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Fenêtres sur le passé

1875

Crime à la faucille à Plouvien

Source : Le Finistère décembre 1875 

 

Crime à la faucille à Plouvien

 

Le 18 de ce mois, vers 4 heures 1/2 de l'après-midi, le nommé Le Menn, Guillaume, cultivateur au village du Carpont, en la commune de Plouvien, arrondissement de Brest, a assassiné sa belle-sœur Marie-Olive Calvez, âgée de 20 ans, avec laquelle il se trouvait à travailler dans un champ d'ajoncs, éloigné de 400 mètres du village,

en lui portant des coups de faucille sur la tête ;

puis il est allé se constituer prisonnier au chef de la brigade de gendarmerie de Plabennec

en lui faisant l'aveu de son crime, donnant pour mobile une discussion avec sa belle-sœur.

La victime a été trouvée une heure après, par son père,

baignant dans son sang et respirant à peine.

 

Transportée à la ferme, elle y expirait, une demi-heure après,

sans avoir proféré une seule parole.

 

La justice informée s'est rendue sur les lieux,

et il résulte de l'examen des médecins

que l'assassin aurait frappé sa victime avec une telle rage

qu'il n'existait pas moins de treize blessures,

tant à la tête qu'à la partie supérieure du corps,

dont quatre sont mortelles.

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L'instrument du crime s'était tordu en portant sur les vertèbres cervicales.

 

Le Menn, après avoir été confronté avec sa victime, a été écroué à la maison d'arrêt de Brest.

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Source : Le Finistère février 1876

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Audience du 17 janvier 1876

 

Guilaume Le Menn, âgé de 26 ans, laboureur, né et demeurant à Plouvien, est accusé de meurtre.

 

Voici les faits suivant l'acte d'accusation.

 

Le 18 décembre dernier, Le Menn, qui vivait avec sa femme chez les parents de cette dernière, pria sa belle-sœur, Marie-Olive Calvez, de venir le rejoindre, vers quatre heures du soir, dans un champ où il allait couper des ajoncs,

afin de ramener à la ferme le produit de son travail.

 

Celle-ci s'y rendit à l'heure dite.

 

Son absence se prolongeant, sa famille en conçut quelqu'inquiétude, et son père partit à sa rencontre.

 

Arrivé sur le lieu du rendez-vous, quelle fut sa douleur en trouvant sa fille étendue sur le sol,

au milieu d'une mare de sang, et ne donnant presque plus signé de vie.

 

Il la releva, la transporta chez lui, où quelque instants plus tard elle expirait sans avoir pu proférer une seule parole.

 

Dans l'intervalle, Le Menn allait se constituer prisonnier à la gendarmerie de Plabennec, s'accusant d'avoir,

dans un moment de vivacité, tué sa belle-sœur d'un coup de faucille.

 

Une instruction fut aussitôt ouverte et le cadavre de Marie-Olive livré à l'examen d'un docteur.

 

Ce cadavre, dit le rapport do l'homme de l’art, était affreusement mutilé.

 

Le crâne portait la trace d'une quinzaine de blessures, et était ouvert en trois endroits.

 

À la nuque une plaie béante et profonde allant jusqu'aux vertèbres, indiquait, de la part de l'assassin,

une véritable tentative de décapitation.

 

Une oreille se trouvait détachée de la tête ;

elle a été retrouvée sur le théâtre du crime.

 

Enfin de nombreuses coupures se remarquaient à l'une des mains de la victime,

et témoignaient des efforts qu'elle avait dû faire pour se garantir des coups que lui portait l'accusé.

 

La faucille, qui a été retrouvée, était tordue et faussée, tant celui qui s'en était servi avait frappé avec force.

 

Dans les divers interrogatoires qu'il a subis Le Menn s'est constamment refusé à faire connaitre

quel était le véritable mobile d’un crime aussi odieux.

 

Il s’est borné à prétendre qu’il l’avait accompli à la suite d’une querelle avec sa belle-sœur ;

plus tard, devant les témoignages établissant la préméditation,

il a avoué, que, fatigué des continuelles discussions que sa belle-sœur suscitait dans la famille, il avait eu,

en effet, l'intention de lui infliger une bonne correction.

