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Fenêtres sur le passé

1875

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Audierne et l'île de Sein

Source : Le Finistère octobre 1875

Journal Officiel du 25 octobre 1875

 

Auteur : Henri Butat.

Rédacteur du Moniteur Universel et du Journal Officiel

Décès juin 1876

 

Audierne et l’île de Sein

 

Audierne, petite ville et port de mer à 30 kilomètres de Quimper, se compose d'une seule rue,

qui commence à la route de Pont-Croix et se termine à l'ancien couvent des Capucins.

 

Elle a 870 mètres de longueur.

 

On donne à Audierne pour étymologie les mots Aod-Thiern

(grève de Thiern) ;

son église est sous l'invocation de saint Raymond-Nonnat.

 

La surface du pays est montagneuse,

comme celle de toute cette partie de la Bretagne.

 

La baie d'Audierne forme un arc,

dont les extrémités sont la pointe de Penmarc'h et le Bec-du-Raz.

 

Malheur au navigateur que le vent pousse sur ces côtes hérissées de rochers ; il est rare qu'il puisse en sortir sain et sauf.

 

Le Cammer ou Gamelle n'est pas un ouvrage fait de main d'homme, bien que la tradition conserve encore aujourd'hui le souvenir de villes anciennes placées sur ce rivage.

 

Son étendue est de 4 kilomètres 150.

 

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Il est situé à 5 kilomètres 555 de la côte et rend très-dangereuse l'entrée du port d'Audierne.

 

Le Cammer découvre de 1 mètre 65 à peu près dans les grandes marées.

 

Le port d'Audierne est situé à l'embouchure du Goyen ; il assèche, complètement à marée basse.

 

À marée haute il présente un bassin de 6 hectares de superficie, bordé de quais du côté de la ville, rive droite.

 

Une barre de sable existait à l'entrée de l'avant-port.

 

De 1847 à 1855, on a construit un môle de 220 mètres de longueur pour rejeter cette barre au large et fixer la passe.

 

Il a couté 350,000 francs.

 

L'entrée a été améliorée par cet important travail, et la profondeur d'eau sur la barre a été augmentée.

 

Le môle est relié au port par un chemin de halage de 675 mètres, destiné à être prolongé de 125 mètres et rattaché à un ancien môle

à l'entrée du port proprement dit.

 

Ainsi, à partir de l'embouchure du Goyen, commencement d'Audierne, et en suivant directement la route jusqu'au môle,

on parcourt une étendue de 1 kilomètre 565 mètres.

 

Mais les travaux déjà faits ont contribué à augmenter dans

des proportions inquiétantes l'agitation des eaux dans l'avant-port.

 

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Bien des procédés peuvent être employés pour remédier à cet état de choses, et l'administration supérieure, nous a dit M. Fenoux, ingénieur en chef du service maritime à Brest, à la bienveillance

de qui nous devons tous ces renseignements, se livre dans ce but à un complément d'études.

 

Autrefois on péchait sur la côte d'Audierne beaucoup de congres, de juliennes et de merlus ;

on les séchait au soleil et on les vendait ensuite aux Catalans,

qui s'en servaient pour faire de la teinture.

 

 Aujourd'hui on y pêche surtout la sardine, le homard, la langouste, le bar, le maquereau,

et dans la saison le saumon, la truite saumonée et l'anguille vraie, qu'on trouve à l'entrée du Goyen.

 

Le mouvement de la navigation à Audierne a été pendant les cinq dernières années — non compris les navires sur lest,

dont le nombre était, en 1874, de 28 à l’entrée et de 35 à la sortie

— de 444 navires à l'entrée, important de la soude, de l'avoine,

du cidre, de la houille et diverses marchandises,

et de 441 à la sortie, exportant de la soude, de l'avoine de la farine, des ardoises, des pommes de terre.

 

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Le nombre moyen des bateaux armés pour la pêche,

tant à Audierne qu'a Poulgoazec, a été cette année de 150 à 200 pendant la pêche du maquereau (de mai à juin),

de 200 à 400 pendant la pêche de la sardine (juin à octobre), et de de 70 à 80 pendant les autres mois de l'année.

