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1938

Drame à Plourin-Ploudalmézeau

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Source : Le Petit Breton 6 Novembre 1938

BREST, 2 novembre (de notre rédaction).

Un drame de la jalousie s'est déroulé mardi, vers 19 h. 45, au bourg de Plourin-Ploudalmézeau, localité située à environ 7 kilomètres dans le sud-ouest de Ploudalmézeau, et causant une très vive émotion parmi la paisible population.

Le sellier Jean-René Le Her, 45 ans, demeurant dans une ferme, au village de Ker-Gleuchard, à environ un kilomètre du bourg de Plourin, sur la route de Ploudalmézeau, a tué d'un coup de couteau sa femme, née Thépaut, âgée de 35 ans.

Cette dernière, à la suite des nombreuses menaces de mort proférées à son endroit par son mari, et des violences répétées, était allée se réfugier chez ses parents, au bourg de Plourin ;

Le père Thépaut, cantonnier de son métier, habite une petite maison basse ne comportant qu'un rez-de-chaussée.

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C'est là que, ce soir, Le Her, qui était sous l'influence de la boisson car cela lui arrive fréquemment, 

alla rejoindre sa femme.

Il eut une discussion particulièrement violente en présence des époux Thépaut, reprochant à sa femme son inconduite

et la menaçant si elle ne revenait pas auprès de lui.

Comme celle-ci refusait de le suivre, l'ivrogne s'arma d'un couteau et se précipita sur elle.

Le père Thépaut tenta de désarmer son gendre, mais il n'était pas de force à lutter avec Le Her qui le blessa  d'un coup de couteau et frappa aussi sa femme qui s'écroula en sang.

Le coup avait été mortel.

Tandis que les voisins, dont l'attention avait été attirée par les cris, se précipitaient chez les époux Thépaut,

le meurtrier prit la fuite et rentra chez lui où il se barricada.

La gendarmerie de Ploudalmézeau fut aussitôt alertée et le chef de brigade Creff accompagné des gendarmes Le Corre et Gronc, se rendirent sur les lieux.

Ils étaient rejoints dans la soirée par le capitaine Meunier, commandant les brigades de gendarmerie de l'arrondissement ;

l'adjudant-chef Coupa, puis par le Parquet de Brest composé de MM. Daigre, substitut du procureur de la République ;

de Lapeyre, juge d'instruction, et Cocaign.

A l'heure où nous téléphonons ces lignes, nous ignorons encore si les gendarmes ont pu s'assurer de la personne de Le Her, lequel à 22 heures, était barricadé à son domicile.

La victime s'occupait de la ferme des Kergleuchard.

Elle avait trois jeunes enfants, mais ceux-ci avaient dû être confiés à l’Assistance publique.

Quant au meurtrier, il a déjà été condamné plusieurs fois, pour des faits de violence.

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LES INVRAISEMBLABLES EXPLICATIONS DE LE HER

Lorsque MM de Lapeyre, magistrat instructeur et Daigre, substitut du procureur de la République, arrivèrent mardi

dans la nuit au bourg de Plourin, le corps de la victime, Mme Le Her, était encore étendu à l'entrée de la maison de ses parents, à peu près dans la position où il était tombé.

L'agonie avait duré environ un quart d'heure, le cœur ayant été atteint par l'arme du crime.

Le sol était couvert de sang.

Dans un lit, à l'arrière-plan, gémissait M. Thépaut, âgé de 81 ans blessé au thorax et au ventre en voulant

défendre sa fille.

Les magistrats se rendirent au local aimablement mis à leur disposition par M. L'Hénaff, secrétaire de mairie,

où Le Her se trouvait déjà, menottes aux mains, étroitement surveillé par les gendarmes.

Aidés de la population ameutée, les enquêteurs avaient déjà tenté de confondre le meurtrier qui, contre toute évidence et malgré les témoignages, niait tout.

Ils ne réussirent à retrouver, devant la maison Thépaut, qu'un gourdin taché de sang.

