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Fenêtres sur le passé
1871 Janvier
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Chronique de guerre dans le Finistère
Source : L’Électeur du Finistère janvier 1871
Jeudi 5 janvier 1871
On nous assure que 60 pièces de canon en bronze, représentant 10 batteries, arrivées à Brest depuis le 24 décembre, se trouvent actuellement en gare, sans aucune destination.
Nous avons peine à croire que dans un moment pareil on laisse inactifs des engins de guerre capables
de nous rendre des services si efficaces.
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M. de Cuers, inspecteur principal des Douanes à Brest, appelé à Paris dès le 13 août dernier,
concourt depuis cette époque à la défense de la capitale, à la tête du 3e bataillon des Douanes mobilisées,
composé des compagnies des directions de Brest, Saint-Brieuc, Vannes, le Havre , la Rochelle et Bayonne .
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Correspondance de Paris
De Louis Hémon.
Je suis encore à l'ambulance, où ma convalescence (si je puis parle de convalescence après un semblant de maladie) se prolonge au-delà de ce que j'avais prévu.
Prosper, qui vient encore de venir m'y voir, est en bonne santé, toujours avec le bataillon,
à Villejuif c'est-à-dire à l'antipode du théâtre des opérations actuelles.
N'ayez donc pas d'inquiétudes sur notre compte ;
elles sont pour le moment et sans doute pour longtemps encore sans objet.
Je voudrais aussi n'en pas avoir au sujet de vous tous ; mais cela m'est bien difficile.
Hélas ! combien de temps nous sépare du retour ?
L'embrasement de la guerre semble n'épargner aucun coin du territoire.
Que de ruines faites ! que d'années de labeur en perspective pour les réparer !
Tout cela remplit de tristesse et de haine contre ceux à qui nous devons notre malheur.
Ceux qui après une telle expérience, voudraient encore sacrifier la France à une dynastie,
méritent d'être traités en fous ou en criminels.
Il en reste bien de cette sorte cependant dans le Finistère et notre cause républicaine,
si elle a trop, d'adversaires là-bas, n'y aura jamais trop de défenseurs.
Ici, les subsistances (question capitale entre toutes) paraissent assurées pour six semaines au moins,
avec une assez large abondance.
La plupart des restaurants demeurent ouverts,
quoique leurs prix et surtout leurs menus aient subi de singulières transformations.
Le cheval fait le fond de l’alimentation ; le chien et le rat commencent à prendre faveur,
et méritent plus d’estime que nous leur en avions encore accordé.
Quant au bœuf, on ne le voit plus guère qu'à l'état de salaison.
La moindre volaille coûte 20 francs ; un lapin atteint de 25 à 30 ; une oie, 120 à 150.
Malgré cela, l'on a trouvé moyen de faire réveillon au bataillon.
L'important, du reste, c'est que le nécessaire soit assuré, et il l'est.
LOUIS HÉMON
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Samedi 7 janvier 1871
Le Président du Comité de l'ambulance internationale établie à Saint- Georges, nous prie d'insérer la lettre suivante :
Brest, le 6 janvier 1871.
Monsieur le Rédacteur,
Le Comité de secours aux blessés, des armées de terre et de mer, ne sait comment transmettre à ses concitoyens tous ses remerciements pour les témoignages de sympathie accordés à l'œuvre à laquelle
tous ses membres se sont dévoués.
La 1ère ambulance, installée à Saint-Georges, fonctionne depuis le 2 janvier et a déjà reçu 75 malades et 9 blessés.
Il est probable qu'une seconde ambulance devra être ouvert e prochainement et ce Comité compte
sur le concours de tous pour venir en aide à nos soldats, nos mobiles, nos marins.
Le Président du Comité,
Ed. Brousmiche
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Nous avons reçu de Madame veuve Bourbier, de Lannilis, deux médailles en argent pour l'armée de Bretagne
que nous avons fait remettre ce jour à la Mairie.
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Jeudi 12 janvier 1871
Les Francs-Tireurs Bretons et du Midi
Voici lit dans « l'Émancipation de Toulouse » quelques nouvelles de nos braves compatriotes les francs-tireurs du Midi, 1ère et 2e compagnies.
Peu de jours après les combats de Courcelles et lors de la sortie du général Trochu,
ils reçurent l'ordre d'aller occuper avec des francs-tireurs Bretons, la Forêt de Ferrières et de là, de Fontainebleau.
La reprise d'Orléans par les Prussiens arrêta les francs-tireurs dans leur marche, ils durent revenir en se glissant a
u milieu des corps Prussiens, en passant plusieurs fois la nuit tout près de l'ennemi
et rejoignirent à Bellegarde le 18e corps d'armée.
