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Fenêtres sur le passé

1878

​

La guillotine à Morlaix

​

Plougonven, assassinat d'une vieille tante

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Source : Le Finistère avril 1878

 

Trois accusés comparaissent devant le jury sous l'inculpation d'assassinat et de complicité.

 

Сe sont :

 

1° - Denis, Yves-François, âgé de 33 ans, cultivateur, né à Plouigneau,

et demeurant au village de Kervigaoué en Saint-Eutrope, commune de Plougonven

 

2° - Larhantec, François-Marie, âgé de 41 ans, domestique de ferme, né et demeurant à PIougonven.

 

3° - Simon, François-Marie, âgé de 20 ans, domestique de ferme, né à Plounéour-Ménez, et demeurant à Plougonven.

 

Larhantec et Simon sont les domestiques de Denis.

 

Sur les accusés, pèsent les accusations suivantes :

Denis est accusé d'avoir, le 15 décembre 1877, dans la commune de Plougonven, commis volontairement,

avec préméditation et guet-apens, un homicide volontaire sur la personne, de Jeanne Le Roux.

 

Larhantec et Simon sont accusés de s'être rendus complices de cet assassinat.

 

Voici, d'après l'acte d'accusation, les détails de ce crime abominable :

 

Le dimanche 16 décembre 1877, vers 7 heures du matin, Alain Le Rest et François Le Hénaff trouvèrent dans un fossé bordant la route de Saint-Eutrope à Morlaix, le cadavre d'une femme qui fut immédiatement reconnue

pour être une nommée Jeanne Le Roux, âgée d'environ 60 ans.

​

Les vêtements n'étaient pas en désordre,

mais la tête reposait dans une mare de sang, et,

bien que le corps ne portât pas de traces apparentes de violences, on n'hésita pas à attribuer à un crime la mort de cette femme.

 

L'autopsie, pratiquée le lendemain, établit qu'elle avait succombé

à la suite de coups portés sur la tête avec une extrême violence.

 

On ne connaissait pas d'ennemis à Jeanne Le Roux.

 

Mais on savait qu'elle avait donné son bien,

à charge d'une rente viagère de 300 francs,

à l'une de ses nièces mariée à un nommé Yves Denis.

 

La rumeur publique accusa immédiatement cet homme d'avoir assassiné la tante de sa femme, pour se libérer du service de la rente dont il supportait impatiemment le fardeau.

 

Dès le mois de juillet 1877,

Denis avait laissé percer ses préoccupations homicides

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et s'était écrié devant les nommés Paris, Garrec et Dinahat ;

« Je donnerai cent écus à celui qui tuera ma tante ! »

 

À diverses reprises, dans ses conversations avec Paris, qui était alors son domestique,

Denis était revenu sur cette idée.

 

Il lui avait promis de l'argent et un habit s'il voulait exécuter le crime.

 

Souvent il avait gravement maltraité Jeanne Le Roux.

 

Un jour, vers le milieu de septembre 1876, elle s'était réfugiée chez le sieur Le Sénéchal .

 

« Au nom de Dieu, ouvrez-moi, disait-elle, j'ai peur d'être tuée par mon neveu. »

 

Une autre fois elle avait dit encore à la femme Garrec:

« J'aurai une mauvaise fin, Marie. Tâchez tous de plaire à Denis ;

on ne saurait trop faire pour contenter les mauvais.

Dieu veuille que rien ne m'arrive ! »

 

Interrogé parle juge d'instruction, Denis déclara que Jeanne Le Roux était sortie de chez lui le samedi soir,

vers 7 heures, et qu'il ne l'avait plus revue qu'après sa mort.

 

Or, il avait dit devant plusieurs personnes, au moment où il avait été mis en présence du cadavre,

que la victime était venue le matin même pour prendra un pain qu'elle avait oublié la veille.

 

Il fut mis en état d'arrestation.