C'était avec cette arme improvisée qu'avant d'être blessé à son tour, un voisin, M. Yves Gillet, ouvrier agricole, âgé de 49 ans, avait tenté d'arrêter Le Her.

Celui-ci portait en effet au sommet de la tête une sérieuse ecchymose d'où coulait du sang.

Ses deux mains étaient également couvertes de sang.

Voyant l'inutilité de tous les efforts pour faire sortir la brute de son flegme, le Parquet décida une perquisition immédiate à Kergleuziat.

On eût presque pu suivre le meurtrier à la trace durant le parcours de 800 mètres qui sépare le domicile des Thépaut

de la petite maison à un rez-de-chaussée des Le Her, tant le bourrelier avait perdu de sang.

Le seuil de pierre était tout rouge et des traces pourpres s'étalaient un peu partout dans la maison.

On en trouva sur le sol, sur une table, sur un calendrier et, près d'une petite fenêtre, sur le zinc d'une tablette où se trouvait la fameuse arme du crime, une alêne de bourrelier, longue de 25 centimètres, 

avec un fer de 12 centimètres 08.

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LES AVEUX DU CRIMINEL

M. de Lapeyre fit remarquer à Le Her l'inutilité de ses dénégations devant les marques si évidentes de son crime.

— Moi ? dit-il ; mais je n'ai rien fait.

— Et ce stylet et ces marques de sang ?

— Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il y ait du sang chez moi.

Je tue assez de bêtes dans la campagne comme cela !

Outre son métier de bourrelier, Le Her est en effet assez souvent requis pour saigner un veau ou un porc dans les environs.

Il montra même la peau d'une vache récemment sacrifiée par lui.

Mais la peau n'était pas tachée de sang.

A la fin, M. de Lapeyre fit remarquer au bourrelier ses blessures et en particulier les coupures de ses mains, évidemment faites par les carreaux brisés par lui sur la fenêtre des Thépaut.

Acculé, lassé aussi et peut-être épuisé par sa perte de sang, Le Her quitta son air bravache.

— J'ai fait le c... ! dit-il.

Je vais tout vous avouer.

Oui, c'est moi.

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Il raconta alors toute la genèse du drame.

Le 22 décembre 1936, M. et Mme Le Her avaient comparu ensemble devant le tribunal correctionnel de Brest.

On reprochait à Le Her d'avoir gravement abusé de son autorité vis-à-vis de l'une des deux filles que Mme Le Her avait eu d'un premier mariage avec lui nommé Mazé.

Herveline avait à ce moment plus de 13 ans et l'outrage aux mœurs avait seul été retenu.

Ce qui n'avait pas empêché les deux époux d'être condamnés chacun à deux ans de prison.

Or, le 8 février 1937, la Cour d'appel de Rennes les acquittait, la publicité légale des faits incriminés n'ayant pu être établie.

Le Her en voulait à sa femme de l'avoir dénoncé, après avoir fermé les yeux sur son attitude et s'en être par là même rendu un certain temps complice.

Il avait fallu l'inévitable pour rendre, en effet, à Mme Le Her le sens de ses responsabilités morales.

La rancune de l'époux s'exacerbait lorsqu'il avait bu.

Souvent, la pauvre femme terrorisée, était obligée de fuir le domicile conjugal où la présence des enfants du second lit, qu'on lui avait enlevés, ne la retenait plus.

Depuis quelque temps, ces violences devenaient plus fréquentes.

Le Her disait à sa femme qu'il la tuerait.

A sa rancune d'autrefois, il ajoutait maintenant un ressentiment nouveau.

Il estimait que Mme Le Her écrivait trop souvent à ses deux filles du premier lit, placées à Quimper, et qu'elle leur expédiait trop d'argent.

Une nouvelle discussion s'étant élevée samedi dernier, la malheureuse quitta Kergleuziat et se réfugia  chez ses parents, au bourg de Plourin.