Pendant dix jours, les francs-tireurs du Midi et les francs-tireurs Bretons ont formé l’extrême-arrière-garde
et protégé la retraite de ce corps d'armée ; ils ont brûlé le pont suspendu de Sully-sur-Loire ; fait sauter sous le feu de l'ennemi qui allait nous atteindre le pont de Gien et sont arrivés à Bourge s sans avoir perdu un seul homme, malgré les fatigues et les privations de cette longue marche , et par un froid qui a atteint à Menrichemont, 14 degrés.


Pont de Gien
Après quelques jours de repos à Bourges et lorsque l'armée du général Bourbaki a repris l'offensive,
les compagnies franches Bretonnes et du Midi, ont formé l'extrême avant-garde du 15e corps,
elles sont maintenant à Sallis, en avant de Vierzon, sous la route d'Orléans.
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Un soldat d'artillerie est sorti ce matin de l'hôpital des pupilles où il avait été admis pour congélation,
heureusement superficielle, des pieds.
Cet homme qui marchait littéralement sur les tiges de ses bottes n'a pu obtenir de souliers
sous le prétexte qu'il appartenait à la cavalerie et qu'on n'avait pas de bottes à lui donner.
Il eut donc été forcé de rejoindre son corps les pieds nus si la charité publique ne lui avait fourni des chaussettes,
des chaussons et une paire de sabots.
N'est-il pas profondément triste de voir pareille monstruosité !
Profitons de l'occasion pour faire savoir à M. l'intendant qui ignore, peut-être, ce détail infime,
que les souliers livrés aux hommes sortant de l'hôpital sont non-seulement dépourvus de lacets en cuir,
mais ne sont même pas percés pour en recevoir.
Il en résulte que ce sont des pantoufles et non des souliers que chaussent nos soldats et l'absence de ces cordons indispensables pour fixer solidement la chaussure doit singulièrement en diminuer la durée.
Il serait facile d'y remédier seulement il faudrait le vouloir………Il le voudra donc.
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Samedi 14 janvier 1871
Le Président du Comité international de secours aux blessés de la ville de Brest et de l'arrondissement fait un appel pressant à la charité des dames et des demoiselles, afin qu'elles tricotent le plus vite possible des chaussettes en laine pour les ambulances de la ville et pour donner à nos braves défenseurs, lorsqu'ils partent pour rejoindre leurs corps.
Les chemises font aussi défaut.
Un tronc est placé à la porte de l'ambulance Saint-Georges pour recevoir les offrandes.
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Hier un modeste convoi traversait les rues de notre ville ;
quelques soldats de différents corps et plusieurs dames le suivaient.
C'était celui d'un mobile du Gers, mort loin de sa famille à l'ambulance Saint-Georges.
Le digne curé de Saint-Louis avait informé le Comité de secours que chaque fois qu'un malheureux décès aurait lieu aux ambulances placées dans sa paroisse, la cérémonie funèbre aurait lieu aux frais de l'Église Saint-Louis.
Merci à notre pasteur et à ses vicaires.
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Demain la messe sera dite à l'ambulance Saint-Georges ;
une chapelle a été installée dans une des salles où il était impossible de placer des malades.
M. Mercier, curé de Saint-Louis, a désiré inaugurer cette chapelle en disant la première messe à 8 heures 1/2.
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Mardi 17 janvier 1871
Le train arrivé à Brest dans la nuit de dimanche à lundi,
a apporté dans notre ville des canons, des affûts,
des caissons etc., pris sur l'ennemi.
Ce matériel de guerre ne remplissait pas moins
que dix-huit wagons qui, amenés jusqu'au port militaire,
y ont été déchargés sous les yeux de nos autorités maritimes.

Nous avons dû à l’obligeance de M. le vice-amiral de Reynaud d'être présenté à l'un de ces fameux Krupp
qui ont acquis une si terrible réputation depuis Reischoffen.
Le canon que nous avons visité est en acier déjà bruni par le temps.
Cette pièce se chargeant par la culasse est d'une longueur remarquable, eu égard à la petitesse de son calibre.
Elle est rayée jusqu'à l'excès, et doit porter, nous assure-t-on, à une distance de 6.000 à 8,000 mètres.
Nous avons cru remarquer que les affûts et surtout les caissons prussiens étaient plus légers
et plus commodément disposés que les nôtres.
Nous savons que ce butin va être soumis à un examen immédiat, et que nos autorités espèrent que ,
munis de projectiles qui seront fabriqués spécialement pour eux dans l'arsenal,
les Krupp pourront bientôt être retournés non pas aux Prussiens, mais contre eux.
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Un dépôt de prisonniers de guerre doit être établi très-prochainement à Brest
et le commandement doit en être donné à un capitaine retraité.
Les anciens militaires qui désireraient se poser comme candidats à cet emploi, devront formuler une demande
à laquelle ils devront joindre un relevé de leurs services militaires.
Ces demandes devront être déposées, soit à la Mairie, de la résidence du candidat, soit à la Sous-Préfecture.
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