 

Ministère public : M. Terrier de Laistre, Procureur de la République,

Défenseur, Me Durest-Lebris, avocat.

 

Déclaré coupable, avec circonstances atténuantes, Guillaume Le Menn,

a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Guillaume Le Menn

sera déporté en Nouvelle Calédonie.

Il embarquera sur le Navarin

le 2 août 1876.

Le Navarin arrivera

le 6 janvier 1877 à Nouméa.

Guillaume Lemenn atteint par la fièvre typhoïde décédera

le 3 mars 1877 à l'île Nou.

L'histoire du voyage du Navarin

Contribution Bernard Guinard

http://bernard-guinard.com/

Le 13 juin 1876, le Navarin

quitte Toulon pour l'île d'Aix,

sous les ordres du capitaine de Vaisseau Brosset,

avec 416 membres d'équipage.

Malheureusement, les livres de bord n'ayant pas été conservés, on ne peut que faire des hypothèses concernant son voyage.

Au vu de la durée de celui-ci,

on peut penser que le navire a fait

une escale de 10 jours à Alger,

pour prendre en charge des condamnés algériens du dépôt

de Maison Carrée.

Une seconde hypothèse ferait rester

le Navarin au mouillage de l'île d'Aix, en attente de son chargement de prisonniers.

Cependant, le rapport médical

du médecin-major Geffroy prouve

que le navire a fait une escale

de 52 jours à l'île d'Aix

avant d'appareiller pour

la Nouvelle-Calédonie.

Il en avait profité pour embarquer

49 marins passagers, 277 militaires, et 43 civils, plus 360 transportés

et un condamné tahitien.

En plus des forçats destinés au bagne de la Nouvelle-Calédonie,

le navire embarque 10 déportés

de la Commune et 2 arabes

(3 des déportés sont condamnés à la déportation en enceinte fortifiée

et 7 à la déportation simple).

Ces douze prisonniers avaient été extraits de la prison de Saint-Brieuc, et avaient rejoint La Rochelle

par chemin de fer, puis le dépôt

de Saint-Martin-de-Ré par bateau.

La plupart de ces déportés ont été condamnés par contumace aussitôt après la fin de la Commune,

et ont été repris, ou se sont rendus volontairement,

en espérant la clémence de la Justice.

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Le 4 août 1876, le Navarin lève l'ancre et se dirige sur Dakar, au Sénégal.

 

Il semble cependant que le navire soit parti le 2 août de l'île d'Aix, comme l'atteste le tampon en bas de page à gauche du dossier de bagnard de Guillaume Le Menn.

À moins que ce tampon n'indique la date d'embarquement.

Après quelques jours d'escale à Ténériffe du 15 au 19 août, et au vu de la longueur du voyage,

il prend vraisemblablement la route du Brésil, puis passe le Cap de Bonne Espérance.

Toujours est-il que selon un manuscrit de souvenirs de François Renard, soldat parti pour Tahiti,

dans la nuit du 25 au 26 août 1876, le navire se trouve par 76° de longitude et 46 de latitude,

à 900 lieux par le travers de Saint-Paul d'Amsterdam, c'est à dire en plein océan Indien,

comme le montre un dessin signé au dos S. Hoare, Photographer, Papeete, Tahiti.

C'est à ce moment que le navire aurait perdu son gouvernail.

Le Navarin fera donc une escale inopinée à Freemantle, en Australie, du 19 novembre au 7 décembre

pour effectuer la réparation.

Les fruits et légumes frais chargés et consommés à cette occasion permettront de soigner 26 scobutiques,

dont 17 parmis les condamnés.

Le Navarin arrivera à Nouméa le 6 janvier 1877 d'après le rapport médical du médecin-major Geffroy (Selon François Renard, la date serait différente).

Le rapport mentionne 8 décès au cours de la traversée, dont 5 transporté et un déporté,

un des deux arabes embarqués, et qui seront immergés.

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