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LE HER NE REGRETTE RIEN ET DEMANDE LA PEINE CAPITALE

« A partir de ce moment j'eus l’idée de la tuer.

A mesure que le temps passait, ma détermination était plus ferme... »

— Je n'ai aucun regret de ce que j'ai fait, ajouta-t-il, en ce qui concerne ma femme ;

parce que, pour le vieux, c'était un bon vieux...

Je demande la guillotine !

En attendant, il réclama une cigarette pour récompense de sa bonne volonté, avant d'être transféré au violon,

puis à Brest.

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Les enquêteurs devaient trouver chez lui, sous une poutre, une corde dans laquelle avait été fait un nœud coulant.

Le Her, son crime accompli, avait-il prémédité également de se pendre ?

Il ne l'a pas dit, du moins jusqu'à présent.

Une autopsie révèle que la victime à reçut quatorze coups d'alène

Vers 16 heures, le Parquet de Brest, composé de MM. de Lapeyre, juge d'instruction ;

Daigre, substitut, et Le Gall, greffier, était arrivé de nouveau à Plourin-Ploudalmézeau.

Les magistrats se rendirent aussitôt à l'hospice pour y interroger M. Thépaut père, dont l'état est jugé grave

par suite des coups reçus et d'une pneumonie qu'il aurait contractée au cours de la nuit du drame.

L'infortuné vieillard ne reçut pas moins de huit coups de l'arme terrible du meurtrier.

M. Gilet, dont l'état n'inspire aucune inquiétude, fut également interrogé à son domicile.

Vers 7 heures, survenait à son tour le docteur Salaün, médecin légiste, lequel commença aussitôt l'autopsie 

de la malheureuse victime dans la grange de M. Lamour où le corps avait été transporté.

L'opération qui dura deux heures révéla que la femme Le Her reçut quatorze coups d'alène dont l'un très profond sectionna l'aorte, occasionnant la mort en moins de cinq minutes et un autre au foie également mortel.

On jugera de la férocité et de la rapidité avec lesquelles l'assassin a frappé ses deux victimes si l'on considère que sa visite dans la maison du crime ne dura pas plus de 2 à 3 minutes.

Le permis, d'inhumer a été délivré.

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A l'issue de l'autopsie, le docteur Salaün a visité les deux blessés MM. Thépaut et Gilet.

Il visitera également, demain sans doute, le meurtrier qui, on le sait, a reçu sur la tête un solide coup de gourdin.

Par ailleurs, M. de Lapeyre, juge d'instruction, interrogera Le Her,

à l'effet de savoir si les traces qu'il porte au cou ont été produites au cours d’une éventuelle tentative de suicide.

Les membres du Parquet ont quitté Plourin à 19 heures pour rentrer à Brest.

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Le Petit Breton 13 Novembre 1938

Après le drame de Plourin-Ploudalmézeau

Mme THEPAUT A PERDU LA RAISON

Nous avons relaté dans tous ses horribles détails le drame navrant survenu le soir du 1er novembre à Plourin-Ploudalmézeau.

Hier on apprenait que Mme Thépaut, âgée de 74 ans, qui avait assisté à l'assassinat de sa fille et à la lutte livrée

par le meurtrier à son mari, âgé lui-même de 83 ans, avait été tellement frappée qu'elle en a perdu la raison.

Quant à l'état de M. Thépaut, qui on le sait, avait reçu huit coups d'alène de bourrelier,

il demeure toujours très grave.

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APRÈS LE DRAME DE PLOURIN PLOUDALMEZEAU

Les scellés ont été levés et une perquisition effectuée Jean-René Le Her, ce sellier-bourrelier de 36 ans, qui,

le soir du novembre, au bourg de Plourin-Ploudalmézeau, tua sa femme de 14 coups d'alène, a fait, mercredi,

une rapide visite à sa maison de Kergleuziat.

