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Fenêtres sur le passé
1875
Arrivée des réservistes à Quimper
Source : Le Finistère septembre 1875
Grand branle-bas hier dans la caserne à l'arrivée des réservistes.
Le rendez-vous était donné pour midi ;
mais déjà à dix heures commençait leur défilé à travers les rues.
Tous ne sont cependant pas arrivés à l'heure dite, et toute la journée a duré la procession.
Une consigne sévère avait été donnée au poste : une fois rentré, impossible de sortir ;
aussi comprend-on que beaucoup n'aient voulu rentrer que le plus tard possible.
Encore les retardataires se faisaient-ils tirer l'oreille en arrivant à la porte,
il était curieux de les voir sur la place reculer de deux pas pour un qu'ils faisaient en avant :
Entrons-nous, n'entrons-nous pas ?
Jusqu'à ce que le sergent de garde vint trancher la question en les conduisant poliment par le bras jusqu'à la frontière au-delà de laquelle ils étaient prisonniers.
Là ils trouvaient un second sergent qui, du bout du doigt, les invitait à le suivre,
et à partir de ce moment ils disparaissaient à la vue du public.
À cinq heures on en comptait environ six cents.
Si le spectacle au dehors était intéressant, il ne l'était pas moins au dedans.
La première opération à laquelle il a été procédé, a été la désignation des hommes
devant entrer dans la compagnie dont le départ à Concarneau avait été décidé pour le soir même,
par suite de l'insuffisance de logement.
Ils ont tous été choisis dans la catégorie des hommes ayant déjà servi ;
aussi, en les voyant défiler à 6 heures, ne pouvait-on être surpris
de leur bonne tenue et de leur altitude correcte.
Cette opération terminée, le classement des hommes restants dans les trois autres compagnies du bataillon s'est fait dans l'ordre du contrôle.
Puis a commencé la toilette.
Que d'ouvrage n'avait-on pas ménagé aux perruquiers !
Mais de quel cœur ils y allaient !
Jamais ils n'avaient été à pareille fête !
Qui dira l’âge des longues chevelures tombées sous leurs ciseaux
et de ces barbes dont plus d'une résistait au rasoir !

Rangés sur quatre bancs, les patients n'attendaient pas longtemps leur délivrance ;
dix coups de ciseaux, cinq coups de rasoir, et voilà une tête transformée.
Puis venait l'opération de l'habillement ;
elle s'est accomplie comme une manœuvre, en quatre temps :
premier temps, le pantalon ;
deuxième temps, la veste ;
troisième temps, la capote ;
quatrième temps, le képi ;
si bien qu'en une heure et demie environ, en tenant compte du temps perdu à l’échange des vêlements mal ajustés, trop courts ou trop longs, trop larges ou trop étroits, une compagnie du 100 hommes se trouvait habillée.
À six heures du soir, tout était terminé, et dès aujourd'hui nous pourrons contempler dans leur brillante tenue,
nos soldats de vingt-huit jours.