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Fenêtres sur le passé
1869
Le jardin potager
Source : L’Électeur du Finistère
Extrait du Bulletin de l’Agriculture
Le jardin potager
Dans une ferme, les légumes ne sont pas seulement d'une grande importance pour les besoins
de la consommation journalière, mais ils sont aussi pour beaucoup dans les revenus du cultivateur soigneux.
C'est dans le potager que croissent les laitues, les choux, les haricots, panais, oignons, navets et carottes de primeur, qui, avec les pommes de terre, entrent pour une grande part dans la nourriture de la ferme.
Il importe donc, non-seulement de fumer abondamment le jardin potager, mais aussi de choisir pour ces cultures un sol et une exposition favorables.
Malheureusement un grand nombre de fermes,
dans notre région du moins, n'ont pas de potager,
soit par paresse du cultivateur, soit par ignorance complète de la manière
de cultiver les légumes :
comme la nécessité d'un jardin se fera de plus en plus sentir
dans chaque ferme, nous ne croyons pas inutile de dire quelques mots
sur le choix à faire du terrain et sur les cultures que ces légumes
si précieux demandent.
Le sol doit être plutôt humide que sec, car cela évite la peine
d'arroser aussi souvent.
Il est vrai que dans notre région la terre, presque partout siliceuse et légère, absorbe la rosée et la moindre pluie, et les averses sont assez fréquentes, sans cela, par des étés secs comme celui de l'année dernière,
on ne pourrait obtenir que des légumes rabougris et sans saveur.
On doit éviter surtout de placer le potager sur un sous-sol pierreux, car évidemment tout y serait grillé
après dix jours de chaleur sans pluie ;
enfin, si le sol est argileux ou tourbeux, on doit l'amender en y ajoutant, selon les cas, des terres légères,
des vidanges de fossés, des cendres ou de la charrée, en dehors du fumier d'étable,
qui ne produit guère que de l'humus.
Un grand nombre de personnes font trop peu d'attention à ces détails élémentaires de la culture, et s'étonnent que,
malgré la quantité de fumier que les jardins reçoivent, ils ne produisent que très-peu.
Un peu d'instruction les ferait sortir de la routine pour les mettre
sur la bonne voie.
Mais ce n'est là qu'un des côtés de la question.
L'exposition du potager est de la plus grande importance.
Si on le place à l'est, au sud ou à l'ouest,
on est sûr d'obtenir des légumes plus succulents, plus volumineux
que si l'exposition du jardin est au nord ou au nord-ouest.
Il est d'ailleurs inutile d'insister sur une question que chacun comprend.
Mais souvent, quand on désire avant tout que le potager
soit près de la maison, on laisse de côté la question de l'exposition
et celle de la nature du sol, pour le placer au nord.
Qu'arrive-t-il ?
Au printemps les graines lèvent tard et mal, les jeunes plants périssent sous l’action des bises sèches et froides
et des gelées nocturnes, et en définitive, on n'obtient que des légumes tardifs et durs.
Beaucoup de ménagères accusent la lune rousse de tous ces méfaits, et Dieu sait si la lune est
pour quelque chose dans la question.
C'est un de ces nombreux préjugés que bien des bonnes femmes conservent avec soin,
et n'échangeraient pas contre les plus saines notions de l'agriculture et de la physique.
Et, sous ce rapport, combien d'hommes qui sont femmes !
Au lieu de placer le jardin à proximité de la cuisine, on devrait toujours, surtout dans les régions où le printemps est froid et la température très-variable, le placer à l'exposition du midi.
Sur le versant des collines ou des montagnes, au lieu de créer des jardins
à forte pente, on devrait toujours les faire à peu près horizontaux
au moyen de murs de soutènement.
Enfin au lieu de les ombrager par des arbres du côté du soleil,
on devrait ne les abriter que du côté du nord ou de l'ouest.
Dans certains potagers, on voit des arbres fruitiers qui,
abandonnés à eux-mêmes, n'ayant vu de leur vie ni scie ni serpette,
ne produisent pas de fruit, mais des branches et de l'ombre en abondance.
Tout autour, la ménagère sème des plates-bandes de haricots à rames,
et çà et là montent les porte-graines, des buissons de fleurs, etc.,
si bien que tout ce fouillis fait à toute heure du jour ombre
sur les carrés de choux, de laitues, de carottes,
et l'on s'étonne de ne pas récolter dans le jardin
pour la valeur du fumier qu'on y a enfoui au printemps !
Il est clair que la faute en est à la ménagère, et à son mari spécialement chargé de la culture des arbres fruitiers.
Faute de soins, de talent et d'instruction, on travaille ainsi en pure perte, et la routine dure indéfiniment.
Malheureusement la plupart de nos jardins de ferme sont privés de jardinier, et ne pourraient fournir constamment
de l'occupation à un ouvrier spécialement chargé de ce soin ;
aussi les cultures nécessaires sont-elles faites dans les moments perdus par les ouvriers ordinaires de l'exploitation,
qui ne savent rien ou très-peu de chose en jardinage ;
la maîtresse de maison, qui les dirige, n'est souvent pas plus avancée qu'eux :
enfin notre pays est tellement déshérité sous le rapport de la culture des légumes, je vois tous les jours
tant de personnes s'en plaindre et gémir de cette privation, tout cela par ignorance, que je me propose de combler cette lacune en donnant quelques conseils tout pratiques aux fermières pour les aider à faire ou à diriger les semis
et plantations de légumes en temps et lieux convenables, à choisir les variétés les plus avantageuses
et les plus rustiques à cultiver dans une ferme.