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Fenêtres sur le passé

1877

Incendie à la Compagnie Pereire à Douarnenez

Source : Le Finistère août 1877

 

Incendie à la Cie Pereire de Douarnenez

 

Douarnenez

 

Dans la nuit du 15 au 16 août, un terrible incendie a anéanti l'usine que la Cie Pereire exploitait au Guet

(port de Douarnenez), pour la fabrication des conserves de sardines.

 

La construction de cette usine remontait à deux mois à peine ;

les bâtiments, établis dans de vastes proportions, étaient chauffés et éclairés au gaz.

 

On pense que le feu a dû prendre dans la salle, très-basse d'étage, où se trouvait la bouillotte.

 

Cependant, les feux étaient éteints depuis la veille, et le travail avait été arrêté en raison de la fête du 15 août.

Ce sont deux préposés de la douane qui, en faisant une ronde, vers deux heures du matin,

aperçurent l'incendie et donnèrent l'alarme.

 

Les secours furent prompts à arriver ;

mais déjà tout secours était inutile.

 

L'incendie trouva un formidable aliment dans la présence

de 40 fûts d’huile, dont chacun ne contenait pas moins

de 500 kilogrammes.

 

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Les fûts atteints l'un après l'autre par l'incendie firent explosion, l'huile en feu se répandit partout,

et bientôt un fleuve de flamme descendit jusqu'à la mer dont il couvrit la surface sur une assez vaste étendue.

 

La manœuvre des pompes se trouva presque paralysée par cette circonstance :

là où elles devaient prendre l'eau, elles ne trouvaient plus que le feu.

 

C'est par une sorte de miracle que l'usine Pereire, littéralement enchâssée entre deux habitations,

et voisine d'une autre usine, ne leur a pas communiqué l'incendie.

Il faut faire honneur de ce résultat à la compagnie de sapeurs-pompiers, tout récemment créée, et à l'équipage de l'aviso garde-pêche

le Moustique, qui ont rivalisé de zèle pour empêcher le sinistre

de prendre de plus grandes proportions.

 

La population de la ville a montré, du reste, un très-louable dévouement, et par une heureuse coïncidence, la marée montante a facilité

la formation de la chaîne, à laquelle chacun s'est disputé une place.

 

M. le directeur de l'usine à gaz, prévenu l'un des premiers, a su prendre

ses mesures de façon à éviter une explosion qui eût été désastreuse.

 

À 7 heures, l'incendie était vaincu, sans qu'il y eût eu un seul mort

ou blessé, et sans qu'on eût été obligé même de creuser des tranchées

et de faire la part du feu.

Mais l'usine Pereire et son matériel n'existaient plus.

 

De tout ce qui garnissait les ateliers, conserves, charbon, outillage,

rien n'a pu être sauvé, que quelques caisses de fer blanc

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La Cie Perdre n'occupait qu'à titre de locataire l'immeuble incendié,

qui appartenait à M. Le Guillou-Pennanros, conseiller général.

 

Les pertes se répartissent ainsi : à la Cie Pereire, 150,000 fr.;

à M. G.Pennanros, 30,000 fr.;

à M. Auguste Grivart, propriétaire de l'usine voisine, 4,500 fr.;

à M.Mouilleau, contre-maître, 500 fr.;

aux demoiselles Grooters, 4,000 fr.;

à M. H. Chancerelle, 4,000 fr.;

à divers, de 6 à 8,00 0 fr.

 

Pendant la journée et la nuit suivantes, les pompes n'ont cessé de travailler.

Dans le travail du déblaiement, il est arrivé, à diverses reprises,

que des flammes très-vives se sont fait jour,

à travers les décombres, et que l'incendie a paru se ranimer.

 

Vers 10 heures du soir, on a eu une alerte de ce genre,

et M. le maire de Douarnenez, s'exagérant le danger,

fit demander par exprès des secours à Quimper,

où l'on ne parlait de rien moins, dans la matinée du 17,

que d'un nouveau sinistre, et de quartiers incendiés tout entiers.

 

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Rien n'était heureusement fondé dans ces bruits, et la réalité se réduit à ce que nous venons de raconter,

au moyen de renseignements pris à bonne source.

 

L'une des pertes les plus sérieuses est le chômage forcé auquel est condamnée l'usine Pereire.

 

Mais ce ne sera pas pour longtemps.

 

Le gérant de l'usine, avec un zèle et une activité que tout le monde s'accorde à louer,

s'occupe de faire monter promptement une usine provisoire,

afin de profiter de la campagne de pêche et de ne pas laisser le personnel sans travail.

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