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Fenêtres sur le passé

1870 Novembre

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Chronique de guerre dans le Finistère

Source : L’Électeur du Finistère novembre 1870

 

Mardi 1 novembre

 

Le paquebot français le Saint-Laurent, venant de New-York est arrivé à Brest dans la matinée d'hier

après une traversée de onze jours.

 

Entr'autres passagers le Saint-Laurent portait une centaine de volontaires franco-américains.

 

Certains d'entre eux sont armés dans la pensée de pouvoir verser immédiatement leur sang pour la France.

 

Ce navire est entièrement chargé d'armes et de munitions de guerre.

 

Ce paquebot est entré dans le port de commerce pour y débarquer ses armes et ses munitions.

 

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Au moment où le Saint-Laurent entrait en rade et longeait la corvette cuirassée le Montcalm,

l'équipage de ce navire de guerre est monté dans les haubans et a salué de hourras et de cris : Vive la France !

nos généreux compatriotes qui ont fait deux mille lieues pour venir défendre la Mère-Patrie.

 

Source : passion-histoire.net

Le commissaire général STIOT avait publié, il y a une trentaine d’années dans le numéro 83 de la revue Symboles et Traditions une liste de 599 formations de Francs-tireurs créées d’après les décrets des 29 septembre et 11 octobre 1870

portant sur l’organisation de compagnies de gardes nationaux mobilisés, avec des volontaires ne relevant ni de l’armée

ni de la garde nationale mobile ;

article basé sur l’ouvrage de A. Martinière : La Garde Nationale mobilisée pendant la guerre 1870 1871, Paris, 1896.

Les formations suivantes, en provenance des Amériques y étaient répertoriées :

 

ST 428 Francs-tireurs Franco - Américains, capitaine Rampon ;

ST 453 Enfants Perdus d’Amérique (Français), capitaine Laugran ;

ST 519 Enfants Perdus de l’Amérique du Nord, lieutenant Laugran ;

ST 553 Volontaires Franco - Américains (ou Légion Américaine), lieutenant Soula.

 

ST 432 Francs-tireurs Français de Montevideo, capitaine de Fries ;

ST 450 Corps Franc de Rio de Janeiro, capitaine Jammet ;

ST 451 Corps Franc de Buenos Aires, capitaine Pfleger ;

ST 452 Légion Franco - Montévidéenne, lieutenant Collin.

  

Le Service Historique de l’Armée de Terre (SHAT) au château de Vincennes possède une série d’archives référencée :

« LX CORPS FRANCS 1870 1871 » qui recense, (LX 104 à 239), les formations de volontaires classées

selon les départements d’origine.

Les corps francs américains devraient se retrouver dans la sous série « LX 138 Généralités … Corps Francs Étrangers ».

 

J’avais relevé une mention relative à des volontaires venus d’Amérique dans le dossier relatif aux Francs-tireurs de la Loire Inférieure (LX 112 Dr.204) où se trouvait un état nominatif de 48 hommes de la 6ème compagnie du 4ème Bataillon.

Neuf noms - huit Français et un Belge – étaient suivis de la mention : Venu d’Amérique.

 

Aux Archives Municipales de Nantes, le fichier documentaire 4 Z 60 « Francs-tireurs, Guerre de 1870 »

contient une lettre citant :

 

« Une compagnie franche franco-américaine composée de volontaires débarqués à Brest

les 16 octobre et 1er novembre 1870, constituée par décret du 22 octobre 1870 et commandée par M. Louis Haerinch a pris part aux combats du Mans et à la retraite sur Laval ».

 

 Enfin, le Journal Officiel du 17 octobre 1871 a publié le décret daté du 15 accordant la Légion d’Honneur

aux personnes attachées aux ambulances, qui comporte les noms des docteurs : Thomas Evans, Emile et William Brewer et Joseph Karricks-Riggs, respectivement directeur et médecins attachés à l’Ambulance Américaine de Paris.