 

Le lendemain matin, le brigadier de gendarmerie fut informé que, pendant la nuit, un nommé Larhantec,

domestique de Denis, avait, en présence de plusieurs personnes,

accusé son maître d'être l'auteur de la mort de Jeanne Le Roux.

​

Denis, en apprenant que son domestique l'avait dénoncé,

se décida à faire des aveux qui amenèrent l'arrestation

de Larhantec et d'un autre domestique nommé Simon.

 

Au moment où le crime fut commis, Larhantec était au service

de Denis depuis trois mois, et Simon depuis quinze jours.

 

Dès leur entrée chez lui, Denis les entretint du désir qu'il avait

de se débarrasser de Jeanne Le Roux,

pour n'avoir pas à lui payer la route qu'il lui devait. 

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Différentes fois, il les engagea à la tuer, et leur promit de l'argent s'ils le faisaient.

 

Chaque jour il revenait sur ce sujet, et chaque fois qu'il voyait Jeanne Lo Roux, il leur répétait :

« Allons ! Faites le coup! »

 

Larhantec et Simon ne repoussaient pas ces avances ;

ils causaient volontiers du crime et en combinaient les moyens d'exécution.

 

Ils accepteront même, le 2 décembre, chacun une somme de 15 francs, à valoir sur celle que Denis leur promettait.

 

Enfin, le 14 décembre, Denis leur annonça que, le lendemain,

il amenait à Morlaix sa femme et sa belle-mère, et il les engagea à profiter de cette circonstance

pour tuer Jeanne Le Roux qui viendrait chez lui pour soigner ses enfants.

 

Ils promirent de le faire, et renouvelèrent cette promesse le lendemain matin, au moment du départ de leur maître.

​

Celui-ci revint vers 5 heures, et demanda si la chose était faite :

« Non, répondirent les domestiques.

À jeun, nous n'aurons jamais le courage. »

 

« Je le ferai moi-même tout-à-l ‘heure, » dit Denis ;

« vous viendrez avec moi pour m'aider au besoin,

je vous donnerai 50 écus, et je vous ferai boire deux gouttes

pour que vous ayez du cœur. »

 

Ils y consentirent. 

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Il fut donc convenu qu'ils quitteraient la maison, peu après leur maître, armés de piquets de charrette.

 

À souper, Denis but de l'eau-de-vie et en fit boire à ses deux domestiques.

 

Il sortit de bonne heure, laissant chez lui Jeanne Le Roux, qui couchait les enfants.

 

Il traversa plusieurs champs et vint s'agenouiller derrière un fossé, sur le bord de la route que Jeanne Le Roux

devait nécessairement suivre pour rentrer chez elle, il s'était armé d'un piquet de charrette, comme d'une massue.

 

Quelque temps après, Simon, armé de la même manière, vient le rejoindre et lui apprit que Jeanne Le Roux

n'avait pas encore quitté la maison.

 

Tous deux se postèrent alors dans un autre champ, toujours derrière le fossé bordant la route.

 

Bientôt, Larhantec, porteur aussi d'un piquet de charrette, arriva et leur dit que plusieurs personnes,

suivies d'un chien, venaient de quitter la route pour suivre le chemin dit du Cosquer.

 

Denis se plaça entre ses deux domestiques, et tous trois attendirent.

​

Au bout d'un quart-d ‘heure environ, ils virent Jeanne Le Roux

sur la route, près d'une voiture ;

« La voilà, dit Denis, attendons que la voiture soit passée ».

 

 Il ôta ses sabots, qu'il laissa dans le champ,

se glissa le long du talus sur la route, courut vers sa tante qui était

à peu près à cinquante pas on avant, et, par derrière,

lui asséna sur la tête, avec le piquet de charrette,

un coup si violent que l'arme se brisa.

 

« Yvonnic, mon Dieu ! Laisse-moi tranquille ! » s'écria la victime.

 

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Le meurtrier lui porta alors un second coup avec le morceau de bois qui lui restait, et Jeanne Le Roux,

qu'il poussa dans le fossé de la route, y tomba pour ne plus se relever.

