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Fenêtres sur le passé

1870 Octobre​

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Chronique de guerre dans le Finistère

Source : L’Électeur du Finistère octobre 1870

 

Mardi 4 octobre

 

Ville de Brest,

 

SOUSCRIPTION

 

Pour l’achat de fusils perfectionnés à tirs rapides.

 

Le Conseiller municipal délégué, faisant fonctions de Maire, rappelle à ses concitoyens, qu'une liste de souscription est ouverte à la Mairie, Bureau du Secrétariat, pour contribuer à l'achat des fusils nécessaires à l'armement

des compagnies de Tirailleurs de la Garde nationale.

 

Dans les circonstances graves que nous traversons et au moment où la France a besoin de tous ses enfants,

il est nécessaire que le patriotisme se montre sous toutes les formes.

 

Que tous les habitants de Brest viennent donc contribuer à l’armement de notre Garde nationale

qui mobilisée pourrait recevoir d'un moment à l'autre l’ordre de partir.

 

Évitons-nous donc, par notre empressement à concourir à l’œuvre de la Défense nationale,

la honte de ne pouvoir participer à l'écrasement des hordes ennemies qui souillent le sol de la Patrie

faute d'armes à longue portée, ce qui rendrait la lutte inégale.

 

Souvenons-nous que nous sommes Bretons, continuons les traditions de nos ancêtres

et jurons de contribuer à chasser l’ennemi de France au prix même des plus grands sacrifices.

 

Vive la France !

 

Vive la République !

 

Le Conseiller municipal délégué,

 

LEMONNIER.

 

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Un soldat de l'infanterie de marine nous adresse les lignes suivantes :

 

Au Peuple breton.

 

Nous sommes 500 hommes casernés à Pontanézen, hier soir,

l'ordre est venu de nous faire partir, nos sacs sont prêts,

les hommes aussi, car avant tout nous avons la persuasion

de venger nos compagnons vaincus par la trahison.

 

En partie, nous sommes d'anciens soldats,

c’est-à-dire endurcis à la fatigue,

car la plupart d'entre nous ont fait un long séjour aux colonies.

 

Mais, moi et mes amis, avant de partir, nous faisons un appel

à la Bretagne cette belle contrée si connue par la bravoure

et l'intrépidité de ses enfants, et qui a fourni à notre belle France tant d'hommes illustres ;

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que tout le monde s'arme, que les riches achètent des fusils à leurs frais et qu'ils partagent avec leurs frères malheureux.

 

Eh bien ! si nous succombons, que ce soit du moins avec honneur,

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et si nous triomphons, n'est-ce pas qu'il sera beau ce jour où nous irons retrouver nos mères, nos sœurs et nos amis qui nous recevront avec enthousiasme et délice, car nous les aurons sauvés des outrages de l'étranger.

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Aux armes ! Que ce cri soit entendu de tous les Bretons et des gens de cœur.

 

Quant à moi, adieu ! ou peut-être au revoir.

 

Un engagé volontaire.

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Le conseil municipal de Landerneau a voté une somme de 20,000 fr pour achat d'armes.

 

Cette somme a été couverte immédiatement par un emprunt sans intérêt.

 

Nos sincères félicitations aux habitants de Landerneau.

 

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Beaucoup de familles françaises sont dans la plus vive inquiétude, se trouvant sans nouvelles de leurs parents partis à la guerre.

 

On leur indique le moyen, à peu près certain, de mettre fin à leurs angoisses.

 

Il y a en Belgique, au camp de Beverloo, environ 15,000 prisonniers français, appartenant à presque tous les corps engagés à Sedan.

 

Il suffit d'écrire au commandant belge pour obtenir immédiatement

des renseignements précis à cet égard.

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Jeudi 6 octobre

 

Noms des personnes qui ont souscrit pour l’achat de fusils perfectionnés à tir rapide.

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Souscriptions en argent pour l'achat de fusils perfectionnés à tir rapide.

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Un de nos amis de Paris, nous écrivait à la date du 26 :

 

Les Bretons se sont dignement conduits au combat.

 

Le Parisien incrédule et sceptique admire ces jeunes gens, braves sans forfanterie,

et silencieux dans leur enthousiasme.

 

Nos marins sont étonnants d'adresse, d'énergie, de sang-froid.