 

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Avis important.

 

Le Comité de Dames formé à Brest sous la présidence de

Madame Reynaud, pour recueillir et centraliser les dons

en faveur des blessés de notre armée, a expédié à Tours

un premier envoi comprenant : 150 Chemises, 101 Couvertures.

 

Très prochainement, il sera fait un second envoi plus considérable, composé principalement de chemises neuves et de couvertures.

 

Le Comité remercie les personnes charitables qui ont bien voulu contribuer à ces envois ; il fait un nouvel appel aux sentiments d’humanité des habitants de la ville de Brest.

 

Toute offrande quelle qu’en soit l'importance, sera accueillie

avec reconnaissance.

 

Nous rappelons que les dons sont reçus soit

à la Préfecture maritime, soit chez les Dames patronnesses,

dont nous avons publié la liste dans un de nos derniers numéros.

Garde nationale uniforme _01.jpg

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Jeudi 3 novembre

 

AMBULANCES DE L'ARMÉE DE BRETAGNE

 

À Messieurs les Présidents des Comités de secours et des Associations médicales.

 

Je viens, au nom du Général en chef de l'Armée de Bretagne, faire appel au dévouement patriotique

de Messieurs les Présidents des Comités de secours et des Associations médicales.

 

Un camp retranché va être établi à Conlie, où doivent être concentrées dans très peu de jours

toutes les forces vives du pays.

Il s'agit d'organiser, d'improviser les services sanitaires de cette armée.

 

Nous voulons que les blessés bretons soient soignés par des médecins bretons et évacués en Bretagne  

où les ressources considérables ont été mises à notre disposition. 

 

Sept ambulances mobiles, pouvant être fractionnées au besoin, sont instituées pour fonctionner, chacune auprès d'une des brigades de l'armée.

Ces ambulances sont établies sur un type entièrement nouveau, résultat de l'expérience acquise sur les champs de bataille de Gravelotte, Mouzon, Sedan.

 

L'organisation des ambulances, le traitement affecté à chaque grade et l’uniforme sont réglés par l'arrêté du général en chef.

 

Toute demande d'admission ou de renseignements pourra être adressée

à mon bureau, à la Préfecture de Rennes, avec l'indication de son objet :

service médical, personnel ou matériel des ambulances.

Tous les dons en argent et matériel de toute sorte peuvent m'être adressés dès à présent au quartier-général, à Laval.

 

Le Directeur-Général des Ambulances de l'Armée de Bretagne,

 

Comte FOUCHER DE CAREIL.

Louis-Alexandre_Foucher_de_Careil (283 x

Louis-Alexandre Foucher de Careil

1er mars 1826, Paris - 10 janvier 1891, Paris

Écrivain, diplomate

et homme politique français.

Directeur-général des ambulances des légions mobilisées de la Bretagne.

Ensuite, le gouvernement de Thiers

le nomma préfet des Côtes-du-Nord

(23 mars 1871)

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Les différents envois faits par le Comité central de Brest et de l'arrondissement se résument comme suit:

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Chemises, 1,400

Couvertures, 55

Draps, 100

Caleçons, 215

Gilets de flanelle, 200

Gilets en laine 9, en coton, 66

Paires de bas, 368

Mouchoirs, 222

Tabliers d'infirmerie, 16

Bonnets de coton, 175

Ceintures de flanelle, 14

Robe de chambre, 1

Pantalons de drap, 17

Plastrons en ouate 30

Paletot, 1

Paquet d flanelle, 1

Appareils complets pour fractures, 180.

Bandes, compresses, charpie, en poids, 1.600 kilogrammes.

 

Le Comité central, tout en faisant appel à la charité publique, informe avec bonheur ses coopérateurs

qu’il possède en magasin de quoi suffire largement

aux premières demandes de l'armée de Bretagne.

 

Des caissons à pansements garnis sont prêts

et vont être expédiés.

