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Fenêtres sur le passé

1875

La rage à Melgven ou l'action funeste d'un rebouteux

Source : Le Finistère octobre 1875

 

La rage à Melgven ou l’action funeste d’un rebouteux

 

Le 21 août dernier, un chien furieux entra dans la maison, du sieur Barzic, débitant au bourg de Melgven.

 

Un enfant de la maison, âgé d'une dizaine d'années, se trouvait là :

il fut assailli, mordu au bras, et trainé jusqu'au seuil de la porte, où le chien lâcha prise enfin et s'enfuit.

 

Personne ne reconnut la bête, et on ne l'a plus revue depuis ce temps.

 

Ces circonstances étaient assez significatives pour faire craindre que le chien ne fût atteint d'hydrophobie,

et la prudence la plus vulgaire commandait du prendre des mesures énergiques pour préserver

le jeune Barzic des conséquences de l'accident.

 

Malheureusement, au lieu de s'adresser à un médecin,

le père de famille eut l'idée d'aller chercher au loin un rebouteux, aux soins duquel il livra l'enfant.

Le rebouteux pansa la plaie et fit mine de la cautériser.

 

Trente-cinq jours se passèrent sans que le jeune blessé

parût être incommodé des suites de la morsure.

 

Mais au bout de ce temps, les symptômes de la rage apparurent

tout à coup, et en quelques heures acquirent un tel degré de violence, qu'on se décida à conduire l'enfant, le 27 septembre,

chez M. le docteur Gazlain, à Concarneau.

Rebouteux.jpg

“Le rebouteux” 

Huile sur toile, 1879,

Albert Anker (1831–1910)

M. Galzain appela pour l'assister M. le docteur Pouchet de Paris ;

nos lecteurs connaissent ce nom, et nous avons eu plusieurs fois à parler ici des intéressantes études

que poursuit M. Pouchet au vivier de Concarneau.

 

Tous deux prodiguèrent leurs soins au malade ;

mais si éclairés qu'ils fussent, ces soins tardifs ne pouvaient avoir un heureux résultat.

 

L'enfant fut ramené, en proie à d'atroces souffrances ;

il succomba dans le trajet de Concarneau à Melgven.

 

Il y a malheureusement encore bien des gens qui peuvent faire leur profit de la leçon que contient ce tragique événement.

 

Elle est encore trop nombreuse et trop accréditée

dans nos communes rurales, dans nos villes même,

la race funeste de ces docteurs de campagne qu'on va consulter comme des oracles, et qui tirent toute leur science

de l'ignorance et de la crédulité d'autrui.

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