Cette visite est vraisemblablement la dernière avant la reconstitution du crime, qui, sauf imprévu, aura leu le mois prochain, lorsque les époux Thépaut, beaux-parents de Le Her, auront retrouvé une santé, pour le moment encore chancelante.

Le Parquet de Brest, composé de MM. Donnart, procureur de la République; de Lapeyre, juge d'instruction,

et Cocaign, greffier, arriva à Kergleuziat peu avant 10 heures.

Devant la maison, dont la porte demeurait close depuis le 2 novembre, MM. Rouquet, greffier de la Justice de paix

de Ploudalmézeau ;

Tonal, juge de paix, et Provostic, notaire, attendaient l'arrivée du Parquet, en compagnie de M. Yves Gourvennec, un voisin, gardien des scellés.

Mais avant d'ouvrir l'huis, M. Provostic fut quérir au bourg de Plourin,les frères Goulven et Jean Le Her.

En leur présence et en celle de l'inculpé, qu'assistait son défenseur, M. Sorgniard, du barreau de Brest, les scellés furent brisés et les magistrats se livrèrent à une perquisition.

Certaines lettres, certains papiers ayant trait notamment à la situation de famille de Le Her — on sait que celui-ci, par un jugement du Tribunal correctionnel de Brest, en date du 22 décembre 1936, avait été déchu de la puissance paternelle — ont été saisis, ainsi que la bicyclette du meurtrier, qui lui servit le soir du crime à regagner sa maison après le meurtre.

Cette perquisition a duré près d'une heure.

Jean-René Le Her a quitté son domicile emportant un paquet d'effets et embrassé sur le seuil de la porte, un de ses enfants.

Ainsi que nous le disons plus haut, la reconstitution du crime aura lieu le mois prochain, l'instruction de l'affaire étant

vraisemblablement terminée pour lors.

 

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Le Petit Breton 12 Février 1939

Le crime de Plourin Ploudalmézeau

M. Thépaut, père de la victime, est mort

M Yves Thépaut, père de Mme Le Her la victime du bourrelier Jean Le Her, est mort samedi matin à l'hospice de Plourin.

C'est là qu'il avait été conduit dans la nuit du 2 au 3 novembre, après la scène de sauvagerie que nous avons rapportée en son temps et au cours de laquelle il avait reçu plusieurs coups de stylet dans la poitrine et dans le côté.

M. Thépaut ne s'était Jamais bien remis de ses blessures et de la bronchite contractée en restant toute une nuit

dans une pièce dont la fenêtre n'avait plus de vitres.

Il avait 81 ans.

M. de Lapeyre, magistrat instructeur, a commis M le docteur Salaün, médecin-légiste, pour procéder lundi, à 9 heures, à l'autopsie du corps du vieillard.

Déjà il a complété la série des inculpations qui pèsent sur le criminel.

A savoir :

homicide volontaire sur la personne de sa femme avec la circonstance aggravante de préméditation ;

homicide volontaire sur la personne de son beau-père et tentative d'homicide sur la personne de M. Yves Gillet,

aujourd'hui parfaitement remis de ses blessures.

Le juge se réserverait de faire examiner Le Her au point de vue mental.

Le Petit Breton 5 Mars 1939

La reconstitution du drame de Plourin-Ploudalmézeau

JEAN-RENE LE HER A NIÉ LES CHARGES ÉTABLISSANT SA PRÉMÉDITATION

Le soir du 1er novembre dernier, un crime atroce se déroulait dans un petit bourg du Léon, presqu'à l'ombre du clocher où résonnaient encore les glas des morts.

Un bourrelier de Kergleuziat, Jean-René Le Her, venu chercher sa femme qui fuyait ses mauvais traitements,

tuait celle-ci de quatorze coups d'une alêne tellement affilée que l'une des plaies ne mesurait pas moins

de 12 centimètres de profondeur.

M. Thépaut, le beau-père de Le Her, en reçut pour sa part sept et abandonné sur un lit pendant plusieurs heures dans une pièce privée de carreaux, succombait trois mois plus tard des suites d'une congestion pulmonaire.