 

Seulement, il faut songer à l'avenir, et le comité recevra toujours avec une profonde reconnaissance

tous les dons qui lui seront envoyés.

 

Les dons en nature ou en argent peuvent toujours être déposés chez M. Lucas-Labastire (*),

secrétaire-gérant du Comité, rue de la Rampe, 53.

 

Signé :

Edmond Brousmiche (*), médecin principal en retraite.

Daniel, Aubry, Anner, docteurs en médecine.

(*) LUCAS Benjamin, Marie, dit Lucas-Labastire

Né en 1823, il habitait, 33, rue Saint-Yves, à Brest (Finistère) ; magasinier au port.

Retraité, il devint agent de la Caisse d’assurances de l’arr. de Brest et de Quimperlé. Lucas est dit aussi tapissier,

sa femme, née Labastire, étant établie marchande tapissière.

Ami des Le Doré, oncle et neveu, Lucas appartint au comité de surveillance et de défense nationale désigné

le 1er octobre 1870 et qui, le lendemain, tenta de s’emparer de la mairie de Brest.

Lucas fut convoqué comme témoin au conseil de guerre des 27-28 octobre 1870.

 

(*) Édouard Jean-Baptiste Jacques Philippe Brousmiche

Brest 30 août 1810- 20 février 1894),

chirurgien de 3ème classe en 1832, chirurgien principal en 1856 , Commandeur de la Légion d'Honneur en 1871, directeur des ambulances de la société de secours aux blessés de Brest en 1870.

 

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Les Comités de secours pour les ambulances militaires font leur devoir avec le plus grand zèle.

 

Brest a déjà organisé de nombreuses souscriptions.

 

Chacun a donné, chacun donne, chacun donnera encore, selon la mesure de ses moyens,

et souvent au-delà même de cette mesure.

 

Pour presque tous, la charité est devenue une loi ; pour plusieurs elle est devenue une passion.

 

L'exaltation du bien s'est emparée des nobles âmes.

 

Les femmes surtout, ces élues de la bonté et du dévouement, se multiplient dans la mission du bienfait

et du sacrifice, soit pour les armées, soit pour les ambulances, elles travaillent toutes ; elles sont infatigables.

 

Pas un salon qui ne soit changé en atelier d'ouvrières ;

pas un atelier d'ouvrières qui ne soit changé en succursale de secours.

 

Plus le danger menace, plus le courage grandit ;

plus la confiance est grande dans le désastre, plus l'accord se rétablit dans la résistance...

 

Au moment où la nouvelle armée de Bretagne prépare ses forces, il est utile, on le sent, d'éviter toute imprévoyance.

 

Il ne faut plus que l'incurie et l'imprudence marchent, comme à Sedan, à côté du désordre et du désespoir,

pour arriver à la défaite.

 

Il ne faut plus que nous soyons vaincus par notre propre impuissance ;

il faut que nous soyons vainqueurs par notre propre volonté : vouloir, c'est pouvoir.

 

Nous voulons, donc nous pourrons.

 

Tout manquait ; il fallait tout avoir.

Habillements, vivres, armes, munitions, secours aux blessés, tout manquait.

 

On aura tout.

 

On vote des emprunts ; on souscrira.

 

On souscrira, parce que c’est l'intérêt de tous de souscrire, parce que c'est le devoir de chacun aussi.

 

Les gardes nationales seront habillées et armées ; les ambulances auront du linge et des soins.

 

Brest donne ce qu'il peut et ce qu'il a, c'est à dire tout son concours

et toute sa foi à la grande œuvre de renouvellement qui se fonde :

la réhabilitation de la Patrie, l'affranchissement du territoire, la revanche, le triomphe.

 

L'armée de Bretagne sera pourvue par la Bretagne.

 

Le directeur général de nos ambulances vient de faire un nouvel appel qu'on entendra,

qu'on entend déjà et auquel on répond :

 

Le comité de secours, présidé par madame Saint Elme Reynaud, est en possession de plusieurs bonnes chances.

