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Fenêtres sur le passé

1939

Le bon lait

Le bon lait.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 11 janvier 1939

 

Le prix du lait vient de subir une hausse de 0 f r. 20 par litre.

On aurait pu croire qu'en contrepartie les consommateurs allaient désormais avoir l'assurance que le produit qui leur est livré présente toutes les garanties désirables.

Cependant aucune distinction n'a été faite entre les étables productrices.

 

Il serait bon, pourtant, de rappeler à cette occasion que certaine loi du 7 juillet 1933

prévoit la délivrance d'une patente, spéciale aux étables reconnues indemnes de tuberculose.

Elle pose comme condition initiale de l'octroi de la patente, que tous les animaux composant l'étable auront été soumis, sans présenter de réaction, à deux épreuves diagnostiques à la tuberculine pratiquées à deux mois d'intervalle.

Valable pour une année au maximum, la patente ne pourra être renouvelée que lorsque les animaux auront subi

une nouvelle épreuve négative à la tuberculine et que la salubrité de l'étable aura été reconnue satisfaisante.

 

Le troupeau reste en outre sous la surveillance constante du service vétérinaire sanitaire qui assure au moins six visites par an.

Les bovins achetés à l'extérieur doivent être soumis avant leur introduction dans l'étable à un examen clinique et à une tuberculination.

 

Enfin, la patente ne peut être accordée ou maintenue que si l'étable est salubre, propre, bien aérée, que si les animaux sont sains et que la récolte du lait se fait dans les meilleures conditions qu'on puisse exiger de nos éleveurs.

 

Ainsi l'étable patentée présente des garanties, mais les autres ?

On nous a déjà cité des cas concernant des étables situées dans les environs de Brest qui sont édifiants.

Ici, dans un troupeau de 18 vaches, il a fallu en abattre une tuberculeuse.

Là, sur six, on en abattait trois.

Ailleurs, les quatre vaches composant l'étable devaient être sacrifiées pour une même cause.

 

Pourtant, il n'existe actuellement dans tout le département que douze étables patentées.

 

Nous croyons devoir les citer en exemple.

Ce sont celles de :

MM. J. Mailloux, à Kerizac, en Lambézellec ;

Morvan, à Perros, en Saint-Ségal ;

P. Le Bloas, au Restic, en Lambézellec ;

Mme veuve Guével, au Grand Spernot, en Lambézellec ;

Mme veuve Bescond, à Kerverrien, en Saint-Pierre-Quilbignon ;

MM. J. Cloître, à Pont-Cabioche, en Guilers ;

P. Parlier, à Penker, en Châteauneuf-du-Faou ;

F. Morvan, à Keranchoazen, en Lambézellec ;

J.-L. Peden, à Kerinoalec, en Landerneau ;

Ch. Goas, à Kerjean, en Châteaulin ;

J. Luslac, à Penguérec, en Gouesnou ;

J.-M. Jézéquel, à Kerglos, en Bohars.

 

La question est d'une telle gravité que l'État n'a pas hésité à consentir des sacrifices pour lutter contre la routine

qui engendre des pratiques déplorables.

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La pose d'un bouton de patente.jpg

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Tout d'abord il est bon de souligner que la patente se délivre gratuitement.

En ce qui concerne les frais de tuberculination, les laitiers sont certains d'être remboursés de la totalité des frais

de la première épreuve diagnostique.

 

Les frais de désinfection et d'aménagement hygiénique des étables sont remboursés dans une proportion de 30%, avec un maximum de 6.000 francs pour une même exploitation.

 

De son côté, le département a accompli des efforts, tel que l'organisation de concours qui ont amené bien des améliorations dans certaines exploitations.

 

Mais l'on voit trop souvent encore faire lever des vaches accroupies dans le fumier de leur étable,

la mamelle souillée de purin, pour les traire sans le moindre souci de la malpropreté des trayons.

 

Ce n'est certes pas le cas dans l'étable de M. J.M. Jézéquel que nous venons de visiter à Bohars.

Notons tout de suite que sur les douze étables patentées du Finistère,

il en est huit qui se trouvent situées aux abords immédiats de Brest.

 

Ici les murs de l'étable ont été soigneusement passés à la chaux et percés de larges fenêtres

qui laissent pénétrer l'air et la lumière.

Le sol cimenté s'incline vers un ruisseau d'écoulement latéral.

 

À hauteur de la tête des animaux a été fixée une mangeoire qui a révélé à l'exploitant bien des avantages

sur les anciens râteliers.

En arrière de la mangeoire est un couloir d'alimentation qui permet de la garnir aisément avec le minimum de manutention, d'autant que ce couloir s'ouvre directement sur une vaste grange à fourrage.

 

De robustes bêtes sont couchées là sur une épaisse litière de paille fraîche.

M. Jézéquel les fait lever pour les conduire dans la cour où M. Trébaol, vétérinaire,

va leur garnir l'oreille droite d'un bouton qu'il fixe à l'aide d'une pince spéciale.

C'est un bouton plat de métal blanc qui porte avec l'inscription « Patente » un numéro et l'indice minéralogique

du département.

 

Le numéro sera porté en face du signalement de l'animal sur deux registres, l'un tenu à l'exploitation,

l'autre à la direction départementale des services vétérinaires.

 

Et voici l'étable patentée.

 

Espérons que l'exemple sera suivi pour le plus grand bien des enfants, des vieillards,

des malades dont le lait est le principal, sinon l'unique aliment.

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