Enfin, un voisin, M. Yves Gilet, qui était venu prêter main-forte aux assiégés, n'est pas lui non plus épargné.

Tel fut le bilan de cette tragique soirée qui jetait la consternation dans le petit bourg.

Le Her, qui fut ensuite emmené au Bouguen, vient d'accomplir un deuxième pèlerinage à son domicile.

Le premier, on le sait a eu lieu le 7 décembre, à l'occasion de la levée des scellés.

CONFRONTATIONS

Jean-René Le Her a tout d'abord été mis en présence de Mme Toby, une voisine de Kergleuziat.

Cette confrontation avait pour but d'établir la préméditation du crime,

comme du reste celles qui devaient suivre.

— Votre femme n'est pas revenue ? demande Mme Toby à Le Her, dans l'après-midi du crime.

— Non, j'ai des outils pour cela, répondit ce dernier.

Mais Le Her oublie cette première accusation.

De Kergleuziat le Parquet se rendit à la ferme de Vignoux qui en est éloignée d'une portée de fusil.

Confronté avec le fermier, M. Pellen, le meurtrier se montra hésitant.

Et pourtant, moins d'un quart d'heure après le drame, le bourrelier déclarait ;

« J'ai tué ma femme.

Et peut-être deux ou trois personnes ».

Hier, il se contentait de dire : « Ce n'est pas ma faute si je ne me rappelle pas ».

— Voyons, poursuivit M. Pellen, tu sais bien que tu me l'as dit, puisque je t'ai répondu ;

« Eh bien ! Allons a Kergleuziat ».

Sur le chemin du bourg de Plourin, le Parquet a fait une troisième halte, récoltant sur son passage la foule des curieux.

Les témoins déjà entendus à l'instruction, Mlle Héliès, débitante de boissons ;

M. Toby, ont répété devant Le Her ce qu'ils savaient touchant le drame.

Ce fut peine perdue, car le meurtrier n'avait pas décidé de reconnaître les charges qui pèsent sur lui

et concourent à établir un système irréfutable de préméditation.

Enfin, vers 16 h 30, le cortège reprit sa marche vers la route de Brêles, entouré en passant dans le bourg,

d'une double haie de curieux.

Une certaine hostilité s'empara de la foule à la vue du meurtrier dont le visage disparaissait

sous une casquette profondément enfoncée.

Devant la maison de ses beaux-parents Le Her écrase quelques pleurs.

Que se passe-t-il dans son cerveau à ce moment où rapidement doit se dérouler le film du drame atroce

dont il est le triste héros ?

Il s'agit bien cette fois d'une reconstitution.

Le Her montre quelque difficulté à vouloir recommencer l'escalade du petit mur et de la fenêtre.

Enfin, après maints pourparlers et l'aide des gendarmes qui se trouvent à l'intérieur de la maison,

le meurtrier se hisse à travers la fenêtre et explique aux magistrats où se trouvaient sa femme et ses beaux-parents et comment il les frappa.

Aussitôt après cette reconstitution du crime, Le Her regagna la voiture cellulaire tandis que magistrats

et gendarmes demeuraient sur les lieux.

A 17 h. 30, toutes les phases de la reconstitution étaient accomplies, le Parquet rentrait à Brest

et Le Her au Bouguin.

Un nouveau pas a été accompli dans l'instruction de ce drame confiée à M. de Lapeyre.

Un nouveau pas vers la salle des assises du Finistère.

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Le Petit Breton 7 Mai 1939

Un criminel qui devait comparaître mardi aux Assises du Finistère se pend à la prison  de Quimper

QUIMPER, 28 avril.

Le 1er novembre dernier un drame horrible se déroulait à Plourin-Ploudalmézeau, petite commune située dans le Nord du Finistère.

Un bourrelier, Jean-René Le Her, âgé de 38 ans domicilié au village de Kergleuziat, tuait sa femme à coups d'alène

en même temps qu'il blessait grièvement son beau-père, M. Thépaut.