 

Après avoir, été richement doté par le conseil municipal, par la cotisation de toutes les dames patronnesses,

par les offrandes partielles des nombreux donataires, il vient  d’enregistrer une nouvelle fortune, un don d’artiste, Auguste Mayer (*), notre éminent peintre en marine.

 

Ce tableau est tout une épopée.

 

C’est une glorieuse victoire remportée sur nos côtes par quelques paysans bretons et une petite armée française.

 

Lisez cela dans l'histoire de Brest de P. Levot.

 

Notre historien raconte remarquablement bien cet émouvant combat, soutenu par quatre batteries

contre une nombreuse escadre :

« 36 vaisseaux de guerre anglais et hollandais, 12 galiotes à bombes, et 80 petits bâtiments portant environ

8,000 hommes de débarquement, vinrent mouiller entre la baie de Bertheaume et celle de Camaret,

sous le feu de quatre batteries françaises.

Ceux des anglais qui avaient réussi à débarquer se disposèrent à se former en bataille. »

 

Mais deux capitaines des compagnies franches de marine, à la tête d’une centaine d'hommes seulement

les rejetèrent à la mer.

 

Cette victoire est une des brillantes pages de notre histoire de Brest.

 

On conçoit qu'elle ait si bien inspiré deux talents de diverses natures : Le peintre et l'historien.

 

Monsieur Auguste Mayer a pris la scène qu'il dépeint avec une admirable exactitude, d'après les croquis historiques et les plans contemporains.

 

Le site, lui-même, a été tracé d’après nature.

 

Cela ajoute à la valeur de ce magnifique tableau, offert par l'artiste au profit des ambulances militaires.

 

Le comité de secours l'a mis en loterie à 1 franc le billet ; il est exposé chez monsieur Raub, place La Tour-d'Auvergne.

 

Les dames patronnesses se chargent de la distribution des billets.

 

(*) Auguste Mayer,

né Étienne François Auguste Mayer le 5 juillet 1805 à Brest et mort le 22 septembre 1890 à Brest,

est un peintre de marine français.

Il s'adonna fort jeune à la peinture de marine, genre qu'il n'a cessé de cultiver depuis, et obtint l'autorisation de faire

sur des navires de l'État des voyages en Orient, en Scandinavie, en Hollande, etc.

Auguste Mayer a exécuté un grand nombre de tableaux, qui témoignent d'une grande habileté de brosse

et montrent un soin scrupuleux à reproduire avec fidélité les scènes navales.

En outre, il compose bien ; mais on a reproché ses toiles de ne pas donner une idée suffisante de ce qu'on pourrait appeler

la poésie de la mer, de négliger pour l'exactitude des détails les effets grandioses et saisissants.

Auguste Mayer a été promu en 1867 officier de la Légion d'honneur.

Il fut professeur de dessin à l'École navale.

Source : peintres-officiels-de-la-marine.com

  

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Dans sa séance du 2 de ce mois, le conseil municipal de Lambézellec a voté un emprunt de 50,000 fr. pour couvrir

la part incombant à cette commune dans la dépense d'organisation et d'entretien de la garde nationale mobilisée.

 

Nous sommes priés d'annoncer que l'émission de cet emprunt aura lieu à l’intérêt de 6% l'an,

que l'on émet des obligations de 50, 100 et 500 fr. remboursables en dix ans, au moyen de tirages annuels.

 

La souscription est ouverte à la mairie de Lambézellec.

  

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Depuis une quinzaine de jours la garde nationale sédentaire ne fait plus aucun exercice.

 

Nous savons, il est vrai, que le mauvais temps a été la cause de l’interruption des exercices,

mais ne serait-il pas opportun de les reprendre au moins deux fois la semaine, les Jeudi et Dimanche, par exemple.

 

Est-ce bien le moment de ne point s'occuper de l’instruction des gardes nationaux, alors que le danger redouble

et que la seconde catégorie, celle des hommes mariés ne tardera peut être pas à être mobilisée.

