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Fenêtres sur le passé

1938

La pâtisserie Poirier de Brest va disparaître

Encore un coin du vieux Brest qui va disparaître.jpg

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Source : La Dépêche de Brest 13 novembre 1938

 

Elle eut son heure de célébrité cette pâtisserie Poirier, située à l'angle des rues Jean Jaurès et du Cimetière,

qui va disparaître pour faire place à un grand building de huit étages.

 

Quel est le Brestois de plus de 40 ans qui ne se rappelle, étant gosse, y avoir dégusté, pour deux sous, de délectables pommés chauds ?

 

C'était aussi, dans la grande salle, en prenant l'apéritif après un enterrement, qu'étaient célébrés avec le plus d'éloquence les mérites et les vertus de celui qu'on venait d'accompagner à sa dernière demeure toute proche.

 

À l'époque où les femmes portaient encore des robes et des cheveux longs et qu'elles n'osaient retrousser les premières dans la crainte de laisser apercevoir leur cheville, il était malséant pour le sexe faible de s'attabler dans les cafés, fussent-ils « le Brestois » ou « le Grand Café ».

Les pauvres femmes étaient réduites à prendre l'apéritif dans la grande salle de la pâtisserie Poirier, regorgeant de clients le dimanche.

L'assiette de gâteaux placée sur la table suffisait pour donner satisfaction aux règles de la bienséance et permettre au sexe faible de déguster des liqueurs fortes.

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Patisserie Poirier Brest.jpg

 

Ce fut le 26 juin 1852 que le fondateur de la pâtisserie, M. Gorju, acquit les terrains vagues qui se trouvaient à l'emplacement où l'allée du Cimetière fut percée plus tard.

 

M. Le François avait alors, à l'endroit où s'élève la maison Kerbiriou, un chantier de « Bois du Nord et d'Amérique » et une fonderie existait à la place occupée par le Bazar populaire.

 

La ville de Brest ne s'étendait pas encore au-delà de ses fortifications.

La rue de Paris se trouvait sur le territoire de la commune de Lambézellec.

Son annexion ne date que du 2 mai 1881 et ce ne fut qu'en 1864 que fut érigée la paroisse de Saint-Martin, provisoirement installée dans une maison d'école transformée en chapelle, rue du Bel-Air, devenue rue Danton.

Le projet de construction de l'église actuelle ne fut mis au concours qu'en 1866.

 

Les guinguettes ne manquaient cependant pas en bordure de la rue de Paris.

Beaucoup possédaient leur salle de bal.

On y dansait au son d'un accordéon, d'un violon ou d'un piston :

Polkas, valses, mazurkas et scottishs avec quadrilles et lanciers fort en faveur à cette époque.

 

Ces salles de bal portaient des noms suggestifs.

Il y avait le Prado, le Casino, la Gaité.

Une autre avait pour enseigne « Aux plaisirs de Brest ».

 

Pourquoi M. Gorju, quand il édifia l'immeuble à un étage que le pic des démolisseurs va attaquer,

le baptisa-t-il « la Porcelaine » ?

 

La raison la plus plausible parait être la décoration des murs de la salle, paniers fleuris Louis XVI, peints sur stuc ou autre matière brillante dont le fond blanc ressemblait à de la porcelaine.

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Brest rue Jean Jaures _02.jpg

 

La « Porcelaine » eut beaucoup de succès.

Son propriétaire s'enrichit et acquit les terrains voisins, qui devinrent vraisemblablement Kergorju.

La salle de bal disparue, plus près de nous, la pâtisserie Poirier connut le même succès.

 

Rajeunie, elle renaîtra bientôt dans un vaste immeuble haut de huit étages, doté de tout le confort moderne et dont la construction est confiée — ce qui donne le maximum de garanties — à l'entreprise Richet, de Saint-Brieuc, qui, avec la collaboration du Central immobilier, dont les bureaux, 24, rue Yves Collet, reçoivent chaque jour la visite de nombreux futurs acquéreurs d'appartements, a déjà édifié dans plusieurs quartiers les plus importants immeubles, tous conçus avec le plus grand souci d'hygiène et de confort.

 

Nous aurons l'occasion de reparler de ces buildings imposants, qui transforment l'aspect de notre vieille ville.

Les anciennes bicoques basses lui donnaient certes un aspect pittoresque, mais à ces immeubles inconfortables, aux escaliers sombres, il faut se féliciter de voir succéder des habitations claires, aérées et saines.

 

À ce point de vue, le Central immobilier rend d'excellents services.

Sa formule mérite d'attirer l'attention de tous ceux qui, tout en faisant un placement d'argent avantageux et sûr, veulent s'éviter l'ennui de payer, tous les trois mois, le terme à leur propriétaire.

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