 

Les deux domestiques de Denis, armés comme leur maître, avaient franchi le fossé du champ

presque en même temps que lui, et s'étaient tenus impassibles, à quelques pas,

au moment où il accomplissait le crime.

 

Tels sont les détails horribles de ce drame.

 

À l'audience, les trois accusés paraissent calmes.

 

Denis, l'auteur du crime, est un être inconscient, une brute.

Il est de moyenne taille, et est vêtu de noir.

Il porte l'habit des environs de Plouigneau.

Son front est bas ; ses cheveux noirs sont coupés très-courts ; il parait imberbe.

Il a le nez aquilin, le menton pointu, la bouche pincée.

Le regard est faux et méchant : le teint est pâle.

Le corps présente un certain embonpoint.

 

Denis est marié, et père de deux enfants en bas âge.

​

Larhantec, le second accusé, est un peu plus grand que Denis.

Il porte une blouse d'un bleu passé, ouverte sur le devant.

Comme son ancien maître,

il a les cheveux courts et ne porte pas la barbe.

Le nez est légèrement retroussé, les joues creuses,

le corps sec et maigre.

Larhantec n'a pas l'air méchant ; il a l'air bête.

Il parle le français assez couramment, tandis que

ses deux co-accusés n'en entendent pas le moindre mot.

Larhantec est célibataire.

 

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Quant à Simon, c'est un pauvre petit garçon, malingre, chétif, et qui semble à demi-mort de peur.

 

Denis, Larhantec et Simon sont assis l'un près de l'autre et ne se témoignent aucune inimitié,

bien qu'ils se soient réciproquement rejetés dans l'instruction toutes les charges du crime.

 

S'ils se regardent, c'est sans colère ; s'ils se contredisent, c'est sur le ton de la discussion.

 

Quatorze témoins sont entendus.

 

De quatre heures à 6 heures, M. Riou, procureur de la République, à la parole. 

Puis, l'audience est suspendue jusqu'à 8 heures moins quelques minutes. 

À la reprise de l'audience, commencent les plaidoiries des avocats.

 

Me de Chamaillard, défenseur de Denis, se borne à supplier le jury de ne pas rendre un verdict entraînant l'application de la peine capitale.

​

Me Cormier, défenseur de Larhantec, prend ensuite la parole, et, pendant près d'une heure, épuisant une à une,

avec une véritable habileté, toutes les ressources de la cause,

il arrive à conclure à l'acquittement de son client,

menacé lui aussi, de la peine capitale.

 

Subsidiairement, Me Cormier, plaide en terminant,

les circonstances atténuantes.

 

Enfin, Me de Chabre cherche à apitoyer le jury sur le sort

de Simon, en rejetant sur Denis le crime d'avoir entraîné

cet enfant dans l'impasse malheureuse où il se trouve.

 

À dix heures, M. le président des assises résume rapidement

les débats, et le jury se retire immédiatement après

dans la salle de ses délibérations.

 

Il en sort à onze heures et demie, rapportant un verdict affirmatif sur toutes les questions, et muet sur les circonstances atténuantes en ce qui concerne Denis, l'accusé principal.

 

La Cour condamne en conséquence Yves-François Denis

à la peine de mort et dit que l'exécution aura lieu

sur l'une des places publiques de la ville de Morlaix.

 

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Larhantec et Simon, ayant obtenu des circonstances atténuantes, sont condamnés :

Larhantec, à 20 ans de travaux forcés, et Simon, à 10 ans de la même peine.

 

Simon, à l'expiration de sa peine, sera dispensé de la surveillance de la haute police.

 

Denis reste impassible à la lecture de son arrêt de mort.

Pas un mouvement fébrile, pas un clignement d'yeux ne trahissent chez lui la moindre émotion.

 

Larhantec, au contraire, parait frappé de stupeur.

Les yeux hagards, il fixe un but invisible.

 

Simon pleure à chaudes larmes.

 

Quant au public, qui débordait jusque dans les vestibules, il a écouté ces condamnations en silence

et s'est retiré sans manifester ni le moindre étonnement,

ni la moindre compassion pour les coupables que venait de frapper la justice.

