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Fenêtres sur le passé

1880
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La santé à la campagne

Source : Le Finistère février 1880

 

La santé à la campagne

 

Je crois qu'il est bon de faire connaître aux gens de la campagne la manière de conserver la santé. 

Ces avis sont très-faciles à suivre, sans détourner l'homme de ses travaux. 

Il y a certaines maladies que l'on pourrait éviter si l'on voulait se mettre sur ses gardes et être sage.

 

Il faut savoir d'abord que là où il y a des trous d'eau pourrie, pleins de miasmes, des fondrières, des marais,

il se déclare, lorsque l'été arrive, des maladies et particulièrement des fièvres qui durent souvent très-longtemps.

 

Ces fièvres conduisent au tombeau une foule de vieillards et de jeunes enfants.

 

Ceux qui sont forts et au milieu de la vie, ne meurent pas, mais ils perdent leurs forces

et deviennent incapables de travailler.

 

Souvent, pour se préserver de ces fièvres pernicieuses, il n'y aurait qu'à vider ces trous d'eau, ces fondrières,

ces marais infects qui entourent les fermes ;

il faudrait aussi approprier le devant de la maison et laisser le purin courir sur une prairie quelconque au lieu de le laisser s'amonceler. 

Mais les gens sont si peu soucieux de leur santé, qu'ils ne veulent pas se donner cette peine ;

et cependant tout serait plus propre, et plus sec autour de leurs habitations ;

leurs prairies seraient plus grasses et eux-mêmes auraient plus de santé.

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Pour couper la fièvre, il y a un remède excellent que l'on appelle

sulfate de quinine.

 

Vous entendez souvent dire : le médecin m'a donné des remèdes

qui m'ont coupé la fièvre, mais elle est revenue.

 

Ces gens ne savent pas que pour être bien guéri, il faudrait prendre

ce médicament pendant un certain temps, d'abord tous les huit jours; après, tous les quinze jours et enfin tous les mois, jusqu'à l'hiver ;

alors la fièvre ne reviendra plus.

 

Une terrible fièvre, ou pour mieux dire une terrible maladie

appelée fièvre typhoïde fait périr une foule d'individus.

 

Souvent quand elle entre dans une maison, elle frappe l'un après l'autre, tous les membres d'une même famille, et elle ne cesse souvent que lorsqu'elle a envoyé en terre plusieurs personnes.

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Cette terrible maladie provient très-souvent, comme je l'ai déjà dit plus haut, de la manière dont sont entretenues

les maisons à la campagne, de ces miasmes fétides qui sortent de ces trous d'eau que l'on trouve auprès des fermes, surtout en Bretagne, le mauvais air que l'on ne peut renouveler dans ces pauvres maisons qui n'ont d'autre ouverture qu'une petite fenêtre.

 

Ajoutez à cela une nourriture trop peu substantielle et de temps à autre, des ventrées d'eau-de-vie ;

avoir froid après avoir eu chaud, suer beaucoup en travaillant. 

Tout cela est capable de donner à un homme la fièvre typhoïde et même d'autres maladies aussi terribles.

 

Je tiendrai donc à ce que j'ai dit : il faut assainir le dehors des villages, combler les trous d'eau et les marais infects. 

Tout cela est facile à faire et occasionnerait peu de frais ; il faut donner plus d'air à l'intérieur des maisons,

agrandir les fenêtres pour avoir plus de jour, et laisser le soleil y pénétrer.

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Dans des lits clos, le malade ne respire qu'un mauvais air, Il faut l'en retirer et le mettre dans un lit découvert : ce sera plus sain pour lui, et en même temps, on pourra le soigner plus facilement.

 

Pendant l'été, le laboureur fera bien de se garantir du froid

après avoir eu trop chaud ; il ne doit pas s'asseoir sur la terre mouillée,

ou froide, ni rester en plein vent quand il sue, ne pas se placer dans,

un courant d'air entre deux portes ouvertes vis-à-vis l'une de l'autre,

comme il y en a à la campagne.

