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Fenêtres sur le passé

1938

La Grand'Rue
Morlaix par l'image

 

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Source : La Dépêche de Brest 18 août 1938

 

La Grand' Rue est l'une des voies les plus pittoresques de Morlaix.

Malgré les nombreuses transformations qu'elle a subies, elle conserve encore un cachet moyenâgeux.

 

Elle fut autrefois l'artère principale de la cité ;

elle possédait quantité de boutiques devenues, pour la plupart, aujourd'hui, des magasins.

 

Comme la rue des Nobles (la rue du Mur actuelle, où se trouve la maison dite de la reine Anne),

la Grand' Rue était bordée, aux XVIe et XVIIe siècles, de maisons que leurs dispositions intérieures ont fait surnommer « maisons à lanterne ».

 

Les constructions de ce genre sont, sans doute, à peu près uniques en Bretagne.

 

On lit dans l'histoire de Morlaix, de Daumesnil, continuée par M. A. Allier, une description de ces maisons à lanterne dont les façades à encorbellement, ornées de figurines souvent grotesques, et à pignon pointu, étaient fort curieuses.

 

La maison qui fait l'angle de la Grand' Rue et de la place des Halles porte encore une figure grotesque que le peuple appelait le « Bonhomme Morlaix ».

Beaucoup de maisons, parmi celles qui ont disparu, avaient le même personnage.

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Notre concitoyen, M. Lionel Heuzé a également décrit, d'une manière très claire,

une maison à lanterne portant le n° 9 de la Grand' Rue.

 

Voici ce qu'il a écrit à ce sujet :

« C'est une bâtisse ayant pignon sur rue et pignon sur cour.

Ces pignons sont en pans de bois avec encorbellements du côté de la rue.

Les deux autres côtés de la maison sont des murs mitoyens sans ouvertures.

Le rectangle formé par son plan est divisé en trois parties, parallèlement aux pignons, c'est-à-dire à la rue.

La partie milieu est un peu plus grande que les parties extrêmes.

La première de ces divisions, en partant de la rue, est la boutique, elle est surmontée de trois étages, composés de chambres.

La deuxième division, venant immédiatement après, est appelée la grande salle ou la cuisine à lanterne.

Elle monte du fond jusqu'aux combles, et se trouve éclairée par un lanterneau, d'où vient le nom de « maison à lanterne ».

La troisième division du rez-de-chaussée, appelée « sallon » est à peu près de même importance que la boutique, et se trouve surmontée du même nombre d'étages.

Donc, en résumé, nous sommes en présence d'un édifice composé de deux maisons, séparées par une cour vitrée.

La première de ces maisons prend jour sur la rue, la deuxième sur la cour, et toutes deux prennent des vues secondaires sur la pièce du milieu qui forme cour vitrée.

Un escalier à vis, très richement décoré de boiseries sculptées, situé à l'angle de la pièce vitrée et de la partie donnant sur la rue, dessert toutes les pièces du devant.

 

À chaque palier d'arrivée une sorte de balcon en bois finement mouluré, accoté au mur mitoyen donne accès aux pièces de derrière, correspondantes.

Ces balcons, superposés par étage, forment, ce qui est appelé dans les vieux actes, les ponts d'allée.

Ils sont en réalité des sortes de ponts permettant d'aller des pièces du devant aux pièces du derrière.

Surplombant tous la grande pièce centrale, ils forment une espèce de galerie d'un aspect très original.

Dans le mur mitoyen, faisant face à ces ponts, se trouve, placée au rez-de-chaussée, une énorme cheminée de pierre richement moulurée.

L'aspect d'ensemble de cette pièce, formant en somme un grand hall, est très riche, l'escalier est surmonté d'une statuette très caractéristique de saint Jean des Oiseaux, le limon est orné de pinacles d'un très bon style et les balustrades pleines, décorées de fins ornements, dits serviettes. »

 

Un magnifique escalier à lanterne de la fin du XVe siècle, en boiserie remarquablement sculptée, se trouvait dans la maison portant le n° 22 de la Grand' Rue, mais il a été vendu, il y a plusieurs années et arraché de son cadre original.

On trouve encore, cependant, des escaliers de ce genre dans la Grand' Rue.

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Ce quartier de notre ville n'a plus, bien entendu, l'aspect qu'il avait autrefois.

Le pâté de maisons, formé par le Grand Bazar, les magasins Plisson et Lerouge a remplacé l'ancien auditoire, prison municipale qui fut détruite par un incendie, au cours duquel plusieurs prisonniers trouvèrent la mort.

 

La rue Traverse s'appela, jusque vers l'année 1905, la venelle aux Pâtés.

 

Quant à la rue du Mur, elle était comprise autrefois entre la rue du Pavé (la rue Carnot) et la rue des Vieilles murailles.

La rue des Nobles — aujourd'hui la rue du Mur — continuait l'ancienne rue du Mur, jusqu'à la porte Saint-Yves, située au bas des escaliers du château.

 

« La plus curieuse des maisons de la rue des Nobles, dit Daumesnil, était celle qui portait le n° 19 et qui datait de la fin du XVe siècle. »

On l'appelait la maison du Duc et on la croyait reliée au château par une galerie souterraine.

 

Le trottoir qui domine les halles actuelles était bordé autrefois de maisons.

Une ruelle se trouvait à l'emplacement des escaliers qui descendent de la rue du Mur au marché couvert.

Celui-ci n'eut pas toujours l'importance qu'il a de nos jours.

 

On sait que la collégiale du Mur, dont la remarquable flèche s'écroula le 28 mars 1806, était située au-dessus de l'ancienne rue du Mur.

On peut en voir encore des vestiges dans les immeubles qui ont été construits à cet endroit.

Dans les parages de la venelle au Beurre se trouvait la chapelle Saint-Jacques qui s'écroula en 1712.

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