 

Avant le prononcé de l'arrêt, Me de Chamaillard et Me Chabre ont déposé des conclusions écrites tendant

à ce qu'il leur soit donné acte de ce que les questions soumises au jury n'avaient pas été traduites en breton

aux accusés avant la délibération.

Les défenseurs espèrent trouver dans cette omission matière à un arrêt de cassation.

La Cour, bien que ne partageant pas leur manière de voir sur ce point de procédure,

a donné acte du dépôt de ces conclusions.

Il est donc probable que le pourvoi des accusés, en cassation, a dû être signé le lendemain même de l'audience.

 

Cette affaire a duré de 10 heures du matin à minuit.

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Source : Le Finistère juin 1878

 

La cour d'Assises du Morbihan vient de juger les trois assassins

de Plougonven que la cour d'Assises du Finistère

avait une première fois condamnés dans sa session d'avril.

 

On sait que la cour de cassation avait annulé

la première procédure instruite contre Denis, Larhantec et Simon, pour vices de forme.

 

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Les mêmes peines ont été prononcées par la cour d'Assises de Vannes :

 

Yves Denis est condamné à mort ;

François Larhantec est condamné à 20 ans de travaux forcés et 20 ans de surveillance ;

François Simon est condamné à 10 ans de travaux forcés et 10 ans de surveillance.

 

Denis et Simon avaient à Vannes les mêmes défenseurs qu'à Quimper : MM. de Chamaillard et de Chabre.

Larhantec était assisté cette fois de Me Guilbot.

 

Devant la cour d'Assises du Morbihan les causes avaient été séparées.

 

M. Boisviel a occupé le siège du ministère public dans les affaires concernant Denis et Simon,

et Me Maillard a siégé dans l'affaire Larhantec.

 

Les trois accusés comparaissaient cette fois sous l’inculpation d'assassinat.

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Source : Le Finistère juillet 1878

 

On vient de transférer à la prison de Morlaix l'assassin Denis,

deux fois condamné à mort,

d'abord par la cour d'assises du Finistère, puis par celle du Morbihan.

 

Il est arrivé à Morlaix lundi, escorté de deux gendarmes

et assisté d'un prêtre.

Tout cela semble indiquer que son exécution sera très-prochaine.

On sait que, d'après l'arrêt de condamnation,

elle doit avoir lieu sur une des places de Morlaix.

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Denis a expié son crime.

 

Le mardi soir, le condamné à mort était amené à la prison de Morlaix. 

L'aumônier des prisons de Vannes, M. l'abbé Floc'h, l'accompagnait.

 

Le bruit s'en répandit promptement en ville, et l'arrivée de Denis devint dès lors le sujet de toutes les conversations. 

Le jour, l'heure et le lieu de l'exécution ne furent bientôt plus un mystère pour personne. 

Les langues allèrent leur train. 

Chacun racontait la sienne.

 

Nous avons, dit un journal de la localité, interrogé les personnes les mieux informées,

et nous sommes en mesure de garantir à nos lecteurs la véracité des détails que nous allons leur donner.

 

Denis a conservé jusqu'à la fin une attitude calme et résignée. 

Dès le jour de son transfert à Morlaix, il connaissait le sort qui lui était réservé. 

Il dit à plusieurs reprises à l’aumônier de Vannes qu'il méritait la mort, qu'il acceptait avec résignation

sa condamnation, et qu'il préférait la guillotine à la Nouvelle-Calédonie.

 

Le mercredi, il reçut la visite de sa femme et de ses deux enfants, un petit garçon de 4 ans et une petite tille de 6 ans.

 

Le petit garçon embrassa volontiers son père ;

mais la petite fille, après l'avoir embrassé une fois, lui tourna le dos et il fallut l'intervention charitable

de M. l'abbé Le Briéro pour le lui faire embrasser avant de partir.

