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Fenêtres sur le passé

1878

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Une colosse au tribunal pour attentat à la pudeur

Source : Le Finistère avril 1878

 

Une colosse au tribunal pour attentat à la pudeur

 

L’audience de mardi a été consacrée à un procès d'un genre heureusement fort rare, et dont il n'existait pas, croyons-nous, d'exemple, dans les annales judiciaires de notre département.

 

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Sur le banc des accusés vient s'asseoir une femme jeune — elle a 30 ans — mais dont la taille n'a pas attendu,

pour se développer, le nombre d'années : c'est presque une colosse.

 

Constance-Perrine Lemée, dite de Boisjoly, se présente à l'audience vêtue d'une robe de soie noire,

qu'elle relève sur le banc derrière elle — sans doute pour en ménager l'usure — d'un mouvement

qui a quelque prétention à la grâce.

 

Elle porte au cou une cravate rouge vif, et sur la tête un chapeau rond, de paille brune,

surmonté d'un voile de même nuance.

 

Le voile est rejeté en arrière.

 

Bazouges-du-Désert l'a vue naître :

Dieu seul sait dans quel sol elle aura son tombeau !

 

Nous ne raconterons pas les détails de cette affaire,

qui d'ailleurs a été jugée à huis-clos.

 

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Il nous suffira de dire, pour éclairer nos lecteurs sur la nature du procès,

que Constance-Perrine Lemée était accusée d'avoir :

​

1° En 1877, à Landivisiau, à Saint-Brieuc, et à Quintin, commis un ou plusieurs attentats à la pudeur, sans violence,

sur son domestique, enfant mineur, âgé alors de moins de 13 ans, et sur lequel elle avait autorité.

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2° En 1877, sur la route de Pontorson à Dol, commis un ou plusieurs attentats à la pudeur, sans violence,

sur un autre enfant âgé de moins de 13 ans.

​

3° En 1877, à Saint-Servan, commis un ou plusieurs attentats à la pudeur, avec violence, sur sa factrice,

fille mineure de 21 ans, demeurant avec elle, et sur laquelle, par conséquent elle avait autorité.

 

Déjà condamnée quatre fois en police correctionnelle pour vols, coups et outrages

à un témoin, Constance Lemée a la plus détestable réputation au point de vue des mœurs.

 

Outre les crimes relevés à sa charge, d'autres faits, appris en cours de l'information,

viennent témoigner de sa dépravation.

 

L'accusée nie tout, avec un aplomb imperturbable.

 

Mais dix témoins à charge ont été entendus, dont les dépositions écœurantes ne peuvent laisser subsister aucun doute sur sa culpabilité.

 

Me de Chamaillard plaide les circonstances atténuantes : le jury les lui accorde.

 

Constance-Perrine Lemée, dite de Boisjoly, reconnue coupable seulement d'attentats

à la pudeur commis sans violence, est condamnée à cinq ans de prison.

 

M. Puget, substitut, siégeait dans cette affaire,

dont les débats ont duré de deux heures à minuit.

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