Nous soumettons ces réflexions et leur opportunité à M. le Maire de Brest et au chef de la légion.

 

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Le bataillon des gardes nationaux mobilisés de Brest a été caserné aujourd'hui à Recouvrance.

 

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Le 3e bataillon de marche des fusiliers de la marine a quitté notre ville aujourd'hui à une heure de l'après-midi,

se rendant par les voies rapides à une destination que nous croyons convenable de ne pas indiquer.

 

Cette troupe remarquable par sa bonne tenue est sous le commandement de M. Du Temple, capitaine de frégate,

et compte parmi ses officiers, l'enseigne de vaisseau A. Duquesne , arrière-petit-fils du glorieux amiral de ce nom.

 

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Samedi 5 novembre

 

Hier a eu lieu, à cinq heures de l'après-midi,

le premier départ des gardes nationaux mobilisés de Brest.

 

Cinq cents de nos concitoyens ont quitté notre ville pour le camp

où ils devront compléter rapidement leur éducation militaire.

 

Depuis trois heures la population brestoise se réunissait en dehors des portes,

et au moment du départ la foule était tellement compacte aux abords de la gare

que la circulation y était devenue presqu'impossible.

 

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Les gardes nationaux partants sont bientôt arrivés, accompagnés de la garde nationale sédentaire sous les armes

et précédés de la musique de la flotte, que M. le préfet maritime avait mise à la disposition de la municipalité.

 

L'émotion des adieux est trop légitime et trop naturelle pour que nous ayons même à l'indiquer ici.

 

Patrie et famille sont deux choses qui se tiennent étroitement liées, mais les exigences de l'une cadrent difficilement avec les affections de l'autre ; et quand la bouche dit :

« Va, le devoir t'appelle », les yeux se mouillent et disent de rester.

 

Grâce à l'activité déployée par nos autorités, nos soldats-citoyens ont pu d'ailleurs partir pourvus

de tout le nécessaire.

 

M. le Maire qui est réellement arrivé à se multiplier dans ces derniers temps leur avait distribué le matin

même les fusils Snider, récemment arrivés à Brest.

 

Des couvertures-sacs, des effets d'équipement, des approvisionnements de toutes sortes étaient déposés avec soin dans les fourgons du train, qu'avec sa ponctualité ordinaire M. le chef de gare tenait tout prêt à l'heure indiquée.

 

À un moment la fanfare a entonné le Chant du départ ;

et nos brave s amis se sont mis en route, plus gais que ceux qu'ils laissaient, emportant avec tous nos vœux

une partie de l'espoir de la France.

 

Un seul conseil :

Que MM. les officiers ordonnent donc désormais à leurs soldats de quitter le sac pour monter en wagon.

 

Cette mesure, commandée par les proportions des portières, épargnera beaucoup de peine aux hommes.

 

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Mardi 8 novembre

 

Notre ville continue à fournir de nombreuses troupes

à la défense nationale :

Hier matin, la Légion étrangère a quitté Brest par la voie rapide.

 

Hier dans la journée sont partis des fusiliers de la marine.

 

Hier soir, nous assistions encore au départ de quelques compagnies de gardes nationaux mobilisés.

 

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Lanildut, le 8 novembre 1870.

 

Monsieur le Rédacteur, la mobilisation va bien.

 

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Je n'en veux pour exemple que les faits suivants auxquels je vous serais reconnaissant de vouloir bien donner

toute la publicité possible.

 

Le dévoué recteur de la paroisse de Lampaul-Plouarzel vient de remettre à M. le Maire de cette commune

une somme de trois cents francs environ comme don patriotique devant servir à l'armement

et à l'équipement des jeunes gens de sa paroisse, et M. le Maire y a ajouté le prix d'une caisse devant conduire

nos braves mobilisés à la destruction des Prussiens maudits.