 

Denis recommanda à sa femme de vendre ses récoltes sur pied

et de quitter sa commune pour éviter les allusions

dont elle pourrait avoir à souffrir.

 

Il lui conseilla de venir se fixer à Morlaix, et d'y élever chrétiennement ses enfants. 

​

Il lui désigna quelques personnes à qui il voulait laisser quelques-uns de ses vêtements. 

​

Parfois, cependant, au milieu de ce calme, la nature avait le dessus

et des larmes abondantes s’échappaient des yeux du condamné. 

​

Le père et un des frères de Denis ne vinrent que plus tard le visiter.

 

Ici nous devons démentir un bruit qui s'était répandu dans le public.

 

On a dit que Denis avait mangé des crêpes

que lui avait apportées sa femme.

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Ceci est absolument faux.

Les règlements de la prison s'opposent à ce qu'un condamné reçoive de la nourriture de ses visiteurs. 

M. le gardien-chef a scrupuleusement observé le règlement, et les crêpes ont été jetées. 

Denis demanda un morceau de pain blanc que le gardien lui apporta.

 

Il le distribua à ses deux enfants en disant : « Voilà le dernier morceau de pain une je vous donne. »

 

Quand sa famille le quitta, il prononça ces mots: « Kenavo ar barados. » (Au revoir au Paradis)

 

Sa dernière nuit fut paisible.

 

Quand le jeudi matin on l'avertit que son heure était venue, il dormait profondément. 

Son attitude calme et résignée ne se démentit pas. 

M. l'abbé Le Briéro, qui jadis lui avait fait faire dans sa paroisse, à Plouigueau, sa première communion,

dit alors la messe. 

Denis y assista pieusement et reçut la communion des mains du prêtre.

L'aumônier de Vannes dit une seconde messe. 

Denis manifesta le désir de l'entendre.

Au Pater, on vint le chercher pour le déjeuner et la toilette.

 

Son énergie étonna ceux qui étaient présents.

 

Il but une tasse de café, un verre de vin et une goutte d'eau-de-vie.

 

Il dit en élevant son verre : « À votre suite, Messieurs ! »

 

Dans la voiture qui le conduisait au supplice,

il répondit constamment au chapelet que récitaient à haute voix les deux aumôniers.

À plusieurs reprises, il demanda qu'on lui fit embrasser le crucifix.

 

À quatre heures moins quelques minutes, la triste voiture, précédée de six gendarmes à cheval, le sabre au poing, suivie de soldats ayant baïonnette au canon, pénétra sur la place Saint Nicolas.

 

Au milieu d'un vaste carré formé par les chasseurs de la garnison, se dressait la guillotine.

 

Ce fut vite fait. M. Roch avait dit à l'aumônier ;

« Exhortez-le, lorsqu'il sortira de la voiture ; mais que ce soit prompt »

 

« À une condition, répliqua l'abbé Le Briéro, c'est que vous me donnerez le temps de détourner la tête. »

 

Denis baisa le crucifix, embrassa trois fois l'aumônier de Morlaix et l'aumônier de Vannes.

 

Sa dernière parole fut : « Kenavo ar barados. »

 

Une seconde après, on entendit un bruit sinistre.

 

Denis avait vécu.

 

Tous les assistants purent voir le fonctionnement de la hideuse machine. 

Quinze cents personnes à peu près se pressaient autour des chasseurs et sur le remblai qui regarde la ville. 

Les femmes, quoique nombreuses pourtant, ne formaient pas, croyons-nous, la majorité. 

On n'entendit aucun cri. 

Il n'y eut ni presse, ni bousculade ; et la police, grâce à la sage précaution de ses mesures,

n'eut en aucun endroit besoin d'intervenir.

​

Bagne Nouvelle Calédonie

​

Larhantec François Marie

​

Embarqué à Rochefort

sur le transport "La Loire"

le 16 juillet 1878

 

Arrivé à la Nouvelle Calédonie

le 25 octobre 1878

​

Évadé et réintégré 2 fois 

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Décédé à l'île Nou le 16 juin 1890

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