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Fenêtres sur le passé

1877

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Peines disciplinaires contre les instituteurs

Source : Le Finistère août 1877

 

1877 – Peines disciplinaires contre les instituteurs

 

Le Journal officiel vient de publier le tableau des peines disciplinaires prononcées

contre les instituteurs et les institutrices pendant les années 1872, 1873, 1874, 1875 et 1876.

 

Il faut se rappeler que le gouvernement de l'Ordre Moral (*) a duré du 24 mai 1873 au 20 février 1876.

 

En 1872, il y a pour les instituteurs 23 révocations, 24 suspensions et 10 réprimandes.

 

En 1873, l'Ordre Moral intervient : on s'en aperçoit : 61 révocations, 48 suspensions, 22 réprimandes.

 

En 1874, le gouvernement de combat continue son œuvre : 102 révocations, 81 suspensions, 36 réprimandes.

 

En 1875, l'ardeur fléchit un peu, 83 révocations, 67 suspensions, 27 réprimandes.

 

Il est probable que l'Ordre Moral avait encombré les écoles d'un certain nombre d'instituteurs

qui ne remplissaient qu'assez mal leurs fonctions, car, au lieu des 23 révocations que nous trouvons en 1872,

nous avons 80 révocations, 44 suspensions, 26 réprimandes en 1876.

 

Mais il manque une chose dans ce tableau les instituteurs congréganistes et les instituteurs laïques

devraient chacun être classés dans une catégorie spéciale, et l'on verrait que,

pendant ces années 1873, 1874, 1875, presque toutes les pénalités disciplinaires ont frappé des instituteurs laïques.

 

Maires de l'Ordre Moral, curés, préfets étaient à l'affût des occasions.

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Frapper un instituteur laïque, cela le discrédite,

cela discrédite en même temps l'enseignement laïque.

 

Arrive sa révocation :

c'est une place vide dans laquelle pourra venir s'installer l'instituteur congréganiste rêvé

par le préfet de l'Ordre Moral, par le maire de combat, par le curé, par les « dames du château » !

 

Et on agit avec vigueur et on brise ainsi des existences consacrées au travail, des situations acquises 

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péniblement, maigrement rétribuées, mais qui devraient donner au moins la considération et la sécurité !

 

Aujourd'hui, M. Brunet recommence les mêmes traditions, et pour mieux tenir les instituteurs,

trouvant à son arbitraire de la résistance dans certains conseils départementaux,

il brise les inspecteurs de l'enseignement primaire, il casse des recteurs d'Académie !

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Le joli régime que le régime de l'Ordre Moral !

 

Comme il est plein de sincérité et de tranquillité !

 

Quels bons moyens il emploie pour conquérir des sympathies !

 

Et quelles bonnes mesures il prend pour que la France désire qu’il dure longtemps !

​

 

(*) L'Ordre Moral est une coalition des droites qui se forme après les chutes successives de Napoléon III et du gouvernement républicain provisoire.

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C'est aussi le nom de la politique souhaitée par le gouvernement d'Albert de Broglie formé

sous la présidence  du maréchal de Mac-Mahon à partir du 27 mai 1873.

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Joseph Mathieu Brunet

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