 

Inutile, Monsieur le Rédacteur, de signaler que de pareils actes méritent la connaissance

de toute la compagnie formée des communes de Lampaul-Plouarzel, Lanildut, Brélès, Larret, et Porspoder.

 

Veuillez, agréer, Monsieur le Rédacteur en chef, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

 

Un mobilisé.

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Jeudi 10 novembre

 

À Landerneau, une quête faite à une messe par des officiers et des sous-officiers de gardes nationaux

a produit 353 fr. dont 53 seront distribués aux pauvres de la localité et les 300 autres employés à acheter

des effets pour ceux des mobiles qui n'ont pas les moyens de se procurer les objets nécessaires

pour entrer en campagne.

 

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Samedi 12 novembre

 

Armement et Ravitaillement.

 

Au moment où l'on s'occupe si activement de l'organisation

de notre armée de Bretagne, toutes les questions qui touchent

à cette organisation ont la plus grave importance.

 

Celles relatives à l'armement et au ravitaillement

sont évidemment en première ligne ;

et, à cet égard, qu'il nous soit permis de soumettre

à l'autorité quelques observations.

 

Une expérience tristement acquise dans la guerre

que nous soutenons contre l'Allemagne confédérée,

nous a démontré la nécessité d'aviser par tous les moyens possibles à nous procurer une artillerie qui puisse, dans la lutte, soutenir nos corps engagés, et lutter contre l'artillerie

si considérable sur laquelle nos ennemis s'appuient

dans les moindres combats qu'ils ont à soutenir contre nous.

 

C'est le moment comme on dit vulgairement

« de faire flèche de tout bois », et dans quelque coin

de nos arsenaux que se trouve caché un canon pouvant rendre service à la défense nationale, il doit être immédiatement

mis en ligne, sans s'occuper de savoir s'il appartient

à l'administration de la guerre ou à celle de la marine,

il appartient avant tout à la patrie, à la défense nationale.

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C'est sous l'empire de ces considérations que nous demandons si l'on a songé à utiliser au profit de la défense

un certain nombre de pièces dites « obusiers de montagne » existant dans nos arsenaux maritimes.

 

Il existe de ces obusiers de montagne dans tous nos bâtiments, grands et petits ;

ils sont destinés à accompagner les compagnies de débarquement.

 

Leur manœuvrement est extrêmement facile, et nous avons pu voir les pupilles de la marine les manier

avec une extrême facilité dans les exercices qu'on leur fait faire dans la cour de leur quartier.

 

Quant aux services que ces pièces peuvent rendre, il suffit de rappeler à cet égard

que leurs preuves ne sont pas à faire, et que l'amiral Rigault de Genouilly les a utilisées avec le plus grand avantage dans les expéditions en Cochinchine.

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Ces pièces peuvent être facilement traînées par quelques hommes ; tous leurs accessoires existent ou doivent exister

dans les arsenaux de la marine, et elles seraient d'une utilité

de premier ordre à notre brave armée en formation.

 

N'est-ce pas le moment de songer à leur donner un emploi

alors que des désarmements s'opèrent, alors que l’on désarme par exemple, les batteries flottantes, les frégates Sémiramis, Clorinde, Pomone, Latouche-Tréville ou autres ?

 

Ces engins de guerre portant facilement à une distance

de 2 à 3,000 mètres pourraient être confiés

soit à nos gardes nationaux mobilisés, soit à nos marins,

soit même aux corps francs, et la facilité avec laquelle

on peut les mouvoir et les transporter, Ies rendrait précieux

dans des luttes comme celles auxquelles se prête si aisément

le territoire de notre Bretagne.

 

Je ne sais si l'on y a songé, mais à défaut j'appelle énergiquement l'attention de l'autorité sur ce sujet.

À côté de cette question touchant, à l'armement,

il en est une autre non moins importante

concernant le ravitaillement.

 

Les subsistances de la marine possèdent en ce moment à Brest, assure-t-on, plus de quatre cent mille kilogrammes de biscuits, et des approvisionnements importants en farines américaines

et en grains.

