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Fenêtres sur le passé

1879

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Héroïsme d'un matelot Breton de l'Arrogante

Source : Le Petit Brestois avril 1879

 

Trait d'héroïsme d'un Matelot Breton de l’Arrogante.

 

Au moment où l'Arrogante sombra,

dit un journal de Toulon, deux lieutenants de vaisseau

et un matelot breton réussirent à s'emparer

d'une échelle et s'y cramponnèrent.

 

Secoués par des vagues épouvantables,

les forces commençaient à manquer

à ces trois malheureux qui, appuyant alors trop fortement sur leur frêle épave, allaient couler avec elle.

 

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À ce moment, le brave matelot breton, s'adressant à ses deux officiers, leur dit :

 

« Messieurs, l'un de nous est de trop ici, je pars à la grâce de Dieu»

 

Et il disparut dans les vagues !

 

Cette noble action ne sauva pas les officiers.

 

L'échelle seule fut retrouvée sur la plage.

 

Quant au matelot, il avait pu gagner la terre, sain et sauf.

 

La mer ne veut pas rendre les corps.

 

Quinze sur quarante-quatre ont été retrouvés, et, parmi eux, un seul officier, M. Michel d'Annonville,

dont la malheureuse femme attendait le corps à Hyères.

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L'enterrement de cet officier a eu lieu lundi.

 

Toutes les autorités, la population entière,

la colonie étrangère accompagnaient les trois cercueils qui disparaissaient sous les fleurs et sous les palmes.

 

Mme d'Annonville, qui avait voulu assister

à cette douloureuse cérémonie,

s'est évanouie dans l'église,

et on a dû la transporter dans une maison voisine.

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Les journaux de Paris ont rendu un hommage légitime

à la bravoure de nos marins et au courage indomptable qu'ils déploient devant les dangers redoutables,

et nous ne pouvons que répéter ce qu'ils ont déjà proclamé :

« Dans cette catastrophe, qui a fait tant de victimes, où les officiers de marine et les matelots ont si noblement et jusqu'au bout fait leur devoir, il y a des actes de dévouement, d'abnégation et d'héroïsme, qui jettent sur ce deuil national, je ne sais quelle impression de grandeur morale. »

 

« Nos marins, on ne saurait trop le redire, sont des exemples de discipline et de devoir. »

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Source : Le Finistère mars 1879

 

Naufrage de L'ARROGANTE.

 

L'Officiel du 21 mars a annoncé ce malheur

dans les termes suivants:

 

Le ministre de la marine vient de recevoir

un télégramme l'informant que la batterie flottante l’Arrogante a sombré sur la rade des îles d'Hyères, mercredi, pendant un coup de vent. 

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On sait que quatre-vingt-quatre hommes de l'équipage ont été sauvés ;

et comme plusieurs d'entre eux ont été recueillis par les habitants de la côte,

on fait des recherches pour retrouver les manquants.

 

On télégraphie de Toulon, à la date du 20 mars : 

Cette nuit, par une tempête épouvantable, une terrible catastrophe est arrivée aux îles d'Hyères.

 

L'Arrogante, batterie flottante cuirassée, ne pouvant plus tenir sous une mer impétueuse,

cherchait à s'échouer sur la plage de la Badine.

 

Prise en travers par les vagues au moment de la manœuvre,

les officiers qui se trouvaient sur la passerelle ont été enlevés, et l’Arrogante a sombré par douze mètres de fond.

 

Sur les cent vingt-deux hommes qui formaient l'équipage,

quatre-vingt-quatre ont pu gagner la côte à la nage, trente-huit sont noyés, plus cinq officiers,

MM. Paul, Paturel, Ribes et d'Arnonville, lieutenants de vaisseau, et Thouar, médecin de marine.

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Le commandant, M. Artiguenave, capitaine de frégate,

se trouvait à bord de l'Implacable, annexe de l'Arrogante, qui a tenu bon devant la tempête avec la Souveraine,

le Janus et la Flore, mais malheureusement

ils n'ont pu porter secours au navire en péril.

 

On espère pouvoir renflouer le navire.

 

La consternation est générale dans la ville.

 

L'Arrogante était une batterie flottante en fer,

du type modifié des batteries qui avaient été construites pour la guerre de Crimée

et dont il reste un spécimen au port de Brest, le Refuge

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Elle avait une plate-forme en contre-bas de la batterie, à l'avant et à l'arrière,

ce qui lui donnait l'apparence d'un fer à repasser, expression dont se servaient les marins pour désigner

les nouvelles constructions comparées aux précédentes.

 

Elle avait été construite à Nantes, du mois de mars 1862 au mois de juin 1864,

d'après les plans et devis de M. l'ingénieur de la marine Lemoine.

 

Sa machine à deux hélices, d'une puissance nominale de 120 chevaux, avait été fournie, par le Creuzot.

 

Armée pour la première fois au mois de septembre 1866, au port de Lorient, pour essais, elle réarma en octobre 1869, sous le commandement de M. Gaude, capitaine de frégate, et au mois d'août 1870, sous celui de M. Vautré,

officier du même grade.

 

Elle fut désarmée à Brest, au mois de novembre de cette même année, où elle resta en réparation

ou en réserve jusqu'au mois de Juillet 1870.

 

À cette date, elle fut armée de nouveau, sous le commandement de M, Miet, capitaine de frégate, pour être conduite à Toulon et remplacer l'Implacable, bâtiment du même type, comme annexe au vaisseau école des canonniers.

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Pour faire la traversée dangereuse de Brest à Toulon, eu égard à la construction spéciale de ce bâtiment,

on le fit convoyer par le stationnaire à vapeur de Lorient l'Eumènide.

 

L'Implacable avait fait la même traversée en 1871.

 

Les types de cuirassé-canonnière de cette époque,

n'étalent ni de fait ni d'intention des bâtiments capables de tenir la mer.

 

Ils devaient être remorqués à leur poste de combat et se servir de leur moteur à vapeur

pour faire les évolutions commandées par la circonstance ;

c'est ce qui ressort de leur dimension et de leur forme.

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L'Arrogante avait les dimensions principales suivantes :

La longueur de quille, 43 métros.

Largeur au maître-coupe, 14 m. 60.

Profondeur de la carène, 2 mètres 95.

Tirant d'eau, arrière, 3 m. 24.

Tirant d'eau, avant, 1 m. 6o.

Déplacement, 1,540 tonneaux métriques.

Épaisseur de la cuirasse, 12 centimètres.

Artillerie, 3 canons de 24 centimètres dans la batterie

et 4 de 12 c. sur le pont avec pivot de giration et plateforme.

La mâture, comprenant grand-mât, mât du misaine

et beaupré, pouvait porter 208 métros carrés de toile.

À la machine, la plus grande vitesse

était de 6 nœuds en calme.

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