 

Chacun les contemple avec respect, comme si l'on devait voir en eux seuls les défenseurs de la grande cité.

 

On s'incline aussi devant les officiers de la marine dont on estime le courage et les connaissances dans la défense

des places au-dessus du courage et de la science des généraux.

 

Ce témoignage rendu à nos Bretons, à nos marins, mérite d’être rendu public…

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Tous les forts de l’arrondissement de Brest vont être,

à l'exemple des forts de Paris, reliés entre eux par des signaux télégraphiques.

 

Déjà on travaille avec la plus grande activité à la confection de mâts

qui devront être placés sur ces forts, ces mâts devant servir à hisser

les flammes et les pavillons qui forment les signaux.

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Notre correspondance de Concarneau, en date du 3 octobre, nous apporte les nouvelles suivantes :

 

Hier enfin, les officiers, sous-officiers et caporaux de la garde nationale sédentaire de Concarneau, élus le 15 septembre dernier,

ont été reconnus devant la compagnie assemblée à cet effet.

 

La position de tous ayant été validée, le capitaine en premier,

M. Prévost, ancien chef d'escadron de gendarmerie maritime en retraite,

a résumé en quelques mots les devoirs qu'imposaient les circonstances

et a exprimé l'espoir que tous apporteraient dans leur accomplissement

le bon vouloir désirable pour le maintien de l'ordre dans la cité

et de la discipline dans le service.

 

Ces paroles simples, mais en lesquelles on sentait percer l'énergie

d'un homme désireux de remplir consciencieusement sa tâche,

ont produit le meilleur effet dans les rangs de la compagnie,

et ont été accueillis par de nombreux vivats.

 

Les exercices auront lieu trois fois par semaine, et commenceront  

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probablement demain par des marches et contremarches, etc., en attendant les armes qui nous font encore défaut.

 

On nous assure que dans les communes avoisinantes, les municipalités ont déjà reçu des fusils.

 

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Trois compagnies d'infanterie de marine, commandées par M. Laurent, ont quitté notre ville de Brest

hier matin par la voie ferrée.

 

Un bataillon du régiment, caserne à Pontanézen, les Mobiles de Châteaulin et de Morlaix, le dépôt du 94e de ligne,

et des Mobiles de Brest forment un effectif très important de troupes disposées pour le départ.

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Le brick prussien Angelo, capitaine Tuggen, allant de Buenos-Aires

à Falmouth avec un chargement de cuir et suif,

est entré sur notre rade le 4 à 10 heures du soir.

 

Ce navire a été capturé le 27 septembre dernier aux environs

du Cap-Lizard, par la corvette française le Bougainville.

 

Ce brick est entré dans le port militaire hier matin.

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Le Conseil de Landivisiau a voté une somme de 12,500 francs pour achat d'armes.

 

Cette somme a été couverte immédiatement par un emprunt sans intérêts.

 

Indépendamment de cette somme, la commune a voté 3,500 fr. pour aider à l'habillement de la sédentaire.

 

Patriotique exemple à suivre par les autres communes.

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Mardi 11 octobre

 

Nous apprenons avec une profonde douleur, la mort du commandant Chédeville,

le fils de l’honorable directeur des constructions navales, que l'on croyait prisonnier en Prusse.

 

Ce jeune officier supérieur avait été nommé capitaine et décoré au Mexique.

 

À Reischoffen, son bataillon, le 1er chasseurs à pied, fut presque détruit et perdit la moitié de ses officiers.

 

Il en prit le commandement sur le champ de bataille, et quoique blessé lui-même, il parvint, par son courage

et son énergie, à ramener les glorieux débris, à peine 300 hommes, jusqu'à Châlons.

 

Le grade de chef de bataillon au 50e régiment de ligne, fut la récompense de a belle conduite.

 

Douze jours après, le 1er septembre, le commandant Chédeville, qui avait devant lui un si brillant avenir,

tombait frappé mortellement à Givonne, à la dernière heure de cette sanglante bataille de quatre jours,

dont le fatal dénouement devait être la catastrophe de Sedan.

 

Les vifs et sympathiques regrets de ses nombreux amis peuvent seuls apporter quelqu'adoucissement

à la douleur de sa famille.

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