 

Ces derniers bateaux appartiennent seuls au port, les autres viennent des autres ports du littoral notamment de Douarnenez, et de Concarneau, pour pêcher le maquereau et la sardine dans la baie d'Audierne.

 

Le produit net de la pêche en 1874 a été d'environ 600.000 francs.

 

Cette année il sera beaucoup plus élevé.

 

Le petit port de pêche de Poulgoazec, situé sur la rive gauche du Goyen, en face d'Audierne, n'est à proprement parler qu'une dépendance d'Audierne.

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En face le Bec-du-Raz, on voit une île qui n'en est éloignée

que de 2 lieues marines ;

mais c'est avec Audierne qu'ont lieu les communications au moyen d'un lougre courrier qui fait la traversée toutes les fois qu'il le peut ; en hiver il se passe quelque fois trois semaines

sans qu'il puisse sortir.

 

D'Audierne, la distance est de 5 lieues marines.

 

Peu de voyageurs vont visiter cette île.

 

Avec un beau temps, deux heures et demie suffisent pour y arriver, nous avons mis quatorze heures et demie à faire cette traversée.

 

L'île de Sein, du latin Sinus (golfe) ou du celtique Saizun,

nommée par les uns Sayn par les autres Sain ou Sayne,

et par corruption l'île des Saints,

renferme encore trois monuments druidiques.

 

Elle est le prolongement de la pointe du Raz,

dont autrefois elle faisait sans doute partie,

car la tradition veut que les roches qui entourent l'île et s'étendent surtout dans la direction de l'ouest, faisaient partie du continent.

 

Ce sont aujourd'hui de dangereux écueils, apparents ou cachés, contre lesquels nombre de bâtiments se sont perdus.

 

L'île ne mesure que 2,300 mètres de longueur dans la direction

de l'E. S.-0. à l'O. N.-O., et 900 de large.

 

Peu élevée au-dessus du niveau de la mer, elle est exposée

aux tempêtes, surtout par les temps où souffle le vent d'ouest.

 

Les habitants avaient construit autrefois des digues de défense,

mais ces digues en pierres sèches et grossièrement faites

ne pouvaient résister à la mer.

 

On en a entrepris la réfection qui doit être terminée cette année.

 

Elle a été combinée avec les travaux du phare d'Armen ;

elle a permis de ne pas laisser inoccupés les ouvriers de ce phare pendant les chômages auxquels ils ont été exposés

par suite des difficultés d'accostage.

 

Le port de l'île de Sein, qui est une station de pilotes

et un centre de pêche très-important, ne possède qu'une cale

de débarquement dont le pied assèche à mi-marée

et qui est fort mal construite, il était nécessaire d'améliorer

cet état de choses, et il y a été travaillé toute cette année.

 

La population de l'île est de 7 à 800 habitants.

 

Elle se double pendant l'été lorsque les pêcheurs de Paimpol viennent s'installer dans l'anse, pour se livrer à la pêche des homards et des langoustes.

 

Tous les hommes y sont pêcheurs, les femmes y cultivent la terre.

 

Le port comporte 63 barques armées.

 

L'année dernière les produits de la pêche, non compris les engrais,

se sont élevés à 170.000 fr.

 

Du côté du sud-est, le port est fermé par un sillon de galets

qui couvre de 1 m 50 dans les grandes marées d'équinoxe.

 

Les tempêtes du sud-est, heureusement peu fréquentes, s'engouffrent par cette ouverture et mettent en péril

les navires mouillés dans le port.

 

Le mouvement maritime de l'île de Sein a été pendant

les cinq dernières années, non compris les navires sur lest

dont le nombre, en 1874, a été de 137 à l'entrée et de 83 à la sortie, de 355 navires à l'entrée, portant du bois de chauffage, de la soude et diverses marchandises, et de 621 à la sortie,

emportant de l'engrais, du poisson frais et de la soude.

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