vrai que l'homme ne fût mu que par deux sentiments, se défendre et se battre ?

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La conviction serait affligeante.»

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Nous aurions laissé le capitaine la Vallée s'affliger tout seul, s'il ne nous avait paru curieux de mentionner un factum dont nous n'avons pas vu l'indication ailleurs, et que rehaussent des croquis vraiment fantastiques 

qe Quimper, Châteaulin, Brest et Morlaix.

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