 

Ce froid que l'on attrape dans les courants d'air est traître.

 

Au printemps, les matinées sont fraîches, ainsi que les soirées,

le milieu de la journée est tiède.

 

Quand l'air commence à se refroidir, on doit, à cette époque de l'année, remettre les habits que l'on a ôtés dans la journée : sans cette précaution,

on risque d'avoir des points de côté, et ce qui serait plus grave, une fluxion

de poitrine, maladie fréquente à cette époque de l'année et qui tue une foule d'individus, lorsqu'ils ne sont pas soignés et médicamentés à temps.

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C'est encore une très mauvaise chose de boire de l'eau pure en cessant de travailler ;

il faudrait diminuer l'inconvénient de l'eau froide en y ajoutant soit du vinaigre, soit du cidre ou de l'eau-de-vie ; néanmoins il faudrait modérer le désir de se désaltérer.

 

Dans bien des pays, on ne porte pas de bas, on est nu-pieds été et hiver, cette coutume est très-mauvaise

surtout pour les enfants, les gens faibles et maladifs.

 

C'est encore une très-mauvaise chose, au retour du travail, de ne pas changer d'habits,

surtout si l'on est mouillé par la pluie ; de cette façon on s'attire une foule de maladies :

la toux, des points de côté, des rhumatismes, des maux de ventre et bien d'autres douleurs.

 

Ces maladies sont causées aussi par des excès de boisson et surtout par l'eau-de-vie.

 

Nous ne pourrions trop recommander aux gens de la campagne de ne pas trop boire, de ne pas se soûler si souvent, enfin de n'être pas les ennemis de leur santé.

 

On a dit avec vérité que la boisson tue plus de monde que la guerre.

 

Parmi les ivrognes, on voit souvent s'élever des batailles, dont les suites sont funestes,

car elles causent bien des meurtres.

 

L'ivrogne s'habitue vite à la paresse, il quitte facilement son travail,

il perd son temps, se ruine et se trouve bientôt réduit à la mendicité ainsi que sa famille.

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Le vaccin.

 

Autrefois, la petite vérole était plus terrible qu'aujourd'hui ;

elle n'est plus si affreuse depuis qu'on vaccine les enfants ;

cependant, on voit des personnes vaccinées atteintes

la petite vérole ; mais elle n'est pas aussi terrible et les traces

qu'elle laisse ne sont pas aussi hideuses.

 

Ordinairement, quand la petite vérole vient à se répandre

dans une localité, c'est que les parents n'envoient pas leurs enfants trouver deux fois celui qui les a vaccinés, pour savoir si le vaccin a bien pris et si les tumeurs faites par chaque piqûre ont bien abouti.

 

On ne doit pas s'approcher, sans nécessité, des malades

atteints de la petite vérole.

 

C'est ainsi que la maladie se propage :

il en est de même des maladies contagieuses.

 

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Le plus mauvais usage, celui qui fait le plus de mal et qui répand le plus la maladie dans le pays,

c'est de veiller des gens morts de cette maladie.

 

C'est au moment où le malade est en voie de guérison qu'on est le plus exposé à la contagion ;

c'est alors qu'on doit rester le moins possible auprès du malade et faire en sorte de ne pas se trouver en contact

avec lui, car il n'a plus autant besoin de secours que lorsqu'il était au fort de la maladie.

 

Les draps qui ont servi au malade doivent être jetés dans une eau courante pendant quinze jours

avant de passer à la buée.

 

La bale de la couette devra être jetée dehors et brûlée.

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La rougeole

 

La rougeole n'attaque ordinairement que les enfants,

ce n'est pas une grave maladie, il n'y a qu'à prendre des choses chaudes

pendant qu'elle dure et faire attention à l'air extérieur.

 

Quand les enfants toussent, ils ne doivent sortir que par un temps chaud,

ni boire rien de froid.

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