 

La fabrication du biscuit peut s'élever par jour jusqu'à la quantité de 12.000 kilogrammes soit trois cent soixante mille kilogrammes par mois, sans préjudice de ce que peuvent en outre reverser

dans les magasins nos navires par suite de leur désarmement.

 

Il est bien évident qu'on trouverait dans une pareille situation

la possibilité de concourir, s'il était besoin, au ravitaillement

de notre brave armée de Bretagne.

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Je sais combien, en France, se manifeste administrativement la séparation qui existe entre les départements

de la guerre et de la marine, lorsqu'il s'agit de maintenir leurs droits à l'égard de leur personnel et de leur matériel respectifs, mais lorsqu'il s'agit du salut du pays, cette séparation doit céder la place à un appui commun,

aussi déjà, nos braves marins sont-ils partis en bataillons nombreux, prendre leur glorieux rang dans la lutte

auprès de leurs frères, et c'est à ce même titre que je demande que nos obusiers de montagne soient mis

à la disposition de nos armées et qu e les approvisionnements de la marine soient mis, en payant bien entendu,

à la disposition de l’administration de la guerre.

 

Nous n'avons pas seulement dans nos arsenaux des approvisionnements en biscuits, farine et grains,

nous en possédons en vins, légumes secs et autres denrées.

 

Ne serait-ce pas le cas, alors que l'on désarme nos navires d'utiliser dans la mesure la plus large possible

ces approvisionnements, en les cédant à la guerre au lieu de les garder dans les magasins.

 

Je suis convaincu qu'ils rendraient notamment les plus grands services à notre armée de Bretagne ;

et pour envisager tous les points de vue et particulièrement celui économique qui n'est pas à dédaigner

dans les circonstances, le ravitaillement de l'armée de Bretagne, dans les premiers moments de son organisation surtout, ne s'opérerait-il pas plus économiquement par l'emploi utile des approvisionnements que la marine

pourrait céder à la guerre ?

 

Et cela sans gêner en quoi que ce soit son service ;

au lieu d'obliger une armée en formation d'opérer son ravitaillement dans des conditions

qui ne sauraient être en l'état présent que plus difficiles et plus onéreuses.

 

Ou ferait gagner au ravitaillement de l'armée de Bretagne, un premier bénéfice considérable de temps et d'argent,

et les magasins de nos arsenaux ne garderaient pas des approvisionnements venant y subir les pertes

et les détériorations inséparables, en pareil cas ; bénéfice d'un côté et perte évitée de l'autre,

cela vaut bien qu'on y songe.

 

Nous ne doutons pas que l'administration de la marine dont le patriotisme ne saurait être mis en doute,

ne fasse dans ces circonstances tout ce qu'il est humainement possible, car c'est de l'union de tous les cœurs,

comme de l'entente de tous les services administratifs que doit sortir le salut de la Patrie ;

nos braves enfants n'ont tous qu'un même but, soyons unis dans la mesure de toutes les ressources

que nous possédons pour leur faciliter tous les moyen s d'y parvenir.

 

L'article qui précède était composé et l'on allait procéder au tirage du journal, lorsque nous avons appris que le département de la marine mettait spontanément à la disposition de la guerre 12 à 15 obusiers de campagne

et un approvisionnement assez considérable de biscuit.

 

Nous sommes heureux de publier cette excellente résolution prise enfin par l'autorité maritime de faire concourir efficacement au service de la Patrie les immenses ressources dont elle dispose, au lieu de les laisser inutiles

sous les verrous de ses arsenaux.

 

Nous espérons bien qu'elle ne s'arrêtera pas dans cette bonne voie de cessions patriotiques,

et nous nous réservons de lui indiquer à l'occasion les besoins des autres corps

et spécialement ceux de notre armée de Bretagne.

 

Le Rédacteur en chef – Léon Glandut de Caton

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