Le Her buvait beaucoup.

Il frappait sa femme.

Les scènes de ménage étaient fréquentes.

De temps à autre, Mme Le Her se réfugiait chez ses parents qui habitent non loin du ménage Le Her.

Le 26 octobre dernier, elle quittait une fois de plus le domicile conjugal pour venir chez ses parents.

D'ordinaire Le Her allait chercher sa femme ;

cette fois, il ne se montra pas et Mme Le Her resta chez ses parents.

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LE DRAME

Le 1er novembre, dans l'après-midi, Le Her vient au bourg de Plourin et tandis que la plupart des habitants assistaient aux vêpres des morts, lui, il fait la tournée des débits.

Vers 19 heures, Le Her se présente à la maison de ses beaux-parents.

Il porte sur lui une alêne de bourrelier dont il a l'Intention de se servir.

Il a bu, mais cependant n'a pas perdu le contrôle de ses actes.

La porte des époux Thépaut est fermée à clef.

Le Her frappe et insiste.

Mme Le Her, qui a un pressentiment, retient ses parents qui allaient ouvrir.

Le Her s'en va un instant.

Un voisin, M. Gillet, qui le voit et qui connaît l'homme, lui demande ce qu'il va faire.

Le Her profère alors des menaces à l'égard de sa femme.

M. Gillet vient chez lui, s'arme d'un gourdin et lorsque Le Her revient vers la maison des époux Thépaut, il lui assène plusieurs coups sur la tête.

Mais cela n'empêche pas Le Her de briser trois carreaux de la fenêtre et de bondir dans la pièce où, quelques instants auparavant, les époux Thépaut jouaient tranquillement aux dominos avec leur fille.

Le, bourrelier s'est précipité sur sa femme et lui porte de nombreux coups d'alène (quatorze coups, révélera l'autopsie de la victime) à la poitrine et au ventre.

La malheureuse est tombée sur le plancher, près de la porte, et n'a plus bougé.

M. Thépaut, quoique âgé de 82 ans, s'est porté au secours de sa fille.

Il a reçu lui aussi sept ou huit coups d'alène.

Il devait expirer quelques semaines après.

Quant à Mme Thépaut, âgée de 72 ans, elle perdait la raison dans l'intervalle.

Son crime accompli.

Le Her avait fait preuve d'un cynisme révoltant et demandait la guillotine.

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TENTATIVE D'EVASION

C'est mardi dernier que ce triste individu devait répondre de son double crime devant les jurés du Finistère et, à cet effet il avait été amené, voici une vingtaine de jours, à la prison de Mesgloaguen, à Quimper.

Il s'y trouvait dans une cellule avec onze autres détenus dont Pierre Le Gall (*), 19 ans, de Daoulas.

Le Her savait qu'il risquait sinon la peine capitale, du moins la peine des travaux forcés et il appréhendait beaucoup la journée de mardi.

Ses compagnons de cellule lui avaient, d'ailleurs, laissé plusieurs fois entendre qu'il pourrait être condamné à mort.

C'est alors que Le Her songea à l'évasion.

Il fit part de son idée au jeune Le Gall et tous deux, dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'insu de leurs compagnons de cellule, essayèrent de mettre leur plan à exécution.

Lorsque les autres inculpés se furent endormis, ils tentèrent de percer le mur de leur cellule à l'aide d'une console qui relie le pied du lit au cadre de fer sur lequel repose le sommier.

L'ASSASSIN SE SUICIDE

Jusqu'à minuit les deux nommes s'acharnèrent à leur besogne.

Voyant qu'ils ne réussissaient pas, le jeune Le Gall abandonna la lutte et s'endormit.

Quand il se réveilla, vers 5 heures le lendemain matin, il trouva Le Her pendu.

Telle est du moins la déclaration qu'il a faite à M. Goulard, commissaire de police, qui a interrogé tous les détenus.

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