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Fenêtre sur le passé

1875

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Plaidoyer pour les douaniers

Source : Le Finistère juillet 1875

 

Plaidoyer pour les douaniers

 

Il y a deux ans, nous avons accueilli avec empressement des observations qu'un de nos correspondants

nous avait adressées sur la situation si digne d'intérêt des douaniers.

 

L'appel qu'il adressait alors, par notre organe, à l'administration, n'a pas encore été entendu.

 

M. Francisque Sarcey, dans le XIXe Siècle, vient, à son tour, de prendre leur cause en mains, et nous nous faisons volontiers l'écho de son éloquent plaidoyer : Ils demandent si peu, si peu, et ce peu qu'ils demandent est si facile

à accorder, que je serai volontiers l'interprète de leurs désirs, et je présente leur requête aux ministres.

 

C'est des douaniers qu'il s'agit.

 

Les douaniers n'ont que huit cents francs d'appointements...

 

Oh ! ne jetez pas le journal sur ce mot...

 

Ils ne réclament aucune augmentation d'appointements.

 

Elle ne leur serait pas désagréable, à coup sûr, mais ce n'est pas l'objet de leur pétition.

 

Non, quand ils disent: Nous avons huit cents francs d'appointements, c'est un simple fait qu'ils énoncent.

 

Il faut qu'avec ces maigres appointements, ils se logent, se nourrissent, se procurent des armes et des munitions, payent leur uniforme, et, s'il leur arrive de tomber malades, leur médecin.

 

S'ils sont mariés, c'est encore sur ces huit cents francs qu'ils doivent prendre

l'entretien de la femme et des enfants.

 

Notez, s'il vous plaît, que le personnel des douanes est un personnel d'élite.

 

Il se recrute, eu majeure partie, dans l'armée de terre et dans la marine.

 

Pour y être admis, il faut avoir des états de service et des certificats satisfaisants.

 

Lorsqu'en 1870 la douane a été mobilisée, pas un employé n'a manqué à l'appel,

et tous ont fait dignement leur devoir.

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En temps de paix, le douanier est la sentinelle avancée du pays ;

il veille jour et nuit aux frontières et sur les côtes ; sa surveillance est de tous les jours; rien ne l'arrête, ni le mauvais temps, ni le froid, ni le danger.

 

Par les nuits les plus obscures, quand la mer se brise sur la falaise,

le douanier est là, et si quelque navire en détresse tire le canon d'alarme, c'est encore lui qui hasarde sa vie pour porter secours aux naufragés.

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Il n'hésite jamais, aussi la douane tient-elle la plus grande et la meilleure place dans les listes de récompenses accordées aux dévouements.

 

Tout dernièrement, le Président de la République, reconnaissant les services que les douaniers avaient rendus dans la guerre de 1870,

et ceux qu'ils pourraient rendre encore, le cas échéant, les a,

par un décret du 2 avril, organisés en corps militaires.

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Douaniers _01.jpg

Et bien ! Ne serait-il pas juste de les faire bénéficier des privilèges accordés aux autres corps de la marine

et de l'armée de terre ?

 

Ne pourrait-on leur accorder l'usage du tabac de cantine à prix réduit ?

 

Il semble bien étrange, en effet, de faire payer à l'employé des douanes, chargé de réprimer la fraude,

le tabac qu'il consomme et dont l'usage lui est si nécessaire en ses longues heures de service,

au prix que l'État exige d'un simple particulier.

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Il semble bien étrange, en effet, de faire payer à l'employé des douanes, chargé de réprimer la fraude, le tabac qu'il consomme et dont l'usage lui est si nécessaire en ses longues heures de service, au prix que l'État exige d'un simple particulier.

 

Ne pourrait-on également, puisqu'on les assimile aux autres corps

de l'armée, poursuivre cette assimilation jusqu'au bout

et leur accorder une réduction de prix sur les billets de chemin de fer ?

 

On ne comprend guère qu'un pauvre diable de douanier soit obligé

de payer place entière, lorsqu'à côté de lui un employé de la marine

ou quelque officier supérieur, confortablement appointé,

ne paye que quart de place.

 

Là se bornent les prétentions des douaniers.

 

Douaniers _02.jpg

Elles ne sont pas bien hautes, et je pense que le gouvernement pourrait,

sans peine, faire ce petit plaisir à de braves gens, à d'honnêtes et utiles serviteurs de l'État.

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