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Fenêtres sur le passé

1878

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Un taureau fou en gare de Quimper

Source : Le Finistère novembre 1878

 

Un taureau fou en gare de Quimper

 

Le quartier de la gare a été, dimanche soir, le théâtre d'un drame des plus émouvants.

 

À cinq heures moins quelques minutes, au moment du passage du train venant de Brest et se dirigeant sur Lorient,

un taureau furieux, échappé des mains de ses conducteurs, fit tout à coup irruption dans la cour des voyageurs, bousculant et renversant tout ce qu'il trouvait sur son chemin.

 

Trois personnes, surprises au milieu de la panique générale,

furent atteintes assez grièvement par les coups de tête du dangereux animal.

 

Elles purent néanmoins se, relever et se garer tant bien que mal, l'une en grimpant sur un arbre,

l'autre en franchissant une des barrières, la troisième en se réfugiant dans une maison voisine.

 

Cependant, quatre hommes, armés de fusils de chasse, et poursuivant le taureau,

avaient pénétré dans la cour des marchandises, et de là, abrités derrière des paniers à poissons,

des fûts vides et les palissades, commençaient un feu nourri contre la bête menaçante.

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On se fera une idée de l'émoi dans lequel cet incident plongea tout le quartier, en songeant que cette fusillade,

dura plus de cinq minutes, et que le taureau n'essuya pas moins de quinze ou vingt coups de feu dont chaque décharge

ne faisait que l'exaspérer davantage :

en effet, les fusils n'étaient chargés qu'à petits plombs,

et les chasseurs ne pouvaient guère s'approcher

de leur cible mobile de plus près que cinquante mètres.

 

Gare-Quimper.jpg

Il était impossible de laisser se prolonger davantage une situation qui devenait d'autant plus dangereuse

que les chevaux des omnibus n'avaient pu être abrités et que, d'autre part,

plusieurs personnes, fuyant dans l'avenue de la gare, avaient reçu des grains de plomb dans leurs vêtements.

 

Le train parti, M. le chef de gare fit cesser le feu, s'arma, à son tour, d'un fusil,

donna au gendarme de service un pistolet à deux coups, et s'avança dans la cour de la gare au-devant du taureau.

 

L'animal, surpris, fit un bond furieux dans la direction de ses agresseurs.

 

Une balle tirée par M. Chrétien l'atteignit à l'épaule et l'arrêta un instant.

 

Mais avant qu'un second coup de feu eût mis fin à cette scène,

le taureau fondit tête baissée sur M. Chrétien et sur le brave gendarme qui purent, heureusement, se réfugier dans l'angle du mur de la gare.

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Enfin, devant les salles d'attente, M. Chrétien parvint à loger sa seconde balle au défaut de l'épaule …..

le taureau tomba comme une masse puis se releva,

fit encore un ou deux bonds, et retomba.

 

Le gendarme se précipita alors, saisit bravement l'animal par les cornes et l'acheva en lui plongeant à deux reprises différentes

son sabre-baïonnette dans le col.

 

Cette lutte effrayante, qui se termina fort heureusement

sans accidents graves, n'avait pas duré moins de vingt-cinq minutes.

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Taureau.jpg
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